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Pollution : la Méditerranée déborde de plastique

Dans un rapport diffusé ce vendredi, la WWF s’alarme des 600 000 tonnes de plastiques rejetées chaque année dans la mer Méditerranée. Elle appelle à arrêter de produire des objets de cette matière.

L’organisation explique que les 22 pays du bassin méditerranéen génèrent 24 millions de tonnes de déchets plastiques par an. Sur ce chiffre, 42% sont enfouis, 14% incinérés et seulement 16% recyclés. Selon WWF, les 28% restants sont «gérés de manière inefficace». Ils ne sont pas collectés, sont regroupés dans des décharges non contrôlées ou à ciel ouvert, et ont donc de fortes chances de polluer la terre et les eaux.

C’est ainsi qu’un quart des déchets plastiques de la région sont rejetés dans la nature chaque année, dont 600 000 tonnes se retrouvent dans la mer. «La Méditerranée est à bout de souffle, la situation est critique», s’alarme Ludovic Frère-Escoffier, porte-parole de l’ONG.

Les microplastiques, des poissons à notre organisme

Si la France est plutôt bonne élève dans la collecte des déchets, à l’inverse d’un pays comme l’Egypte où un sachet plastique sur deux se retrouve dans la nature, estime WWF, elle est néanmoins le plus gros producteur de déchets plastiques de la région (4,5 millions de tonnes en 2016, soit 6,6 kilos par personne). L’association indique ainsi que 80 000 tonnes parviennent à passer à travers les mailles du filet, dont 10 000 finissent en Méditerranée.

«Il existe deux types de pollution», décrit Ludovic Frère-Escoffier. «Les microplastiques, issus de nos textiles et qui passent par les tuyaux des machines à laver pour se retrouver, au bout, dans la mer, et les macro déchets, comme les bouteilles en plastiques, qui se transforment avec le temps en toutes petites billes, qui ont la particularité d’absorber toutes sortes de produits chimiques et que les poissons gobent». Avec le risque, à terme, de retrouver les microplastiques dans notre organisme en mangeant ces poissons.

des îles de plastique

La pollution se retrouve ainsi au sein même de notre alimentation. Des chercheurs ont également découvert des fragments de plastique dans les entrailles de mini-crustacés vivant à 11 000 mètres de profondeur, dans une fosse de l’océan Pacifique. En Méditerranée, le plancton est lui aussi affecté, et donc par extension l’ensemble de la chaîne alimentaire, jusqu’aux gros poissons et aux mammifères marins.

Dernièrement, une forme plus visible de cette pollution a été observée au large de la Corse, avec la découverte d’une île de plastique de plusieurs kilomètres. Si cette agglomération de détritus est temporaire, de l’ordre de quelques jours ou semaines selon les spécialistes, elle rappelle néanmoins l’existence du «septième continent». Ces îles de déchets flottent dans les océans Pacifique et Atlantique, et sont grandes comme l’Allemagne, la France et l’Espagne réunis.

une situation urgente

Dans son rapport, la WWF appelle ainsi les gouvernements à soutenir un «accord multilatéral contraignant», ayant pour objectif de stopper les rejets plastiques en Méditerranée d’ici à 2030.

Concrètement, en France, cela reviendrait à introduire de nouvelles interdictions pour réduire la production et la consommation de plastique, favoriser la réutilisation des produits (via un système de consigne, par exemple) et assurer «100% de recyclabilité» de cette matière (en supprimant les additifs et les résines non recyclables).

des premières réactions

Le Parlement européen a commencé à réagir, en entérinant en mars dernier un texte mettant fin à l’utilisation de produits en plastique à usage unique, d’ici à 2021. Ainsi, les bâtonnets de coton-tige, les pailles, les touillettes à café ou la vaisselle pour les pique-niques devront être produits uniquement à partir de matériaux durables. Par ailleurs, l’institution va également mettre en place un système de pollueur-payeur, en faisant financer aux fabricants de gobelets en plastique, de ballons de baudruche, de sacs en plastique léger ou de matériel de pêche le coût des collectes, nettoyages et recyclages de ces produits.

Une voie encouragée par WWF, qui espère voir l’ensemble de la communauté internationale se réunir afin de trouver des solutions pour en finir avec la production des produits plastiques.

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