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Pour Octobre rose, le cancer du sein à l'épreuve du coronavirus

A partir de 50 ans, les Françaises sont encouragées à faire une mammographie tous les deux ans.[ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP]

Il touche près de 60.000 personnes chaque année en France, soit l'équivalent de la population d'une ville comme Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Le cancer du sein, s'il est détecté à un stade précoce, montre un taux de guérison qui frôle les 90%. Mais il reste le plus fréquent pour les femmes et aussi le plus meurtrier, avec environ 12.000 victimes par an. En ce mois d'Octobre rose marqué par le coronavirus, les spécialistes appellent donc à la plus grande vigilance.

Pour faire face à l'incidence élevée de la maladie, un programme national de dépistage du cancer du sein est organisé en France. Il préconise un examen clinique annuel à partir de 25 ans, par palpation. Puis une mammographie tous les deux ans, à partir de 50 ans et jusqu'à 74 ans.

Mais, selon le professeur Jean-Yves Pierga, chef du département d'oncologie médicale de l'Institut Curie, ce dispositif n'est «pas assez efficace», en raison d'une «faible adhésion». Il estime le taux de participation inférieur à 60%, ce qui est insuffisant, même si certaines femmes se font dépister «indépendamment du programme». Sans compter que, cette année, le coronavirus constitue un obstacle supplémentaire.

Au printemps, les dépistages du cancer du sein ont, comme beaucoup d'actes médicaux, été différés pour faire face à l'urgence du Covid-19. Or, «l'intérêt de cet examen est de détecter des formes précoces, rappelle Eric Solary, directeur de la Recherche de l'Institut Gustave Roussy. Si on prend du retard à ce niveau-là, on traite des formes plus graves ensuite». Ainsi, les médecins craignent un retentissement sur le taux de mortalité de la maladie, «entre 1 et 5% de plus que ce qui était attendu», selon le président du Conseil scientifique de la fondation ARC (Association pour la recherche sur le cancer).

En réalité, il serait donc plus juste de parler des cancers du sein, au pluriel, car il faut distinguer celui que l'on détecte à un stade précoce des formes plus sérieuses. Le premier dispose de traitements fiables, des «adjuvants qui viennent soutenir l'intervention chirurgicale et réduisent le risque de récidive», explique Jean-Yves Pierga. Mais le pronostic est plus incertain lorsque la maladie est plus agressive. C'est le cas des cancers dits «triple négatifs» (15% des cancers du sein) ou métastasiques, qui ne disposent pas encore de thérapies efficaces.

A peine plus d'un Français sur deux se sent concerné

Malgré l'incidence élevée des cancers du sein en France, (environ 60.000 cas par an), à peine plus d'un Français sur deux dit se sentir concerné par la maladie, selon l'édition 2020 de l'Observatoire cancer réalisé par Viavoice pour l'Institut Curie. D'après Jean-Yves Pierga, cela tient peut-être au fait qu'il n'existe pas vraiment de facteur de risque spécifique sur lequel influer en matière de cancer du sein. «Pour le cancer du poumon, vous pouvez sensibiliser sur le tabagisme par exemple, mais pour celui du sein on ne peut agir que sur environ 40% de l'incidence». Cela concerne le surpoids, l'activité physique et la consommation d'alcool, mais pas les autres facteurs de risque tels que la vie hormonale, l'âge ou la densité du sein, sur lesquels il n'y a pas vraiment de prise.

La recherche doit justement permettre d'affiner la connaissance de la maladie pour connaître les risques et permettre une détection encore plus précoce. Selon Eric Solary, les principaux travaux actuels concernent aussi la prévention des récidives ainsi que l'amélioration des traitements et de la qualité de vie des malades. Sur ce dernier point, la pandémie de coronavirus n'est clairement pas une alliée, puisqu'elle rend plus difficile le suivi des personnes dont le cancer du sein est déjà diagnostiqué.

Au printemps, lors du premier pic des contaminations au Covid-19 en France, les médecins craignaient notamment les conséquences des traitements contre les cancers, qui affaiblissent les défenses immunitaires des malades. S'il a d'abord «tenté d'en différer certains», le chef du département d'oncologie médicale de l'Institut Curie a finalement observé assez peu de formes graves de Covid-19 chez ses patientes atteintes de cancer du sein. «Il y en a eu, mais souvent c'était dans des cas où il y avait d'autres facteurs de risque», développe-t-il.

Ainsi, même si ces malades font partie d'un public fragile en période de pandémie, l'oncologue est arrivé à la conclusion qu'il n'y avait «pas de raison de sous-traiter». Une leçon retenue alors que la France connait un rebond des contaminations : face au coronavirus, l'ennemi principal reste le cancer.

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