En direct
A suivre

La semaine de Philippe Labro : Trump rivé à son fauteuil, Pernaut quitte son trône

Le président américain multiplie les déclarations stupéfiantes, en s'obstinant à nier le réchauffement climatique. [POOL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

VENDREDI 18 SEPTEMBRE

L’actualité est si diverse, si passionnante, que votre chroniqueur va avoir recours, comme souvent, au principe du carnet de notes.

Violence. «Ahurissant», c’est l’un des termes utilisés par la presse (en particulier Le Parisien) pour définir les batail­les au mortier en plein jour dans le quartier de Belleville, à Paris. «Effrayant» devrait être l’autre adjectif pour la tuerie de Saint-Ouen, qui a fait deux morts, quel­ques jours plus tard. Est-ce une autre sorte d’épidémie, cette violence, ces règlements de comptes, cette réalité d’un monde qui n’est même plus souterrain, celui de la drogue, avec ses caïds et sa loi ? Le problème, c’est qu’on ne règle pas cette épidémie-là avec des masques ou du gel hydroalcoolique.

Etats-Unis. Le 45e président des Etats-Unis continue de stupéfier par son culte du déni, son obstination à refuser la réalité. Face à la vague d’incendies qui ravage l’ouest américain, Donald Trump dit : «Ça va refroidir.» On lui explique que tout cela est une conséquence du changement climatique, il répond : «La science ne sait pas tout.» J’ai beau être, malheureusement, habitué à découvrir, presque chaque jour, une nouvelle incongruité de Trump, j’éprouve toujours la même peine pour les Américains. Et la même crainte pour l’avenir de leur démocratie. Le nouveau livre de Bob Woodward (Rage) se termine par la certitude que Trump n’est pas «apte pour exercer sa fonction». D’accord, très bien, sauf que c’est lui qui occupe la Maison Blanche. Il est «incumbent» – c’est-à-dire «titulaire», en place –, et la question demeure : est-il indéboulonnable ? L’accord de paix qu’il vient de superviser entre Israël et les pays du Golfe est, qu’on le veuille ou non, un beau «coup» pour lui.

Tennis. Rafraîchissante et intéressante, la victoire de Dominic Thiem à l’US Open (après avoir perdu les deux premiers sets). Le joueur de tennis autrichien sonne-t-il l’heure de la relève générationnelle ? Le prochain Roland-Garros peut apporter un semblant de réponse.

Art. Le 6 septembre dernier, à 81 ans, Gérard Fromanger, l’un de nos plus grands artistes contemporains, a inauguré, au théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, un plafond de 25 m2 : Peinture- Monde, sens dessus dessous 2020. C’est un exploit, d’autant qu’il a été réalisé par un homme qui vient de surmonter un cancer et a vécu plus d’une année de chimiothérapie. J’aime et j’admire Fromanger. Il respire l’optimisme, la volonté de vivre. Si vous êtes parisien, allez voir son œuvre aux Bouffes du Nord, dans le 10e arrondissement, boulevard de la Chapelle.

Télévision. Ainsi donc, Jean-Pierre Pernaut, avec sagesse et lucidité, décide d’abandonner son rendez-vous du 13 Heures de TF1, après trente-deux ans de présence quotidienne. L’amusant, c’est que les beaux esprits qui se gaussaient de ses choix du terroir, de sa proximité avec la France dite «profonde», saluent aujourd’hui son bilan, ses options. C’était, en effet, la preuve d’une rare intuition, celle d’avoir axé le 13 Heures de cette manière. Pernaut était en avance sur son temps. L’épidémie de Covid et le confinement ont fait revenir à la surface le besoin viscéral de la réalité des régions, le poids de notre patrimoine, la certitude que si nous sommes un pays qui s’adapte à toute modernité – comme la 5G –, nous sommes aussi, et plus qu’autrefois, attachés à ce que j’appellerais la «culture du village». La France est capable de prouesses technologiques. Elle n’en a pas moins toujours besoin de boire un café au bistrot du coin.

Littérature. Les premières listes des sélections des prix littéraires viennent de sortir. Aucun pronostic possible à cette heure. Une question toutefois : les jurés du prix Goncourt, du Renaudot ou encore du Femina, vont-ils, eux aussi, adapter leur choix à l’air du temps, aux multiples changements de société que cette étrange année 2020 a imposés ? A suivre.

Retrouvez toutes les chroniques de Philippe Labro ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités