Apparu après les Césars, qui ont notamment récompensé le cinéaste Roman Polanski, visé par plusieurs accusations de viol, le hashtag #JeSuisVictime, qui a réuni les témoignages de femmes ayant subi des violences sexuelles, est devenu aussi viral que #Balancetonporc, selon un décompte transmis jeudi à l'AFP.
Selon le décompte réalisé par l'outil de veille des médias sociaux Visibrain, publié jeudi 5 mars, 204.286 messages ont été publiés sous ce mot-clé sur les réseaux sociaux en six jours.
Au total, 84 122 utilisateurs se sont exprimés sur le sujet, dont 67% de femmes et 33% d'hommes.
Trois ans plus tôt, le hashtag #Balancetonporc avait généré un nombre comparable de tweets, avec 207 588 messages pendant le même laps de temps, d'après Visibrain.
Le premier message avec #JeSuisVictime est apparu dès le lendemain de la cérémonie des Césars, qui s'est tenue le 28 février à Paris : «Une de plus. Une de plus dont (on) a détruit l'enfance, sa vie (...)». Ce premier message a ensuite déclenché une vague de témoignages sur des abus sexuels.
[TW pédophilie]
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.#JeSuisVictime
Une de plus. Une de plus dont a détruit l'enfance, sa vie. Une victime parmi des millions d'autres. Un pédophile parmi tant d'autre encore.
La société ne les punie pas. Elle les protège. Elle les récompense même. Vous mettez nos vies en danger.— #JeSuisVictime (@Hoe_No_) February 29, 2020
En 2017 en France, la parole de milliers de femmes dénonçant harcèlement ou agressions sexuelles s'était libérée avec le hashtag #Balancetonporc, rapidement devenu viral, dans le sillage de la vague #MeToo lancé aux Etats-Unis par l'actrice Alyssa Milano.
Prix de la meilleure réalisation avec son film J'accuse, également récompensé des Césars des meilleurs costumes et de la meilleure adaptation, le réalisateur franco-polonais Roman Polanski, qui a boycotté la cérémonie, est toujours poursuivi par la justice aux Etats-Unis.
A l'annonce de ces récompenses, l'actrice Adèle Haenel, qui incarne un nouvel élan de #MeToo en France depuis qu'elle a accusé en novembre le réalisateur Christophe Ruggia d'«attouchements répétés» quand elle était adolescente, a quitté la cérémonie, en dénonçant une «honte».
Lire le #JeSuisVictime et se demander si il existe encore une femme sur terre qui n’a jamais subi de violences ou d’injures sexuelles. C’est effrayant de se dire que nous avons chacune une histoire à raconter sur un sujet aussi grave
— swannou (@swannmnt) March 1, 2020
#JeSuisVictime vous montre ce que vous refusez de voir : que nous sommes nombreuses, unies et que les agresseurs sont nos frères, nos pères, nos amis, nos amants, nos petits-amis, vous.
Nos violeurs, nos agresseurs ne sont pas les inconnus que vous voudriez qu'ils soient.— Nina BONHOMME (@nina_bonhmme) March 1, 2020
qd j'ai porté plainte pour viol, la procédure qui a suivi a été plus pénible que le viol en lui-même. car pendant des mois, c'est moi, victime, qu'on a essayé de faire passer pour la coupable. il est temps que la honte change de camp. on ne se taira plus. jamais.#JeSuisVictime
— #LaHonte (@LauraMontoux) February 29, 2020
La romancière Virginie Despentes a signé lundi 3 mars, dans Libération, une tribune pour dénoncer les récompenses remises à Roman Polanski et saluer le geste d'Adèle Haenel.
D'autres comme Fanny Ardant ou Isabelle Huppert, ont à l'inverse critiqué la virulence qui s'est exprimée à l'égard de Roman Polanski, affirmant que «le lynchage est une forme de pornographie».