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Plus de 8 Français sur 10 favorables à un développement massif du télétravail

[© BARBARA GINDL / APA / AFP]

Le confinement général aura un impact profond sur le rapport que les salariés et les employeurs français entretiennent avec leur travail. Et le télétravail devrait perdurer bien au-delà de la sortie de la crise liée à la pandémie. Reste que, dans l'immédiat, le retour au bureau ne s'annonce pas simple.

Un nouveau sondage Ifop mené pour BNP Paribas Real Estate, et que CNEWS vous dévoile en avant-première ce jeudi 7 mai, souligne que «huit Français sur dix (83 %) sont favorables au développement massif du travail à distance». Une préférence qui n'effraie pas les employeurs puisque 75 % d'entre eux envisagent d'accompagner le mouvement en «jugeant vraisemblable ce développement massif».

Pourtant, un tel plébiscite n'était pas vraiment prévisible avant le confinement, estime-t-on chez BNP Paribas Real Estate qui converse notamment avec les grandes entreprises du CAC 40. «On savait la France très en retard sur la question par rapport à ses voisins de l'Europe du nord notamment. Seulement 15 % des salariés du tertiaire dans l'Hexagone étaient concernés par des mesures de télétravail avant la pandémie et le confinement a fait passer cette proportion à 50 %. A l'issue de ces huit semaines à distance, les grandes entreprises dressent désormais un bilan positif du télétravail et envisagent, pour certaines, de faire passer les salariés d'une à deux journées par semaine de télétravail dans les prochains mois. On observe également que certains métiers, qui n'étaient jusqu'à présent pas concernés par le télétravail avant le confinement, s'y sont très bien adaptés et devraient poursuivre en ce sens sitôt le déconfinement entamé», analyse Sylvain Hasse, head of corporate services de BNP Paribas Real Estate.

56 % des télétravailleurs estiment mieux travailler chez eux

Ainsi, l'étude Ifop souligne que les Français sont «56% à estimer mieux travailler en étant à distance, tandis que 34 % jugent travailler moins bien» durant ce confinement qui ajoute aussi des conditions de travail particulière au sein du foyer (enfants présents, liberté restreinte...). Un chiffre à mettre également en corrélation avec le ressenti du bien être en temps de confinement qui n'est pas le même selon les catégories sociales. Ainsi, 88 % des hauts revenus déclarent avoir bien vécu cette période, contre 53 % pour les plus pauvres.

Une vie de bureau réinventée ?

Et si à l'avenir, le télétravail devait s'ancrer durablement dans la vie des entreprises, de nouvelles manières d'occuper les locaux seront à inventer. «La question n'est pas de savoir combien de mètres carré y aura-t-il en moins, mais plutôt de savoir quel type de mètre carré une entreprise aura-t-elle besoin à l'avenir ?», explique Sylvain Hasse qui prédit le développement des espaces collaboratifs entre les salariés. «Et la technologie ne remplacera pas la performance collective», renchérit son collègue Csongor Csukás, président du Property Management chez BNP Paribas Real Estate. Alors que certains économistes et urbanistes prédisent la fin des quartiers d'affaires tels qu'on les connait, les experts de BNP Paribas Real Estate rappellent que La Défense, près de Paris, avait déjà entamé sa mue quelques mois avant la pandémie, afin de devenir un quartier de vie et s'humaniser.

L'étude ajoute que «65 % des sondés considèrent que, n’étant plus contraints de travailler au sein des locaux de leur entreprise, les salariés pourront vivre où ils le souhaitent. 56 % sont même convaincus qu’il n’y aura plus de lieu de travail désigné, et que chacun pourra travailler d’où bon lui semble». Une réflexion qui pourrait à long terme accélérer la décentralisation sur le territoire français. Pour Sylvain Hasse, cela «ne redessinera pas les quartiers d'affaires déjà bien installés. Toutefois, le travail à distance pourrait redessiner les villes moyennes, proches des agglomérations plus importantes, et pourrait les rendre plus attractives».

Des dangers toujours présents

Reste que le travail à distance n'est pas la solution à tout et de nombreux doutes subsistent quant à son impact sur le rapport que les salariés entretiendront avec leur métier. Les dangers sont d'ailleurs déjà connus : perte de repères, de motivation, mais aussi de rapports sociaux, même informels (la discussion devant la machine à café...). «Il reste également illusoire de croire que 100 % des métiers pourront être concernés par le télétravail», rappelle Sylvain Hasse.

La crainte du retour au travail

Et si l'étude menée par l'Ifop s'interroge sur notre avenir, elle revient de manière plus pragmatique sur l'actualité et au déconfinement attendu pour le 11 mai. On y apprend ainsi que si 38 % des Français désirent revenir sur leur lieu de travail dès lundi, ils sont 30 % à vouloir rester chez eux en télétravail complet et 32 % sont prêts à revenir seulement quelques jours par semaine. Toutefois, 61 % expriment leur crainte liée au coronavirus (une proportion qui monte à 73 % en région parisienne). Un français sur deux (49 %) craint d'attraper le coronavirus dans son entreprise et un quart (24 %) dans les transports en commun, indique le sondage. «La flexibilité sera la clé pour les entreprises, avec notamment des horaires qui devront être adaptés, voire étalés plus largement dans la journée afin de permettre d'accueillir les salariés en dehors des heures de pointes et ainsi mieux réduire leur stress tout en gérant mieux les affluences», prédit Csongor Csukás. En outre, si certaines entreprises ont pris leur disposition en matière d'hygiène, beaucoup de ne reprendront pas leur activité normale avant septembre.

Une chose reste certaine, la pandémie de 2020 aura marqué durablement le marché du travail. «C'est une première, un saut dans l'inconnu», résume Sylvain Hasse. «La pandémie nous a fait prendre conscience que l'environnement a un impact sur nous, mais que nous avons aussi un impact sur l'environnement», conclut Csongor Csukás.

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