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En pleine crise du coronavirus, certains secteurs recrutent

Si le chômage partiel concerne aujourd'hui près d'un salarié du secteur privé sur deux -10,2 millions de personnes-, certains secteurs poursuivent leur recrutement[PASCAL GUYOT / AFP]

Santé, chaîne alimentaire, transports ou encore informatique: la crise du coronavirus a fait émerger des besoins de recrutement dans certains secteurs d'activité malgré un recul «historique» des embauches depuis le début du confinement et une activité économique affaiblie.

Les déclarations d'embauches en CDI ou CDD de plus d'un mois ont plongé de 22,6% en mars, à environ 6,1 millions, soit une «baisse mensuelle historique», selon les chiffres publiés cette semaine par l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss).

Effet conjugué de la crise sanitaire et de son corollaire, le confinement, la réduction du nombre d'embauches atteint même le demi-million (environ 531.000) en incluant les CDD courts. Mais, si le chômage partiel concerne aujourd'hui près d'un salarié du secteur privé sur deux -10,2 millions de personnes-, certains secteurs poursuivent leur recrutement.

Sur un panel d'une quinzaine de sites, le nombre d'offres publiées du 10 au 16 avril «remonte à 80% du niveau pré-confinement» quand il n'atteignait que 60% au cours des trois dernières semaines, d'après la synthèse hebdomadaire de la Dares (service de statistiques du ministère du Travail). Un redressement «fortement tiré par le domaine médical».

«Les secteurs qui manifestent le plus de besoins de recrutement en ce moment sont logiquement ceux en première ligne face à la crise sanitaire: le domaine de la santé, l'action sociale et l'aide à la personne», explique à l'AFP la directrice des services aux entreprises de Pôle emploi.

«Puis, en deuxième ligne, il y a ceux qui contribuent à la chaîne alimentaire, comme le commerce alimentaire, l'industrie agroalimentaire et l'agriculture», poursuit Catherine Poux.

Sur la plateforme mobilisationemploi.gouv.fr, mise en place début avril par Pôle emploi et qui compile les offres dans les secteurs «essentiels» - santé, agroalimentaire, transports, logistique, aide à domicile ou télécommunications -, plus de 13.000 offres d'emploi étaient disponibles vendredi.

Du 2 au 17 avril, la plateforme a permis près de 3.500 recrutements sur 5.000 offres clôturées, avec un «équilibre relatif» entre les CDD et contrats saisonniers d'un côté, et les CDI de l'autre, a indiqué Pôle emploi à l'AFP. 

«On remarque une forte demande de personnels soignants dans les Ehpad et hôpitaux mais aussi et surtout de psychologues», souligne le responsable entreprise de Pôle emploi à Guingamp (Côtes d'Armor), Bertrand Quemard. 

«On voit également que les entreprises dans le bâtiment commencent progressivement à reposer des offres d'emploi pour préparer l'après-crise sanitaire», ajoute-t-il, la construction étant avec le commerce et la restauration, l'un des trois secteurs les plus touchés par le chômage partiel. 

«Moins dépendre des sous-traitants»

L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) faisait état ces derniers jours d'une baisse globale de 40% du nombre des offres d'emploi de cadres en un mois. De son côté, le ministère du Travail note qu'il est revenu à 68% de son niveau d'avant crise, grâce notamment à l'informatique.

«Toutes les strates internet sont sollicitées en ce moment avec le télétravail. Il y a une demande accrue pendant la crise. La nécessité de continuité pour les data-centers n'existe pas qu'en période de crise mais correspond plus globalement aux besoins de transformation de la société», note Yann Lechelle, PDG de Scaleway.

Cette filiale du groupe Iliad, spécialisée dans le cloud (serveurs informatiques), poursuit les recrutements en période de confinement avec plus de 60 postes ouverts principalement en CDI et une dizaine en plus déjà pourvus. Une majorité concerne les métiers d'informaticiens et de développeurs, «traditionnellement plus orientés cadres».

Pour Coralie Rachet, directrice-générale du cabinet de recrutement Robert Walters, «il y a une prise de conscience des entreprises qui veulent moins dépendre de sous-traitants. Elles renforcent donc leur recrutement (en CDI) sur des fonctions hautement stratégiques».

Parmi elles, figurent le juridique, «indicateur d'un certain niveau d'incertitude avec le droit social, le contentieux et l'arbitrage», et la finance, «outil de pilotage clé pendant la crise avec les sujets de trésorerie». La data et la cybersécurité complètent la liste.

Depuis la semaine dernière, le cabinet, spécialisé dans l'emploi des cadres, a constaté 20% de nouveaux postes ouverts. C'est également 30% de missions en plus pour les cadres dirigeants, la crise ayant pu faire apparaître des failles dans la gouvernance de certaines entreprises.

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