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L'édito de Paul Sugy : «La présidentielle, une affaire de gros sous ?»

Dans son édito de ce lundi 4 novembre, Paul Sugy, journaliste au Figaro, revient sur le refus d'Emmanuel Macron d'accéder à la demande de Marine le Pen sur le financement de la campagne présidentielle.

 

C’est le sujet qui revient de façon récurrente sur les lèvres des commentateurs à l’aube d’une campagne présidentielle : mais où vont-ils donc trouver l’argent ? Sujet qui nourrit bien des fantasmes, car derrière le financement d’une campagne politique se dessinent bien des indices sur le sérieux ou non d’une candidature, la capacité d’un candidat à mobiliser un vaste réseau derrière lui.

Or fin octobre, Emmanuel Macron a répondu par courrier à Marine Le Pen, qui l’avait « alerté » sur les difficultés de financement de la campagne présidentielle, mais sans accéder à la demande de la candidate du RN que le Parlement puisse « ouvrir » de nouvelles possibilités de financement.

«L’organisation d’un débat parlementaire que vous appelez de vos vœux constitue une prérogative partagée entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Vous comprendrez que le président de la République, garant des institutions, ne se prononce pas sur une telle initiative», écrit Emmanuel Macron, invitant la candidate du Rassemblement national à se rapprocher du président de l’Assemblée nationale ou des présidents des groupes parlementaires.

Emmanuel Macron renvoie également Marine Le Pen à la création, par la loi du 15 septembre 2017, d’un « médiateur du crédit » qui vise à « faciliter le dialogue » entre les institutions bancaires, les candidats ou les partis politiques. 

De nouvelles règles avaient en effet établies depuis la campagne de 2017. Elles étaient contenues dans la loi pour la confiance dans la vie politique votée à l’été 2017. Deux mesures en particulier sont venues directement affecter les comptes de la présidente du RN : l’interdiction des financements par l’emprunt auprès de banques étrangères, ainsi que l’emprunt auprès de particuliers.

La décision peut paraître louable, encore faut-il s’assurer que les banques françaises prêtent aux candidats, ce à quoi elles sont généralement loin d’être enclines : peu fiables, très exposés pour elles, ces prêts ne sont pas toujours, tant s’en faut, un investissement rentable.

Alors cette loi institue également, au fond, une prime à la primaire : bienheureux les partis qui en organisent et qui peuvent ainsi faire supporter directement une partie du financement de la campagne

Dans l’ensemble, si l’on regarde toutes les dernières élections présidentielles, le montant du financement de campagne permet presque à chaque fois de prédire quel candidat va l’emporter à la fin de l’élection. Seule exception notable : 2012, où Nicolas Sarkozy avait dépensé un tout petit peu plus que François Hollande.

Mais d’ordinaire en France, le candidat élu est le candidat le plus dépensier. C’est d’ailleurs pour cela que le financement des campagnes est plafonné, mais encore faut-il qu’il le soit de façon réaliste, pas comme en Russie où le plafond est tellement bas qu’il est strictement impossible à un candidat de financer honnêtement sa campagne et de produire des comptes sincères.

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