Après avoir fait des ravages à Mayotte et à la Réunion, le «tabac chamanique», appelé aussi «drogue du chamane», a fait parler de lui cette semaine dans la Loire, après que plusieurs cas d'usage de cigarettes empoisonnées pour voler des smartphones ont été rapportés.
Les cinq victimes signalées en l'espace de quelques jours ont toutes été prises d'un malaise avant de plonger dans un état comateux. A leur réveil, elles ont réalisé qu'elles avaient été dépouillées. Ces cas ont poussé la police nationale à publier un avertissement sur Twitter.
Dimanche 28 juillet à 23h00 à @VilledeRoanne deux adolescents sont abordés par des jeunes leur proposant des cigarettes visiblement trafiquées. Après perte de connaissance, les victimes étaient "dépouillées"du . Toute précaution à prendre sur ce type de faits, composer le 17. pic.twitter.com/O8n3PAE8SE
— Police Nationale 42 (@PoliceNat42) 30 juillet 2019
Voici ce que l'on sait sur cette substance hautement toxique.
Des ravages dans les département d'Outre-Mer
En France, les premiers cas avaient été signalés dès 2011 dans les département d'Outre-Mer. D'abord à Mayotte, puis plus récemment à la Réunion. L'année dernière, des vidéos, que nous ne publierons pas ici, avaient circulé, montrant des personnes ayant consommé le «tabac chamanique» à demi-inconscientes, certaines les yeux révulsés et la bouche en rictus. Plusieurs cas d'hospitalisations avaient également été signalées.
Une forme de cannabis de synthèse
Apparu pour la première fois aux Etats-Unis il y a une dizaine d'années, ce «tabac chimique» est vendu, notamment sur internet, comme du cannabis de synthèse. Outre-Atlantique, où il est appelé «K2», ou «Spice», il a notamment fait des ravages sur les campus universitaires, où 71 cas d'overdose avaient notamment été recensés en l'espace de deux jours, en août 2018, à l'université de Yale.
En 2012, une étude menée aux Etats-Unis avait estimé que 11% des adolescents américains avaient déja testé le cannabis de synthèse.
En apparence, il ressemble à de l'herbe de cannabis, et se fume la plupart du temps mélangé à du tabac classique.
Des effets psychoactifs puissants
Les molécules présentes dans cette «drogue du chamane» sont, selon les médecins, 20 à 200 fois plus puissantes que le principe actif du cannabis, le THC. Ce qui explique qu'elle peut causer des délires et paranoïas. Parmi les autres symptômes néfastes : malaises, tensions artérielles, problèmes de reins ou de foie, voire accidents cardiaques.
Une drogue très addictive
Le cannabis de synthèse est beaucoup plus addictif que le cannabis classique, la dépendance pouvant s'installer en l'espace de quelques semaines.
A ne pas confondre avec l'ayahuasca
Le nom de «drogue du chamane» a pu entraîner une certaine confusion avec une autre substance psychoactive, l'ayahuasca. Ce breuvage à base de lianes originaires d'Amazonie est utilisée en effet par les chamanes dans le cadre de pratiques rituelles. Extrêmement puissante, elle peut provoquer des visions, que les adeptes qualifient de «voyage intérieur».
De plus en plus populaire en Occident pour ses supposées vertus thérapeutiques, l'ayahuasca est interdite en France, et sa consommation en Amérique du Sud se fait de manière encadrée, en présence d'un chamane.