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Anniversaire des 40 ans de l'élection de François Mitterrand : des socialistes en ordre dispersé

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, absent lors de l'hommage au Creusot à la figure tutélaire de la gauche, n'apparaît pas sur la photo de famille. [JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP].

Il y a quarante ans jour pour jour, le 10 mai 1981, le socialiste François Mitterrand remportait le second tour de l'élection présidentielle face à Valéry Giscard d'Estaing (UDF). Pour honorer la mémoire de celui qui porta pour la première fois la gauche au pouvoir, une série de commémorations étaient organisées ce week-end et doivent s'achever ce lundi soir.

Point d'orgue de cette séquence mémorielle, une journée consacrée à l'héritage de l'ancien chef de l'Etat a eu lieu ce dimanche au Creusot, en Saône-et-Loire, à l'initiative de David Marti, le maire de la ville.

Organisée par la Fondation nationale des élus socialistes et républicains (Fneser), celle-ci a pris l'allure d'une grande réunion de famille où anciens Mitterrandiens et personnalités de gauche se sont réunis autour de plusieurs tables rondes pour convoquer le souvenir de celui qui, dès 1972, promettait de «changer la vie».

Outre la présence de l'ancien Premier ministre Lionel Jospin ou des anciens ministres Pierre Joxe, François Rebsamen ou encore Bernard Cazeneuve, la participation d'Anne Hidalgo a été très remarquée. Après avoir plutôt pris ses distances avec le Parti, la maire de Paris paraît ainsi s'en rapprocher de nouveau, à mesure que se précise sa potentielle candidature à la présidentielle 2022.

Au Creusot, une photo de famille incomplète

Et quelle que soit sa décision - Anne Hidalgo ayant fait savoir récemment qu'elle la prendrait «à l'automne» - il est certain que raviver la flamme mitterrandienne à un an de l'échéance suprême apparaît pour les socialistes comme une occasion idéale de se rassembler et battre le rappel. Sauf qu'au Creusot, la photo de famille est ressortie de façon pour le moins incomplète car le premier secrétaire du Parti, Olivier Faure, a manqué à l'appel.

Officiellement, l'homme fort du PS a fait le choix de participer à une Marche pour le Climat ce dimanche à Paris. En réalité, il est apparu de sources concordantes qu'Olivier Faure aurait voulu prononcer un discours, ce que les organisateurs auraient refusé en n'autorisant qu'une seule prise de parole, celle d'un autre ancien président socialiste en l'occurrence, François Hollande.

Alors que les héritiers de François Mitterrand devaient surtout célébrer les «grandes réformes de 1981» (abolition de la peine de mort, dépénalisation de l'homosexualité, 39 heures travaillées, cinquième semaine de congés payés...), certains caciques auraient surtout redouté qu'Olivier Faure n'en vienne à parler des sujets qui fâchent, à commencer par le brûlant dossier du Rwanda.

Et pour cause : la remise à Emmanuel Macron, le 26 mars dernier, du rapport de l'historien Vincent Duclert sur la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis du Rwanda de 1994 est venu raviver un traumatisme toujours vif au sein de la famille socialiste. Le document pointe ainsi des «responsabilités accablantes» de la France dans le génocide des Tutsis, bien qu'il écarte l'idée d'une complicité. Or, les historiques du PS reprochent à l'actuel premier secrétaire du PS de ne pas assez soutenir l'action de la France de l'époque, celle justement décidée et mise en place par François Mitterrand lui-même.

Une exposition et un débat organisés ce lundi

Cet encombrant héritage mitterrandien mis de côté, Olivier Faure sera quoi qu'il en soit ce lundi bien au rendez-vous, place de la Bastille à Paris, pour donner le coup d'envoi de l'exposition «10 mai ! 1981 - 2021» autour de la colonne de juillet. Sur place, le public sera invité à découvrir ou redécouvrir jusqu'à vendredi, à partir des photos de Yan Morvan et de Claude Azoulay, ainsi que des collections des Archives nationales et de la Fondation Jean-Jaurès, l’atmosphère du 10 mai 1981 annonciateur des changements politiques, économiques, sociaux qui seront mis en place avant le «tournant de la rigueur» de 1983.

Puis, dans la soirée, le premier secrétaire du PS se rendra au siège du parti, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), pour clôturer une soirée-débat intitulée «81-21 : réveiller l’espoir» animée par le réalisateur Serge Moati, qui fut très proche de François Mitterrand. L'occasion sans doute pour Olivier Faure de donner son propre discours, non pas tant cette fois sur l'héritage mitterrandien, mais plutôt sur la façon dont le PS pourrait, selon lui, susciter à nouveau l'espoir dans le pays.

Au Creusot, François Hollande, a indiqué que «dans la crise que nous traversons, [le socialisme] est la meilleure réponse pour garantir la cohésion sociale de notre pays» et ajouté que «si une grande force se lève à nouveau, alors la France vivra d’autres 10 mai». Mais seul aux manettes, Olivier Faure sait, lui, qu'il doit composer avec un PS discrédité et toujours très fragile après une présidentielle 2017 qui l'a laissé en ruines.

En désaccord sur les orientations à prendre depuis 2017, les deux hommes ne se parlent plus depuis maintenant deux ans. L'hommage à la figure tutélaire qu'est François Mitterrand aurait pu les rassembler, il a, peut-être, contribué un peu plus encore à les diviser.

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