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Eric Dupond-Moretti préface le livre du patron des chasseurs et cible les «ayatollahs de l'écologie»

Réputé pour son franc-parler, Eric Dupond-Moretti, aujourd'hui garde des Sceaux, n'a pas fait défaut à sa réputation. [CHARLES PLATIAU / POOL / AFP].

Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a préfacé le dernier livre de Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), qui sort ce mardi en librairies. Si le texte a été écrit avant sa prise de fonction, il va sans doute faire polémique tant le garde des Sceaux se montre peu amène à l'endroit des défenseurs de la cause animale et des écologistes.

Dans «Un chasseur en campagne», qui sort aux éditions du Gerfaut, l'ex-ténor du barreau ne mâche en effet pas ses mots, comme l'explique, dans le Journal du dimanche (JDD), la journaliste Marianne Enault, qui a fait l'exégèse de l'ouvrage.

«Ne pas avoir honte d'être chasseur»

Eric Dupond-Moretti, qui n'a jamais fait mystère de sa passion pour la corrida, qualifie ainsi tous ceux qui voient les chasseurs «comme des meurtriers», d'individus «illuminés», «intégristes», bref autant de personnes atteintes d'un «dogmatisme aveugle» qui confine à «l'extrémisme».

Se revendiquant lui aussi comme un chasseur, l'ancien avocat fustige ceux qui, selon lui, «veulent que nous ayons honte d'être chasseur».

«Ils veulent nous culpabiliser d’être ce que nous sommes, car nous sommes aussi notre passion. Et depuis trop longtemps nous refusons de nous défendre, convaincus sans doute que l’intolérance et l’absurde ne méritent pas de réponse», poursuit-il encore, chaque mot semblant avoir été trempé dans le vitriol.

Une prise de position risquée

Plus loin encore, «Acquittator» suppose que «ce livre, les ayatollahs de l'écologie s'en serviront pour allumer le barbecue où ils cuiront leurs steaks de soja», ce qui ne l'empêchera vraisemblablement pas dans l'intervalle de manger un perdreau.

«Quand sur un arrêt de mon setter irlandais je tue un perdreau, je n’ai pas honte ; et quand je me délecte de la chair de l’oiseau accompagnée de choux, je n’ai pas honte», écrit-il en effet.

Réputé pour son franc-parler, Eric Dupond-Moretti n'a donc pas fait défaut à sa renommée en signant ce texte. Mais désormais au gouvernement, et alors que se profile une rentrée chargée sur fond de crise sans précédent, la question est de savoir comment il compte assumer cette prise de position risquée, et si la solidarité gouvernementale va pleinement jouer son rôle.

La réaction de Barbara Pompili, son homologue à la Transition écologique et solidaire, sera particulièrement scrutée. A peine nommée, cette dernière s'était notamment illustrée en engageant un bras de fer avec les chasseurs sur le sujet de la chasse à glu. Une technique de chasse aux oiseaux particulièrement controversée qu'elle souhaite faire interdire et qui consiste à enduire de colle des branches d'arbres afin d'y piéger les volatiles s'y posant.

Un combat qui risque fort de s'apparenter à un coup d'épée dans l'eau, tant les chasseurs bénéficient de bons relais à l'Elysée. En 2018, le patron des chasseurs - le même Willy Schraen - n'avait d'ailleurs pas caché sa satisfaction lorsque Emmanuel Macron avait donné son accord pour que le prix du permis national de chasse soit divisé par deux, le ramenant à 200 euros par an. Une décision qui avait provoqué les foudres du ministre de l'Ecologie de l'époque, Nicolas Hulot, le poussant à la démission.

Aujourd'hui, malgré son nouveau poste au gouvernement, Eric Dupond-Moretti n'aurait d'ailleurs pas tenté de faire disparaître ou d'amender cette préface, assure le JDD, qui a pris le soin d'interroger Willy Schraen.

«La question ne s’est pas posée une seule seconde. (...) Oui, il est ministre de la Justice, mais il reste Éric Dupond-Moretti, avec ses convictions et sa façon claire de dire les choses», a-t-il expliqué. 

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