En direct
A suivre

Covid-19 : les vaccins à ARN entraînent-ils l'infertilité ?

Plusieurs spécialistes ont balayé cette hypothèse.[FRED TANNEAU / AFP]

Les vaccins à ARN messager -comme ceux qui ont été développés contre le Covid-19- rendraient infertiles. Cette idée est massivement relayée sur les réseaux sociaux. Mais cette allégation est-elle fondée ?

Qu'est-ce que le vaccin à ARN ? 

Les vaccins développés par Pfizer/BioNtech et Moderna appartiennent à cette famille de vaccins. 

Il s'agit pour être précis d'une technique vaccinale spécifique qui consiste à injecter de l'ARN de synthèse pour envoyer un message à la cellule de l'organisme vacciné. En l'occurrence, les vaccins anti-Covid lui demandent de fabriquer une protéine du virus, appelée «spike» ou «spicule» en Français. En produisant des anticorps «anti-spike», l'organisme pourra ainsi se défendre en cas d'infection par le Sars-Cov-2, le virus à l'origine du Covid-19. 

Pourquoi certains Avancent qu'il agit sur la fertilité  ?

Une vidéo d'un peu plus de deux minutes publiée sur le site ODPNews, et depuis largement partagée sur Facebook, est à l'origine de l'hypothèse d'un lien entre infertilité et inoculation de vaccins à ARN. Dans cette interview filmée, le Dr Louis Fouché a en effet évoqué «un risque d'infertilité», comme le rapporte l'AFP Factuel dans un article dédié à la question. 

Cette courte vidéo est issue d'un plus long entretien du médecin accordé au magazine bimestriel Nexus, qui a été lui aussi, largement partagé sur le réseau social.

Sur quoi est fondée cette hypothèse ?

Pour affirmer ce risque d'infertilité induit par ce type de vaccin, le Dr Fouché évoque le «problème de la syncytine», une protéine jouant un rôle dans la fabrication du placenta pendant la grossesse. «La protéine 'spike' a beaucoup d’homologies de séquences (d'ADN, NDLR) avec la syncytine justement», explique le médecin. «Si jamais vous faites des anticorps contre 'spike' et que vous faites au passage des anticorps contre la syncytine, vous risqueriez d’être infertile», poursuit-il. 

Cette théorie est issue d'une lettre de 43 pages co-écrite par Wolfgang Wodarg et adressée l'Agence europe du médicament. Dans ce document daté du 1er décembre qui liste les zones d'ombre et les risques potentiels du vaccin de Pfizer/BioNTech, la question de la protéine syncytine-1 est en effet évoquée. 

Pourquoi c'est très peu probable voire impossible 

Mais le texte précise qu'il «n'y a pas d'indication» allant dans le sens d'anticorps anti-protéine S «qui agirait aussi comme anticorps anti Syncytine-1». «Cependant, si cela devait être le cas, cela empêcherait aussi la formation d'un placenta, ce qui aurait pour résultat de rendre les femmes vaccinées infertiles», peut-on lire encore.

Interrogés par l'AFP, plusieurs spécialistes ont balayé cette hypothèse affirmant que la probabilité que l'organisme «se trompe de cible» était «infinitésimale voire inexistante», écrit l'agence. 

Frédéric Altare, spécialiste de l'immunité et directeur de recherche à l'Inserm a estimé que «dans l’état actuel des connaissances, il n’ y (avait) pas de ressemblance suffisante -et qu'il y (avait) très peu de chances qu’il y en ait une- entre la protéine syncytine-1 et la 'spike'». 

Annette Beck-Sickinger, professeur à l'Université de Leipzig en Allemagne, a enfin indiqué que «si l'argument concernant la syncytine était vrai, chaque femme infectée par le virus serait par conséquent devenue stérile, mais ce n'est pas le cas».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités