Certains élus et anonymes crient à la manipulation. Le site internet ouvert jeudi par le gouvernement pour recueillir, durant neuf mois, les signatures en faveur d'un référendum d'initiative partagée contre la privatisation d'Aéroports de Paris a connu quelques bugs dans la matinée.
Le ministère de l'Intérieur, qui a en charge la mise en oeuvre de la procédure de recueil, a lui-même reconnu un «problème de paramétrage» sur un des serveurs hébergeant le site, problème qui aurait «été résolu à 9h».
Sauf qu'en tout début de journée, le député LFI Alexis Corbière racontait sur Twitter avoir dû s'y reprendre à trois fois pour se connecter et signer. «Vous vous moquez vraiment de nous, Christophe Castaner !», a lancé le secrétaire national du PCF Fabien Roussel à l'adresse du ministre de l'Intérieur, chargé de l'organisation de la consultation.
Dites @CCastaner ce n'est pas très Sartup Nation votre site internet. Pensez à rendre votre minitel. https://t.co/1hmlCROBlm
— PCF (@PCF) 13 juin 2019
La «start-up nation» raillée par twitter
«Déni de démocratie», a fustigé de son côté le député LR François Cornut-Gentille dans un tweet. «Impossible» de signer, «le bug est En Marche!», a aussi ironisé le patron de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, en tweetant une photo de la page indiquant que «le service de vérification est actuellement indisponible». «On ne peut pas dire que la Start Up Nation aide beaucoup à la réussite de cette initiative démocratique», a renchéri sur le même ton le porte-parole du PS, Boris Vallaud.
De nombreux internautes me signalent @CCastaner que le site bugge ou inaccessible : auriez vous sous-estimé le nombre de Français favorable à une telle pétition ? Il faut corriger ceci rapidement pour ne pas enlever au peuple ce que le droit lui a donné ! @OserLaFrance #ADP https://t.co/9YNjGHsc76
— Julien Aubert (@JulienAubert84) 13 juin 2019
Sans compter les nombreux anonymes qui se sont fendus d'un tweet pour pointer du doigt les bugs du site ou le flou des étapes pour signer la pétition, alors qu'il ne suffit que d'un clic de souris sur change.org, par exemple.
Le @gouvernementFR devrait avoir honte du site internet POURRI qu’il a pondu pour le référendum d’initiative partagée sur #ADP. C’est un scandale
— Julien Ballaire (@Julien_Ballaire) 13 juin 2019
Le référendum français .. LOL #ReferendumADP #ADP pic.twitter.com/P6u8pSYzwB
— Olivier (@OSiorat) 13 juin 2019
Heureusement qu’on a 9 mois pour signer parce qu’on n’est pas aidés par @Place_Beauvau
1) Aller sur le site https://t.co/wzm4VQlKKh
2) Cliquer sur le titre à rallonge au milieu pour aller là https://t.co/dvu3eXFwjJ
3)Remplir patiemment et espérer que ça fonctionne#ReferendumADP pic.twitter.com/Hb9fWpMp81— Elodie Jauneau (@ElodieJauneau) 13 juin 2019
D'autres, encore, dans un esprit subversif frisant parfois le conspirationnisme, n'hésitent pas à interroger l'intérêt du gouvernement à saboter volontairement la plateforme pour limiter le nombre de votes anti-privatisation. A l'image de Valerio Motta, président d'une société numérique, pour qui ce site est une «honte».
#ADP #RIP Toute l'ergonomie du site semble avoir été conçue pour compliquer la signature et rendre plus difficile le processus
— Valerio Motta (@valeriomotta) 12 juin 2019
J'ai été de ceux qui ont pensé il y a quelques années tout le dispositif des premières primaires en France. Je sais quand une interface ou un dispositif est pensé pour faire participer massivement le public. Ou pas.
— Valerio Motta (@valeriomotta) 12 juin 2019
Outre le problème de serveur désormais corrigé, les autorités ont souligné que des internautes pouvaient aussi rencontrer des difficultés liées aux conditions de recueil sur le site. Il faut en effet dans un premier temps utiliser précisément les noms et prénoms figurant sur la carte d'électeur, car le site vérifie en temps réel l'inscription sur le tout nouveau répertoire électoral unique. L'internaute doit ensuite entrer son numéro de carte national d'identité ou de passeport afin que son identité soit vérifiée. Le ministère se donne ensuite un délai maximum de cinq jours pour valider le soutien qui sera alors rendu public et consultable sur le site.
4,7 millions d'électeurs à convaincre
Pas moins de 248 députés et sénateurs (de LFI à LR, avec le soutien du RN) avaient enclenché début avril la procédure du RIP, introduite dans la Constitution en 2008 mais jamais utilisée. Ils entendent s'opposer à la privatisation controversée du groupe aéroportuaire, inscrite dans la loi pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte), adoptée définitivement par le Parlement le 11 avril.
Pour ce faire, les initiateurs du RIP doivent maintenant recueillir en neuf mois, par voie électronique ou en se rendant dans l'une des 2.000 mairies sélectionnées (les plus peuplées de chaque canton), l'approbation d'au moins 10% du corps électoral, soit plus de 4,7 millions de personnes.
Afin de faciliter leur participation, un compte Twitter «Aide Referendum», partagé par de nombreux internautes, a même listé une série de conseils pratiques pour aider les internautes à aller au bout du processus de contestation.
Quelques conseils pour réussir sa signature au #ReferendumADP :
Pas de virgule entre prénoms, juste 1 espace
Majuscule aux prénoms
Majuscule et tirets à votre ville
C'est le code INSEE et non code postal
Il s'agit de la ville où vs êtes inscrit sur liste electoral— Aide Referendum (@aideReferendum) 13 juin 2019