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Coronavirus : peut-on échapper à une deuxième vague ?

Pour certains spécialistes, un relâchement brutal des comportements rendrait une deuxième vague inévitable. Mais pour d'autres, l'épidémie de coronavirus est déjà derrière nous. [Photo d'illustration / THOMAS COEX / AFP].

C'est une petite musique porteuse d'un grand espoir qui se fait de plus en plus insistante. S'appuyant sur des indicateurs qui restent encourageants malgré le déconfinement, plusieurs spécialistes affirment que l'épidémie de coronavirus est terminée, écartant le risque d'une «deuxième vague» en France.

Face à ces voix minoritaires, les autorités, mais également d'autres médecins, appellent néanmoins à la prudence et ont, pour cela, également des arguments à faire valoir.

Entre tendances factuelles, théories tirées d'observations et situations dans d'autres pays du monde, CNEWS fait le point.

Une décrue indéniable...

C'est un fait. La décrue de l'épidémie de SARS-CoV-2 est incontestable en France. 

Les indicateurs, s'ils ne sont pas encore au vert, semblent bel et bien passer à l'orange pour s'en rapprocher : les nouveaux cas quotidiens, les admissions à l'hôpital et en réanimation, et même les décès sont tous en baisse.

Dans l'attente de données sur la mortalité qui doivent être actualisées ce lundi 25 mai, en raison du pont de l'Ascension, on recensait, entre le jeudi 21 et le vendredi 22 mai, 74 morts de la Covid-19 dans les hôpitaux du pays, contre plus de 600 en moyenne tous les jours au début du mois d'avril.

De même, malgré la découverte d'au moins 46 «clusters» - des foyers épidémiques - depuis le début du déconfinement, aucune région ne suscite d'inquiétude particulière par rapport à une autre.

«On les détecte et donc on casse les potentielles chaînes de transmission grâce au "contact tra­cing"», explique dans le JDD, l'épidémiologiste Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l'unité des infections respiratoires de Santé publique France, l'agence sanitaire de santé publique.

... mais Un effet retard redouté

De l'aveu même du spécialiste, ce répit apporté par presque deux mois de confinement, ne doit pas pour autant faire oublier que le risque d'une reprise épidémique existe toujours.

«Les données disponibles aujourd'hui reflètent surtout ce qui s'est passé à la toute fin du confinement», tem­père ainsi Daniel Lévy-Bruhl, toujours dans les colonnes du journal dominical.

D'une manière analogue, le fait qu'une part importante de la population continue de restreindre ses déplacements, que la majorité semble avoir intégré et adopté les gestes barrières et que les grands rassemblements soient toujours interdits, il est probable que la reprise de l'épidémie ne soit pas aussi violente que celle que le pays a connu, lors de sa phase ascendante, au cours du mois de mars.

Autrement dit, sauf relâchement brutal et généralisé, tout porte à croire que la deuxième vague de Covid-19, si elle a effectivement lieu, soit moins brutale que la première.

Par ailleurs, si les arrivées de malades graves diminuent dans les hôpitaux, des spécialistes n'excluent pas un possible retour hivernal du Sars-CoV-2,à l'image d'autres coronavirus, voire d'un redémarrage très lent de l'épidémie avec une explosion de cas dans plu­sieurs mois, explique encore le JDD.

Pour certains, c'est bientôt la fin

Prenant le contre-pied du discours dominant, quelques scientifiques, certes minoritaires mais tout de même de plus en plus nombreux, estiment néanmoins que l'épidémie de coronavirus touche à sa fin.

«Eventuellement quelques cas sporadiques apparaîtront ici ou là (mais) l'épidémie est en train de se terminer», a ainsi affirmé le controversé professeur marseillais Didier Raoult dans une vidéo mise en ligne le 12 mai dernier.

Sans être autant contestés, d'autres médecins de haut rang considèrent également que le virus a touché tous ceux qu'il pouvait. Autrement dit, il serait donc faux de croire que l'intégralité de la population soit une cible. 

«Nous sommes nombreux à réaliser qu'une bonne partie de la population ne semble pas pouvoir être touchée par le virus», écrit de telle sorte le Pr Yonathan Freund, urgentiste à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, sur le réseau social Twitter.

Frappé par la baisse drastique du nombre de contaminations chez ses collègues praticiens par rapport au début de l'épidémie, et dans la population en général, il émet l'hypothèse, confirmée dans deux études parues dans les revues Cell et Nature, d'une «immunité croisée», rendue possible par une exposition passée à d'autres coronavirus. Selon leurs auteurs, 40 à 60 % de la population pourraient ainsi être immunisés contre la Covid-19 sans même y avoir été exposés.

Des vents mauvais à l'étranger

Reste qu'à l'étranger, les exemples de pays qui ont relâché leur pression sur le virus, et qui ont subi une deuxième vague dans la foulée, existent et doivent donc aussi être considérés.

Le cas de Singapour, touché très tôt en janvier après l'arrivée de voyageurs contaminés venus de Wuhan, ville chinoise d'où est partie la pandémie, a été à cet égard particulièrement commenté.

Alors que le micro-Etat d'Asie du sud avait réussi à enrayer les premiers cas d'épidémie grâce à une stratégie très sophitiquée de test et de traçage - et que la situation paraissait sous contrôle - il a dû faire face, à partir de la mi-avril, à un rebond brutal, et même bien plus fort que la première alerte, obligeant le pouvoir à mettre en place un confinement strict.

Même chose en Iran, pays durement frappé par le virus, qui après avoir relâché son confinement vers le 11 avril a dû affronter, début mai, une flambée indiscutable de nouveaux cas au début du mois de mai quand bien même de nombreux observateurs étrangers estiment que les chiffres officiels sont très largement minorés. Au 20 mai, Téhéran comptait ainsi 7180 décès de la Covid-19, soit plus du double du bilan observé lors du premier pic, début avril. 

une semaine décisive en France

Tout ceci considéré, en France, le vrai test quand à la venue, ou non, d'une deuxième vague épidémique va surtout consister à observer ce qui va se passer dans les jours qui suivront le lundi 25 mai.

A cette date, l'Hexagone en sera à très exactement quatorze jours après le début de son déconfinement, soit la durée maximum d'incubation de la Covid-19.

«La deuxième vague est toujours possible», a, d'une certaine façon, résumé le ministre de la Santé, Olivier Véran, juste avant le week-end de l'Ascension.

«La question n'est pas de savoir si cette nouvelle vague de contaminations aura lieu mais quand et de quelle ampleur elle sera», a pour sa part d'ores-et-déjà tranché auprès du quotidien britannique The Guardian Andrea Ammon, directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. 

«Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'aujourd'hui, on n'a pas de signal d'alerte mais qu'il est trop tôt pour tirer de ce constat que tout va aller bien», a récapitulé encore dans la foulée Daniel Lévy-Bruhl à l'agence France-Presse.

Le risque d'une augmentation du nombre d'infections n'étant absolument pas écarté, les contacts entre les gens ne cessant de se multiplier, l'enjeu est encore de tout faire pour maintenir cette augmentation, et les admissions qui en découleraient, dans les limites du raisonnable.

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