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Grève contre la réforme des retraites : les citoyens trouvent des solutions alternatives

Chacun s’organise tant bien que mal pour pallier les désagréments.[©AURORE MESENGE / AFP]

Une galère devenue une habitude. Quais de métros bondés, trains supprimés, axes routie­­rs saturés... Cela fait désormais deux semaines que le quotidien des Français est bouleversé par les grèves contre la réforme des retraites. Mais pour éviter que leur vie soit totalement à l’arrêt, un véritable système D s’est mis en place.

Que ce soit pour se rendre au travail, garder les enfants, ou encore préparer les vacances de Noël, chacun s’organise tant bien que mal pour pallier les désagréments et s’adapter à ce nouveau rythme.

Des applications prises d’assaut

Avec un réseau RATP et SNCF quasiment à l’arrêt, la première mission a été de trouver des transports alternatifs. De nombreux Français se sont ainsi rués sur les deux-roues. Selon un décompte de la Mairie de Paris, il y a deux fois plus de vélos et de trottinettes sur les pistes cyclables depuis le début du mouvement. Le réseau Vélib a d’ailleurs battu des records de fréquentation.

En moyenne, 145 000 trajets sont effectués par jour via ce service, avec des pics à 165 000 certaines journées. Soit deux, voire trois fois plus qu'un jour de décembre ordinaire. De son côté, Lime, premier opérateur parisien de trottinettes en libre-service, a annoncé depuis le début de la grève une progression moyenne de 90 % du nombre de trajets quotidiens par rapport à une journée normale. Pour continuer à travailler malgré la paralysie des transports, de nombreux salariés, dont la profession est compatible, ont également fait l’expérience du télétravail pour la première fois, de gré ou de force.

Selon une étude de Qapa.fr, 16 % des entreprises ont mis en place le travail à distance, alors que la pratique ne concerne qu’à peine 1% des salariés en temps normal, d’après l’Insee. Et si certains parents ont profité de cette alternative pour travailler tout en gardant leur enfant à la maison, d’autres ont fait face aux fermetures d’écoles et de crèches en passant par des applications d’entraides comme Ma Share Ecole, qui permet de mettre en relation les parents d’une même classe et école pour se rendre mutuellement service.

Enfin, nombre d’usagers ont opté pour le partage de voiture. Chez BlaBlaLines par exemple, l’application pour les trajets domicile travail, on constate dix fois plus d’inscriptions depuis la grève et des trajets au moins multipliés par quatre. Inquiets à l’idée de ne pas pouvoir rejoindre leurs proches pour Noël, les Français ont également été nombreux à réserver un covoiturage la première semaine des vacances scolaires. BlaBlaCar a enregistré le double de réservations sur l'ensemble du pays par rapport à l'an dernier.

Les usagers accusent le coup

Mais cette nouvelle organisation n’est pas sans conséquences sur le bien-être et la sécurité des Français. A Paris, les accidents de deux-roues, motorisés ou non, ont augmenté de 40 % depuis le 5 décembre. Sans compter « l'angoisse de ne pas arriver à l'heure au travail et l’épuisement psychologique des transports bondés», note Gladys Mondière, coprésidente de la Fédération française des psychologues et de psychologie ( FFPP).

Mais aussi l’inquiétude de ne pas pouvoir faire ses courses de Noël à temps. Un stress, précise l’experte, qui se manifeste aussi bien par «la colère, les incivilités, que par le repli sur soi-même et l’isolement social», notamment pour les salariés contraints «de télétravailler plusieurs jours d’affilés».

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