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La semaine de Philippe Labro : le soliste du verbe, une équipe en verve

La joie du Français Damian Penaud, lors de la victoire contre les All Blacks. [FRANCK FIFE / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 24 NOVEMBRE  

A 135 jours du premier tour de l’élection présidentielle française, les livres consacrés à la vie politique s’amoncellent. On dirait, parfois, que le genre documentaire l’emporte sur toute fiction et que les retours sur le passé ont plus d’intérêt que les projets d’avenir. Ainsi, Franz-Olivier Giesbert revisite De Gaulle, dans Le sursaut (éd. Gallimard), brillante et habile construction naviguant entre la face cachée du Général et les propres évolutions du narrateur. On annonce un deuxième volume. De son côté, Catherine Nay publie Tu le sais bien, le temps passe (éd. Bouquins), la suite de ses souvenirs de toute la vie de la Ve République. Nathalie Schuck et Olivier Beaumont révèlent leur enquête sur les secrets de la relation entre Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy dans Chéri, j’ai rétréci la droite ! (éd. Robert Laffont).

Et voici que Caroline Pigozzi, avec Pourquoi eux (éd. Plon), passe en revue toutes celles et ceux que son milieu de grand reporter lui a permis de croiser, observer, interroger. Enfin, Georges Kiejman, qui fut l’un des avocats les plus doués de sa génération, et qui croisa, lui aussi, «gens de toutes sortes», raconte à la journaliste Vanessa Schneider, dans L’homme qui voulait être aimé (éd. Grasset), à la fois sa vie et ses origines, mais aussi les univers du cinéma, de l’édition et de la politique (il fut ministre sous Mitterrand). Chacun de ces ouvrages diffère, dans le style, la vision, les vérités et les mensonges, mais tous ont un point commun : ils passent par le portrait. C’est le genre qui domine.

Si quelqu’un a compris la valeur littéraire du portrait, c’est bien Fabrice Luchini. Hier soir, aux Bouffes Parisiens, entre 18 h et 19h30, il était, comme toujours, seul sur scène. Avec sa voix haute, sa pédagogie ironique ou admirative dans le verbe, la subtilité de ses choix, sa fascinante diction, une capacité à créer du silence comme j’en ai rarement entendu dans une salle de 600 personnes, son déconcertant mélange d’humour et d’intelligence, le comédien (mais peut-on le restreindre à la définition de «comédien» ? Luchini est bien plus que cela) lit du Jean Cau, du Céline, du Hugo, du Philippe Lançon – le portrait de la chirurgienne Chloé, un extrait de ce chef-d’œuvre intitulé Le Lambeau (éd. Gallimard) – interrompt la lecture pour soudain raconter un dîner de grotesque et d’imposture ou balancer une parodie de Marguerite Duras qui aurait choisi de décrire Madame Hidalgo.

C’est assez renversant. Pendant le confinement, il a «travaillé» trois grands auteurs : Jean de La Fontaine, Blaise Pascal et Charles Baudelaire. Au public qui l’ovationne, il révèle qu’il va donc faire un nouveau spectacle : La Fontaine et le confinement, à partir du 26 janvier 2022, au théâtre des Mathurins, à Paris. Dans sa loge, épuisé, en sueur, comme l’athlète au bout d’un marathon, il me confie : – C’est plein jusqu’en avril. Il n’y a pratiquement déjà plus de places. La mise en scène sera signée Emmanuelle Garassino. On sera alors à J-76 de la présidentielle. Je ne doute pas qu’entre une fable de La Fontaine et un poème de Baudelaire, Fabrice trouvera de quoi commenter l’événement, à sa manière, c’est-à-dire unique.

VENDREDI 26 NOVEMBRE

Il ne me semble pas trop tard pour saluer un moment de pure satisfaction, au sein d’une actualité très engrisaillée. Plus de 6 millions de téléspectateurs ont suivi, la semaine dernière, sur France 2, l’exploit du XV de France face aux All Blacks : 40 à 25.

Cette équipe a une moyenne d’âge de 25 ans et irradie d’audace et de solidarité : Ntamack, Penaud, Jaminet, Dupont, Jelonch, Fickou, Cros… Retenez ces noms. Le rugby, c’est le sport où les spectateurs ne balancent pas de bouteilles sur la nuque des joueurs, où l’on ne discute pas les décisions de l’arbitre, où vainqueurs et vaincus se donnent l’accolade à la fin du match. Vive le ballon ovale !

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