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Attaque du Thalys en 2015 : tout savoir sur le procès qui s'ouvre ce lundi

Un carnage a sans doute été évité. Le procès aux assises de l'attaque en 2015 d'un train Thalys s'ouvre ce lundi à Paris. A la barre, quatre accusés dont l'un avait vu sa tentative d'attentat déjouée par de courageux passagers.

Au total, seules deux personnes avaient été blessées dans cette attaque pilotée par Abdelhamid Abaaoud, mort lors des attentats du 13-Novembre qui ont endeuillé la France trois mois plus tard. Voici ce qu'il faut savoir de ce procès hors normes qui se tient devant une cour d'assises spéciale et prévu pour durer jusqu'au 17 décembre.

Le contexte

Le procès débute alors que doit s'achever, d'ici à la fin du mois, celui des attentats de janvier 2015, ouvert en septembre dernier. Le procès de l'attaque du Thalys se tient dans un contexte de forte menace terroriste après une succession de trois attentats en un mois (devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, à Conflans-Saint-Honorine et à Nice).

«Il faudra rester serein et rigoureux indépendamment des drames récemment survenus», prévient Léa Dordilly, l'avocate de Bilal Chatra, l’un des accusés.

Les accusés 

Les accusés sont au nombre de quatre. L’assaillant, Ayoub El Khazzani, est un citoyen marocain. Celui qui était âgé de 26 ans au moment des faits répondra de «tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle».

Bilal Chatra et Mohamed Bakkali ont pour leur part été renvoyés par les juges antiterroristes pour «complicité de tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle», tandis que Redouane Sebbar, également connu sous l'identité de Redouane El Amrani Ezzerrifi, sera jugé uniquement pour cette dernière infraction.

Recruté en Turquie par Abdelhamid Abaaoud et formé au combat en Syrie, Bilal Chatra, 19 ans à l'époque, avait joué le rôle d'éclaireur sur la route des migrants entre la Turquie à l'Allemagne.

Redouane El Amrani Ezzerrifi et Mohamed Bakkali sont, eux, accusés d'avoir aidé Abdelhamid Abaaoud et Ayoub El Khazzani à arriver en Europe. Une accusation que les deux hommes démentent.

Les faits

Le 21 août 2015, vers 17h15, Ayoub El Khazzani, un Marocain de 25 ans, monte à bord du train Amsterdam-Paris en gare de Bruxelles.

Une demi-heure plus tard, il sort des toilettes, torse nu, un sac rempli de munitions sur le ventre, un fusil d'assaut en bandoulière. «Il avait l'air en transe», dira un passager qui attendait devant la porte.

Après quelques secondes de stupeur, ce passager se jette sur Ayoub El Khazzani. Un deuxième passager arrive à attraper sa kalachnikov. «J'ai l'arme !», crie ce professeur américain en faisant quelques pas dans le wagon.

Le Marocain sort alors un pistolet de sa ceinture, lui tire dans le dos et récupère son fusil d'assaut. Alertés par le bruit, des militaires américains en vacances assis dans le wagon voisin interviennent, se jettent sur le tireur et parviennent à le désarmer. Ils l'assomment et le ligotent avec des cravates de passagers.

«Il avait 270 munitions sur lui, de quoi tuer 300 personnes», résume Thibault de Montbrial, l'avocat des trois Américains, absolument persuadé qu'un «attentat de masse» a été évité.

Que rapporte l’enquête ?

Quelques semaines plus tôt, Ayoub El Khazzani, qui avait rejoint le groupe État islamique en Syrie en mai 2015, était entré en Europe via la route des migrants avec Abdelhamid Abaaoud, venu piloter une cellule jihadiste en Belgique.

Selon les enquêteurs, ce dernier avait pour mission de coordonner une série d'attentats préparés depuis la Syrie : l'attaque avortée contre une église de Villejuif perpétrée en avril 2015 par Sid-Ahmed Ghlam, récemment condamné à la réclusion à perpétuité, celle du Thalys, celles du 13 novembre à Paris puis celles du 22 mars 2016 à Bruxelles.

Une défense «pas sérieuse»

Après un an et demi de silence, 130 morts à Paris et 32 à Bruxelles, Ayoub El Khazzani avait expliqué son geste en affirmant aux enquêteurs qu'Abdelhamid Abaaoud, tué par la police dans la foulée du 13-Novembre, lui avait demandé de ne viser que les Américains, pas les civils.

«Je ne suis pas un massacreur (sic). Je suis un noble combattant», avait-il dit. Un argument jugé «pas sérieux» par les enquêteurs, alors qu'Abaaoud préparait à ce moment le 13-Novembre, qui ne visait que des civils. Et comment pouvait-il savoir que les Américains, des amis d'enfance venus faire du tourisme en Europe, étaient des militaires ?

S'il ne nie pas être monté dans le train pour commettre un attentat, Ayoub El Khazzani affirme aussi avoir renoncé à l'ultime seconde, trop tard pour éviter la bagarre avec les passagers. Son avocate Sarah Mauger-Poliak décrit un homme qui a depuis «énormément évolué, s'est totalement déradicalisé et a fait part de ses regrets les plus authentiques».

Les militaires américains témoins… avec Clint Eastwood

Les Américains devraient assister au procès devant la cour d'assises spéciale de Paris, malgré les difficultés liées au Covid. «Ils veulent raconter» et «regarder dans les yeux l'homme qu'ils ont affronté», dit Thibault de Montbrial.

Les trois hommes avaient joué leur propre rôle dans un film réalisé par Clint Eastwood sur l'attaque en 2018. Le réalisateur américain de 90 ans devrait être entendu comme témoin par visioconférence.

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