En direct
A suivre

Pourquoi les virus mutent-ils ?

Une nouvelle variante du coronavirus plus contagieuse est récemment apparue au Royaume-Uni. [©Handout / National Institutes of Health / AFP]

Une nouvelle variante du coronavirus plus contagieuse est récemment apparue au Royaume-Uni. Face à cette mutation du SARS-CoV-2, le gouvernement britannique a annoncé un durcissement des restrictions pour les fêtes de fin d'année, tandis que la France a suspendu tous les déplacements en provenance de ce pays. Mais pourquoi cette nouvelle souche est-elle si inquiétante, et plus généralement, pourquoi les virus mutent-ils ?

Tout simplement car c’est dans leur nature. «La mutation est un phénomène naturel. C’est le moteur de l'évolution des organismes vivants. Sans mutations, le monde vivant resterait figé», explique Daniel Camus, épidémiologiste à l’Institut Pasteur de Lille.

Plus précisément, la mutation a lieu lorsque le virus se réplique. En effet, il faut savoir que les virus font régulièrement «des copies de leur code génétique. Mais ce sont des ‘mauvais élèves’, et des erreurs de copies peuvent se produire ce qui peut donner naissance à un nouveau virus».

S’il s’agit d’un virus ADN, les erreurs sont peu nombreuses, «car la copie est relue par un correcteur, et s’il trouve qu’elle n’est pas bonne, il la refuse». En revanche, elles sont fréquentes chez les virus à ARN, comme le SARS-CoV-2 ou le virus de la grippe, car «le système de relecture et de correction est moins performant, ou absent».

A chaque fois qu’il y a une mutation, «elle est donc presque systématiquement acceptée et devient fonctionnelle». Les virus à ARN sont ainsi davantage sujets aux variations génétiques. Depuis que le SARS-CoV-2 est apparu, au total, «plus de 20.000 mutations ont eu lieu», précise le spécialiste.

la protéine Spike touchée

Et si celle détectée au Royaume-Uni inquiète tout particulièrement, c’est parce qu’elle touche la protéine Spike du SARS-CoV-2. «Le virus est un ensemble formé de plusieurs structures. Mais la plus importante c’est la protéine S (ou Spike)», car elle va permettre au virus de pénétrer dans une cellule.

Et l'un des risques liés à cette mutation, c'est que «le vaccin ne fonctionne pas contre ce nouveau variant». Si la mutation est légère, «les anticorps produits par un sujet vacciné reconnaîtront quand même l’agent muté.» Mais si la protéine a subi une grosse modification, «les anticorps ne vont pas reconnaître la structure transformée», et il faudra alors élaborer un nouveau vaccin.

Toutefois, les données sont pour l’heure rassurantes. Des analyses ont en effet montré que «la mutation qui vient de se produire n’est pas dans la zone de la protéine que visent les anticorps (ils ne s’accrochent pas sur toute la molécule mais seulement sur une partie, ndlr)».

Une chose est sûre, souligne le professionnel, si cette mutation implique l’élaboration d’un nouveau vaccin, «sur le terrain, on va s’en apercevoir assez vite». Les personnes infectées sont protégées «au moins quelques mois» contre une nouvelle infection, mais uniquement par le SARS-CoV-2.

Ainsi, si on constate que les cas de réinfection se multiplient, «cela signifie que l’on devra produire un nouveau vaccin dirigé contre ce nouveau variant, mais tout en gardant le premier», car le SARS-CoV-2, circule toujours activement.

Retrouvez toute l’actualité sur le coronavirus ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités