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De Gaulle : pourquoi Colombey-Les-Deux-Eglises est-il associé à la mémoire du général ?

A l'occasion du 50e anniversaire de la mort de Charles de Gaulle, le 9 novembre 1970, le président de la République Emmanuel Macron et son épouse Brigitte sont attendus, ce lundi, à Colombey-Les-Deux-Eglises. Mais pourquoi cette commune de quelque 700 âmes, située dans le département de la Haute-Marne, est-elle à ce point associée à la mémoire du général ?

Plus que Colombey, c'est surtout le domaine de la Boisserie, demeure familiale du général de Gaulle, qui contribua à forger sa légende.

Lorsque Charles de Gaulle a épousé Yvonne Vendroux, le 7 avril 1921, en l'église Notre-Dame de Calais, le couple, qui a eu trois enfants, Philippe, Elisabeth et Anne, choisit le village de Colombey pour s'y établir.

Le grand Charles, qui était alors encore lieutenant-colonel, tombe sous le charme de la Boisserie, une bâtisse à sa mesure nichée dans un parc verdoyant de deux hectares et demi, qu'il achète en viager en 1934.

Il la modernise en y faisant mettre l'électricité et l'eau courante mais, après la guerre, l'homme du 18 Juin sera contraint de la faire restaurer, après que la Boisserie a été pillée et incendiée par les Allemands.

La Boisserie prend alors sa forme actuelle, avec son emblématique tour d'angle hexagonale coiffée de tuiles typiques du pays haut-marnais.

Le général y installe précisément son bureau, au rez-de-chaussée, et entame ensuite ce que l'Histoire retiendra comme étant sa «traversée du désert».

Le 20 janvier 1946, Charles de Gaulle démissionne en effet de la tête du gouvernement provisoire sur fond de désaccords avec les différents partis, et partage son existence entre Paris et, surtout, la Boisserie.

Le lieu intime, le refuge du père de la France libre

«C'est ma demeure. Dans le tumulte des hommes et des événements, la solitude était ma tentation. Maintenant, elle est mon amie. De quelle autre se contenter quand on a rencontré l'histoire ?», a-t-il notamment écrit dans ses «Mémoires de guerre», qu'il rédigea face à la fenêtre de son bureau donnant sur de vastes plaines et forêts.

En 1954, lorsque sort le premier tome, il ouvre en exclusivité les portes de son domaine à l'occasion d'un reportage pour Paris Match.

Mais s'il brise sa retraite politique et morale, il plonge également son refuge en pleine lumière en l'exposant à tous les Français. 

Dans une époque où les réseaux sociaux n'existent pas et dans laquelle la télévision est encore balbutiante, l'impact des photos de Colombey et de la Boisserie, tirées à des millions d'exemplaires, est autant légendaire qu'immense.

Puis, la renommée des lieux s'en trouvera à nouveau renforcée en 1969 avec le départ de Charles de Gaulle, devenu dix ans plus tôt et à 78 ans premier président de la Ve République, de l'Elysée.

Au crépuscule de sa vie, l'homme se retire en effet une dernière fois dans sa maison familiale, loin des honneurs et du bruit.

Dans la soirée du 9 novembre 1970, Charles de Gaulle est pris d'un malaise et s'éteint chez lui à 19h35 précises des suites d'une rupture d'anévrisme.

Il reçoit les derniers sacrements, et Yvonne lui fait revêtir son uniforme de général en prenant le soin de positionner ses mains jointes autour d'un chapelet rapporté de Jérusalem.

Pour elle, le temps s'est arrêté. Une fois veuve, Yvonne reste à Colombey et à la Boisserie jusqu'en 1978. Elle entre ensuite à la maison de retraite des soeurs de l'Immaculée-Conception, à Paris, puis s'éteint un an plus tard, à l'hôpital du Val-de-Grâce.

Elle disparaît à 79 ans, le 8 novembre 1979, soit la veille du jour du neuvième anniversaire du décès de son mari.

Le couple repose à présent au cimetière de Colombey-les-Deux-Églises, auprès de leur fille trisomique Anne, morte en 1948, à 20 ans, et protégée à jamais du général.

Définitivement entré dans la légende, le domaine de la Boisserie est depuis 1980 un musée ouvert à la visite dont le propriétaire est le fils du général, l'amiral Philippe de Gaulle.

Plus loin, derrière la maison, on peut voir une colline coiffée du symbole de la France libre. «Vous voyez cette colline. Lorsque je mourrai, on y construira une croix de Lorraine et de partout, on pourra la voir», savait le général, dès 1954.

Une promesse et une mémoire mises à l'honneur aujourd'hui, toujours intactes.

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