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L'éternel défi migratoire

Il y a plus d’un an, fin octobre 2016, la «jungle» de Calais était démantelée, et près de 8 000 migrants transférés dans divers centres d’accueil et d’orientation (CAO) installés sur le territoire.[AFP]

La gestion des réfugiés dans le pays apparaît chaque jour plus compliquée. Et les solutions envisagées divisent.

Un casse-tête insoluble ? Des familles dormant dans la rue, des files d’attente sans fin devant les centres d’hébergement, des campements détruits.... Alors que ces scènes se répètent dans plusieurs villes de France, l’exécutif a lancé jeudi une «consultation» autour du futur projet de loi sur l’immigration et l’asile.

Un chantier épineux qui devrait être présenté en Conseil des ministres courant février. Parlementaires, maires et associations étaient reçus à Matignon pour discuter de la nouvelle politique d’accueil préconisée par l’exécutif. Car, à l’heure où le pays – et l’Europe – fait face à une vague ­migratoire sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la situation semble plus que jamais inextricable.

Une problématique globale

Il y a plus d’un an, fin octobre 2016, la «jungle» de Calais était démantelée, et près de 8 000 migrants transférés dans divers centres d’accueil et d’orientation (CAO) installés sur le territoire. Depuis, la question de l’hébergement des réfugiés est loin d’être réglée, comme en témoignent les camps improvisés à même la rue – comme celui de Saint-Denis, depuis décembre. Une situation en partie due au record d’entrées de l’an dernier.

D’après l’Ofpra, le pays a en effet enregistré un peu plus de 100 000 demandes d’asile en 2017, en hausse de 17 % par rapport à l’année précédente. Plus de 30 000 réfugiés avaient été accueillis rien que sur l’année 2016 dans l’Hexagone. Sauf que, face à cet afflux, il n’existe pour l’heure pas suffisamment de places d’héber­gement d’urgence. «Nous sommes face à un échec de notre politique d’intégration», juge ainsi le leader de LREM, Christophe Castaner. Résultat : les centres saturent, les rixes éclatent entre les migrants et les affrontements avec les forces de l’ordre se multiplient. A Paris, mais aussi à Calais, les évacuations par la police ont ainsi donné lieu, au cours des derniers mois, à de très vives tensions.

Un drame humain qui n’a pas manqué d’être dénoncé par une partie de l’opinion publique. A tel point que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, avait fustigé mi-décembre «une défaillance par rapport aux droits fondamentaux». Tout l’enjeu est donc de conjuguer accueil digne et moyens suffisants : «(Il)  faut avoir d’un côté de l'humanisme chaque fois que c'est nécessaire, et du pragmatisme», résume Christophe Castaner. Malgré l’ouverture de centres de «pré-orientation» en Ile-de-France, censés pallier la fermeture de centres d’accueil, le problème persiste.

Une méthode en débat

Face à cette situation, l’Etat entend durcir sa politique migratoire. La future loi prévoit ainsi un traitement plus rapide des demandes d’asile, une reconduite plus systématique à la frontière, ou encore une ­extension de la durée maximale de ­rétention. Autant de leviers qui devraient augmenter le nombre d’expulsions.

Sans surprise, intellectuels et ONG sont vent debout. Ils dénoncent des «mesures coercitives», une «vision inhumaine des migrants», et critiquent une récente circulaire sur le recensement, par les forces de l’ordre, des exilés hébergés dans les centres. Le qualifiant de «tri», plus de vingt associations ont saisi, jeudi, le Conseil d’Etat pour obtenir sa suspension. Le but : «mettre un coup de pression [sur l’Etat]».

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