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314 professeurs appellent à ne plus enseigner que «le masculin l'emporte toujours sur le féminin»

La règle du «masculin l'emporte sur le féminin» est appliquée dans la langue française depuis le XVIIe siècle [FRED TANNEAU / AFP]

Alors que le débat sur l'écriture inclusive fait rage depuis plusieurs semaines, 314 professeurs, enseignants, instituteurs ou maîtres de conférence ont signé une tribune pour lutter contre les stéréotypes de genre dans la grammaire française. 

«Nous déclarons avoir cessé ou nous apprêter à cesser d'enseigner la règle de grammaire résumé par la formule "le masculin l'emporte sur le féminin"» peut-on lire dans leur tribune, publiée sur le site Slate. Les signataires y exposent les raisons qui les poussent à modifier leurs méthodes d'enseignement de la langue française

D'abord, la domination du masculin sur le féminin ne serait en aucun cas gravée dans le marbre de la langue de Molière. Comme le révèlent les enseignants, cette règle n'aurait été invoquée qu'au XVIIe siècle et appliquée massivement lors de la généralisation de l'école primaire. «Auparavant, les accords se faisaient au gré de chacun·e comme c'était le cas en latin et comme c'est encore souvent le cas dans les autres langues romanes», affirment-ils.

Le fondement de cette modification des accords gramaticaux ? Pour les signataires, il s'agit d'une visée politique. Un extrait de l'ouvrage «Grammaire générale» de Nicolas Beauzée, datant de 1767, est notamment cité dans la tribune : «Le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle». 

«Règle de proximité»

Ces enseignants et enseignantes estiment qu'il est contradictoire d'enseigner un féminin subordonné à l'homme dans des lieux de transmission du savoir où l'égalité des sexes est prônée. Selon eux, la règle grammaticale contribue à normaliser dans les représentations des plus jeunes la domination d'un sexe sur l'autre. Ils réclament la mise au ban de l'école de cette norme grammaticale au profit de la «règle de proximité». Il s'agit ici d'accorder l'adjectif avec le genre et le nombre du sujet le plus proche.

Enseignants, pouvoirs publics et citoyens sont ainsi fortement encouragés à ne plus écrire «les hommes et les femmes sont beaux» mais plutôt «les hommes et les femmes sont belles».

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