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La semaine de Philippe Labro : Les visages de la France, un nom pour l'Amérique

Après la mort au Mali de treize militaires de la force Barkhane, seuls les hommages et le recueillement s'imposent. [SIRPA / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 27 NOVEMBRE

C’est donc dans la nuit de lundi à mardi, 19h40 (heure de Paris), que deux hélicoptères, un Cougar et un Tigre, sont entrés en collision au Mali. Treize soldats français y ont perdu la vie. Nous allons assister, dans peu de temps, à l’une de ces cérémonies qui, hélas, semblent ponctuer la vie de la Nation. Ce sera solennel, parfaitement organisé, dans un climat de silence, de recueillement, d’hommages.

Sans doute aussi, le politique va rapidement poser des questions. «Envisager les voies de sortie», peut-on déjà lire. C’est un peu rapide, voire indécent. Pour l’opinion publique, ce sont les visages et les prénoms de ces treize victimes qui comptent, et rien d’autre. Et derrière ces prénoms – Julien, Romain, Valentin, Nicolas, Benjamin et les autres –, il y a bien plus : des épouses, des enfants, du chagrin, des souvenirs de jeunesse, l’engagement de jeunes gens pour «servir la France», et donc «mourir pour la France». C’est d’une infinie tristesse.

Un souhait : que les analystes ou les polémistes observent un semblant de calme, et que, ensuite, une véritable et concrète explication de la présence militaire au Mali soit faite et donnée. Il faut se recueillir, puis réfléchir.

JEUDI 28 NOVEMBRE

Demain, c’est le «Black Friday». J’ai envie de sourire. Derrière ce nouveau terme, se cache, tout simplement, tout bêtement, tout prosaïquement, une journée de soldes ! Ça ne dérangerait personne que l’on dise «24 heures d’offres», ou bien «Jour de promotions», ou encore «Vendredi de lumière» ? C’est toujours mieux que «Vendredi noir»… Mais non, et c’est un américanophile qui vous parle, nous devons, à chaque fois, subir la loi du «pouvoir doux», cette irrésistible force américaine de la formule choc, cette permanente fabrique de mode et de langage.

Restons un peu en Amérique : Michael Bloomberg, le milliardaire, entre en campagne pour, dit-il, faire cesser la destruction du système démocratique américain par Donald Trump. Il y a un peu plus d’un an, à l’occasion d’une cérémonie en hommage au grand romancier Tom Wolfe, à New York, j’avais pu bavarder avec l’ancien maire de New York : – Alors, vous allez faire acte de candidature ? – Impossible, me répond-il. J’ai trop de handicaps : je suis petit (les Américains ne votent jamais pour des gens de petite taille !), je suis riche, je suis vieux, je suis juif. C’était dit avec humour. M’avait-il menti ? Je l’ignore, ils mentent tous beaucoup.

Si Bloomberg a changé d’avis, c’est que les temps ont changé. Trump est remis en question par le Congrès. En face de lui, Joe Biden est de plus en plus fragilisé, Bernie Sanders et Elizabeth Warren passent pour des «socialistes», ce qui, aux Etats-Unis, est mortel. En fait, à ce jour, l’incertitude règne. Nous sommes assez éloignés des primaires chez les démocrates. Des éléments de toutes sortes peuvent modifier le cours d’une campagne électorale, qui va être sale et difficile. Et voici qu’arrive le milliardaire Bloomberg ! Ça ne va rien arranger, mais il y a une évidence : c’est du pain bénit pour les médias américains. La bête audiovisuelle américaine est satisfaite. Ça mouline, ça parle, ça remue, ça suppute et ça cogite. C’est conforme à l’époque.

VENDREDI 29 NOVEMBRE

Dans trois jours, s’ouvrira à Madrid la 25e conférence des Nations unies sur le climat. Selon les experts de l’ONU, les émissions de gaz à effet de serre n’ont jamais été aussi élevées. Partout, les chiffres expriment le même constat, la même évidence : si on continue comme ça, on va au désastre. Il y a un facteur d’espoir toutefois : la crise climatique est devenue la priorité des nouvelles générations. Je ne connais pas un enfant qui, dès l’âge de 7 ans, ne soit pas concerné. Ils savent. Il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % par an jusqu’en 2030. Ils seront alors en âge de voter. L’avenir est à eux. Et ils refusent qu’il soit «black».

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