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Trois ans après les faits, le procès de la fusillade du lycée de Grasse s'ouvre ce lundi

Killian B. encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle. [Photo d'illustration / JACQUES DEMARTHON / AFP].

Il avait semé la terreur dans un établissement censé être sanctuarisé. Le procès de Killian B, l'adolescent qui avait ouvert le feu en 2017 au lycée Alexis de Tocqueville de Grasse (Alpes-Maritimes), faisant cinq blessés dont le proviseur, s'ouvre ce lundi 2 mars devant les Assises de Nice.

Il pourrait passer de nombreuses années derrière les barreaux pour ce qui s'est passé ce matin-là.

Le 16 mars 2017, Killian alors âgé de 16 ans, escalade le grillage à l'heure du déjeuner et pénètre dans son lycée armé d'un fusil de chasse, d'un revolver et d'un pistolet à grenaille dérobés avec quantité de munitions chez son grand-père.

Il se plaignait d'être «harcelé»

Interpellé après 35 minutes de terreur dans l'établissement où l'on a d'abord cru à un attentat, il avait spontanément expliqué avoir voulu se venger d'une dizaine de camarades de classe qu'il accusait de le harceler.

Le jeune garçon avait même donné aux enquêteurs la liste des élèves concernés précisant pourquoi il avait voulu les tuer. Par la suite, il affirmera toutefois avoir seulement voulu «les effrayer».

Grâce au comportement héroïque d'Hervé Pizzinat, le proviseur du lycée, les tirs n'ont pas fait de mort, uniquement des blessés légers. L'homme a d'ailleurs été fait chevalier de la Légion d'Honneur.

Ce lundi, Killian doit comparaître avec un ami, Lucas, à l'époque déscolarisé. Alors qu'il encourt jusqu'à vingt ans de réclusion, accusé de «tentative d'assassinat», son ami, lui, doit répondre de l'accusation de «complicité» pour l'avoir aidé à récupérer les armes et déposé en scooter près du lycée.

Le premier procès en France pour une fusillade dans un lycée

Dans ce procès censé durer au moins trois semaines, le premier pour une fusillade commise en France en milieu scolaire, la famille de Killian a fait appel à l'avocat Eric Dupond-Moretti pour le défendre. Son client étant mineur à l'époque des faits, le huis clos pourrait être requis à l'audience.

Killian, qui a demandé pardon dans une lettre au juge d'instruction en octobre 2018, est toujours en détention provisoire et seul Lucas a été libéré début 2019 sous contrôle judiciaire.

La personnalité de l'adolescent, fils d'un élu municipal de droite, élève moyen, introverti mais bien élevé selon ses professeurs, fasciné par le «satanisme», selon certains de ses camarades, devrait par ailleurs être au coeur des débats.

Fasciné par les armes et le «Satanisme»

Killian entretenait en effet une fascination pour les armes, les images morbides et certains de ses amis avaient eu un mauvais pressentiment sans croire qu'il passerait à l'acte.

«C'est un procès hors norme car les faits, qui ne s'étaient jamais produits en France, sont similaires à ce qui s'était passé aux Etats-Unis à Columbine», résume pour sa part Aurélie Huertas, avocate de deux lycéens, Alexandre et Akram, blessés par Kylian.

Au lycée Columbine, dans une petite ville du Colorado, deux jeunes armés avaient ainsi tué 12 élèves et un professeur le 16 mai 1999, avant de se suicider. Killian était incollable sur cette tuerie, téléchargeant tout ce qui la concernait depuis au moins 2014.

Les victimes de Killian, quant à elles, sont toujours durablement ébranlées. «Touchés par des balles de plomb, dont l'un au visage», explique leur avocate, l'un des deux ex-lycéens a finalement renoncé à assister au procès.

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