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Réforme des retraites : où en est-on ?

La question de l'âge pivot cristallise les tensions autour de la réforme portant sur le projet de mise en place d'un système universel de retraites. [Photo d'illustration / THOMAS SAMSON / AFP].

Après un mois de grèves en série, notamment dans les transports, et alors que les négociations sur la réforme des retraites doivent reprendre ce mardi 7 janvier dans l'espoir de trouver enfin une sortie de crise, où en est-on dans la mise en place du nouveau système universel par points ?

Le calendrier s'accélère sur le front social et la pression s'alourdit un peu plus sur les épaules de l'exécutif. 

Mardi, au lendemain du premier conseil des ministres de l'année et au 34e jour consécutif de paralysie dans les transports, le Premier ministre, Edouard Philippe, doit ouvrir, au ministère du Travail, une séance de discussion avec les partenaires sociaux.

L'âge pivot, principal point d'achoppement

Alors que les pourparlers doivent porter sur la pénibilité et l'emploi des seniors, c'est surtout la question de l'âge pivot qui devrait, selon toute vraisemblance, à nouveau cristalliser les débats.

Le 11 décembre dernier, lors de la présentation du projet gouvernemental, Edouard Philippe avait annoncé l'introduction d’un «âge d’équilibre», selon les mots de l'exécutif, à 64 ans (à partir de 2027, ndlr) pour une retraite à taux plein.

Une «ligne rouge» franchie, avait alors fustigé Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, et raison pour laquelle son organisation, pourtant favorable au système universel, a basculé dans le camp des opposants à la réforme des retraites.

De nouvelles concessions attendues

Pour enterrer la hache de guerre, et ramener dans le giron du gouvernement les syndicats dit réformistes, un aménagement de l'âge de départ articulé autour des dispositifs existants sur les départs anticipés et de pénibilité ne sont maintenant pas à exclure.

C'est du moins l'une des pistes avancées par le quotidien économique Les Echos, qui, concrètement, indique que cela garantirait aux assurés concernés une retraite à taux plein à 60 ans. 

Une concession de poids après celles déjà obtenues notamment par EDF et, plus globalement, dans le secteur de l'énergie par l'intégration de primes dans les salaires, l'octroi de points supplémentaires, voire un départ anticipé pour les employés effectuant les tâches les plus pénibles. 

De leur côté, les pilotes, hôtesses et stewards ont déjà obtenu à ce que leur caisse de retraite autonome complémentaire soit conservée, tandis que les policiers et gendarmes continuent de bénéficier d'un départ à la retraite anticipé, comme les surveillants pénitentiaires.

Le gouvernement a enfin aussi promis aux enseignants de revaloriser leurs salaires à partir de 2021 afin d'améliorer leurs pensions.

Autant d'aménagements qui ont suscité des critiques en raison de leur coût supposé, évalué à plusieurs milliards d'euros, ainsi que pour la complexité d'un système qui, au départ, se voulait être «plus simple». 

De fragiles signes d'ouverture de part et d'autre

Quoi qu'il en soit, Edouard Philippe se défend de toute modification majeure, répétant à l'envi «qu'un système universel ce n'est pas un système uniforme».

Dans ce contexte, le gouvernement a d'ailleurs, et pour la première fois, laissé la porte ouverte à une proposition de la CFDT.

Invité dimanche 5 janvier au journal de 20 h de France 2, Laurent Berger a ainsi proposé «d'organiser une conférence de financement des retraites qui, jusqu'à fin juillet, travaillerait à des propositions sur l'équilibre du régime à moyen et long terme».

Une idée accueillie favorablement, ce lundi, par Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie : une telle conférence repoussant de facto à plus tard l'épineuse question de l’âge pivot.

Dans une interview publiée le même jour dans le Parisien, Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, a lui aussi fait part d'une suggestion jugée «intéressante» par le patron de Bercy : rendre la décote prévue avant l’âge pivot de 64 ans temporaire, à l’image de ce qui se fait déjà au sein de l’Agirc-Arrco, l'actuel régime complémentaire du privé.

L'opposition en embuscade et des Français qui commencent à s'impatienter

Trouver rapidement des compromis pour sortir de l'impasse semble donc être une priorité pour le gouvernement.

Cela d'autant plus que les élections municipales, les 15 et 22 mars prochains, approchent à grand pas et que l'opposition de gauche, LFI en tête, entend bien élargir la contestation.

Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, accompagné du député Eric Coquerel et d’Olivier Besancenot, s'est ainsi rendu ce lundi matin à la raffinerie Total de Grandpuits, en Seine-et-Marne, pour soutenir les salariés en grève, au moment même où une amélioration se dessine au niveau du trafic à la RATP et à la SNCF.

Avant la présentation du projet de loi en conseil des ministres, prévue désormais pour le 24 janvier alors qu'elle était initialement prévue le 22, deux nouvelles journées d’action sont déjà prévues, jeudi 9 et samedi 11 janvier, à l’appel de la CFECGC, la CGT, FO, la FSU et Solidaires, pour réclamer le retrait du projet.

De quoi mettre un peu plus à rude épreuve la patience des Français. D'après un sondage Ifop réalisé pour le Journal du dimanche (JDD) et publié le 5 janvier, 44 % d'entre eux soutiennent à présent la grève contre la réforme des retraites, alors qu'ils étaient 51 % à la mi-décembre.

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