En direct
A suivre

Attentats du 13-Novembre : un procès pour l'histoire

Six ans déjà. Six ans seulement. Le 13 novembre 2015, la France était frappée, à Paris et Saint-Denis, par les attaques terroristes les plus meurtrières de son histoire. Bilan : 130 morts, plus de 350 blessés et tout un pays meurtri. Ce mercredi 8 septembre, le moment est venu de juger ceux par qui la souffrance est arrivée, au cours d’un procès hors norme, la plus grande audience criminelle jamais organisée en France.

L’appel des parties civiles, qui sont près de 1.800 (représentées par plus de 300 avocats), d’une vingtaine de nationalités, prendra à lui seul deux jours entiers. Celui des témoins égrènera une centaine de noms, dont ceux de François Hollande et Bernard Cazeneuve.

Un «marathon judiciaire»

Les débats seront entièrement filmés pour être intégrés aux archives et la cour s’installera dans une salle d’audience spécialement construite pour l’occasion, de 550 places, dans le palais de justice de Paris. Prévu pour durer neuf mois, le procès a des allures de «marathon judiciaire», selon Eric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux.

Au total, 20 personnes seront jugées, dont six par défaut puisque présumées mortes. Le box des accusés comptera donc 14 occupants : trois comparaissent libres, sous contrôle judiciaire, et les 11 autres resteront incarcérés en Ile-de-France pendant toute la durée des débats. Ils sont 12 à encourir la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit permettre de déterminer le rôle de chacun dans la préparation et la commission des attentats.

Il s’agit de retracer le parcours des accusés, de la Syrie jusqu’à l’Europe et notamment en Belgique. Ils seront eux-mêmes auditionnés à plusieurs reprises, mais pas avant 2022. Le premier interrogatoire de Salah Abdeslam, unique survivant parmi les auteurs directs présumés des attaques, est ainsi prévu pour les 13 et 14 janvier prochain. Reste à savoir s’il s’exprimera lors de l’audience, sachant qu’il est resté mutique pendant la majeure partie de l’instruction.

S’il parle, cela pourrait faire la différence pour les victimes des attentats et leurs proches. Ces parties civiles seront entendues à partir du 28 septembre et pour cinq semaines, à raison d’une demi-heure par prise de parole. Soit quatorze auditions par jour environ.

La reconnaissance des victimes en jeu

Le temps consacré à l’écoute des parties civiles sera limité, mais beaucoup souhaitent en user pleinement pour raconter en détail ce qu’ils ont traversé. L’horreur. La douleur. Les séquelles. Philippe Duperron, dont le fils a été tué au Bataclan, attend ce moment, à la fois avec «impatience» et «anxiété». Le président de l’association 13onze15 Fraternité-Vérité sait que des «souvenirs douloureux» vont «remonter à la surface».

D’un autre côté, le procès est l’occasion de se faire entendre, de confronter les coupables et de trouver, peut-être, des réponses. Pour ce père endeuillé comme pour beaucoup d’autres, l’enjeu est également d’être reconnu comme une victime par «la justice de la République».

Et si ces quelques mois d’audience appartiennent avant tout aux parties civiles, le 13-Novembre est également indissociable d’un effroi collectif. C’est pourquoi une dizaine de salles de la cour d’appel pourront être utilisées pour retransmettre le débat en direct et permettre aux Français de suivre le déroulé de ce procès historique. Celui d’une blessure nationale loin d’être refermée.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités