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Nucléaire : nouveau retard pour l'EPR de Flamanville en raison de soudures à réparer

L'EPR de Flamanville, le 16 novembre 2016 [CHARLY TRIBALLEAU / AFP/Archives] L'EPR de Flamanville, le 16 novembre 2016 [CHARLY TRIBALLEAU / AFP/Archives]

EDF va devoir réparer huit soudures difficilement accessibles de l'EPR de Flamanville (Manche), a décidé l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), occasionnant de nouveaux retards importants pour ce très coûteux chantier.

L'électricien avait demandé début juin s'il était possible «de réparer ces soudures vers 2024, après la mise en service du réacteur», indique l'ASN dans un communiqué publié jeudi matin.

Si cette solution était «techniquement réalisable», reconnaît l'autorité de sûreté, «le report des opérations de réparation après la mise en service du réacteur soulèverait plusieurs difficultés, notamment au regard de la justification de la sûreté du réacteur durant la période transitoire».

«L'ASN considère donc que la réparation des soudures avant la mise en service du réacteur constitue la solution de référence», conclut-elle. Les huit soudures «devront être réparées», insiste le gendarme du nucléaire dans sa décision très attendue mais sans surprise.

Horizon fin 2022

«EDF analyse actuellement les conséquences de cette décision sur le planning et le coût de l'EPR de Flamanville», a réagi aussitôt l'électricien, alors que la durée du chantier a déjà été rallongée dans le passé.

Le chargement du combustible nucléaire est pour l'instant officiellement prévu fin 2019 pour une enveloppe de 10,9 milliards d'euros. Le calendrier et les coûts ont déjà dérapé à de multiples reprises.

Le groupe «fera, dans les prochaines semaines, un point précis sur la suite du projet».

Mais il est déjà certain que ce nouveau problème se traduira par des retards. Dans un courrier, l'ASN révèle même qu'EDF s'était dit «en mesure de réparer ces soudures en vue d'une mise en service d'ici fin 2022».

«Nous allons avoir du retard à cause de la reprise de ces soudures», avait admis mardi le patron d'EDF, Jean-Bernard Lévy, lors d'une conférence. «On est clairement dans la phase de réapprentissage (de construction de réacteurs, NDLR) mais il ne faut pas non plus noircir le tableau».

Il y a un an, EDF avait annoncé des «écarts de qualité» sur des soudures du réacteur nucléaire en construction en Normandie.

EDF avait proposé de laisser huit soudures difficilement accessibles en l'état en prouvant avec des essais qu'elles ne posaient pas de problème de sûreté, et de renforcer les contrôles pendant le fonctionnement du réacteur. Ce qui lui aurait permis d'éviter des travaux complexes, potentiellement longs et coûteux.

Ces soudures sont en effet situées dans la traversée de l'enceinte de confinement, la grosse structure de béton qui doit retenir les éléments radioactifs en cas d'accident.

«Cap maintenu»

«Il appartient à EDF de tirer toutes les conséquences de cette recommandation et rapidement», a réagi la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson, au micro de Radio Classique.

EPR de Flamanville [Laurence SAUBADU / AFP]
 

«Nous avions anticipé des scénarios potentiellement pessimistes et nous maintenons le cap qui est de fermer nos quatre centrales à charbon d'ici la fin du quinquennat» et les deux réacteurs de Fessenheim en 2020, a-t-elle assuré, alors que l'Etat contrôle l'électricien.

Le démarrage de Flamanville est l'un des facteurs - mais pas le seul - qui doit permettre de fermer les centrales à charbon polluantes sans remettre en cause la sécurité d'approvisionnement énergétique de l'ouest de la France.

L'avenir de ce chantier emblématique, aujourd'hui le seul pour un réacteur de nouvelle génération en France, pèsera aussi dans la décision future de construire ou non de nouveaux EPR.

Le gouvernement veut en effet disposer mi-2021 des éléments pour se décider mais a déjà prévenu qu'il ne lancerait dans tous les cas pas de nouveau chantier tant que Flamanville n'aura pas fait ses preuves.

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