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Militaires fauchés à Levallois en 2017 : le conducteur condamné à 30 ans de réclusion

Hamou Benlatreche était jugé pour «tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste». [LOIC VENANCE / AFP]

Hamou Benlatreche a été condamné ce lundi à Paris à trente ans de réclusion, assortis d'une peine de sûreté de vingt ans, pour «tentative d'assassinats terroriste» de militaires de l'opération Sentinelle le 6 août 2017 à Levallois-Perret.

Hamou Benlatreche, qui avait blessé six soldats de l'opération Sentinelle, dont trois sérieusement, était jugé depuis le 6 décembre, à Paris pour «tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste».

Le procès a duré deux semaines, devant une cour d'assises spécialement composée. L'accusé a toujours maintenu la version selon laquelle il aurait été victime d'un malaise lui faisant perdre le contrôle de son véhicule. Mais, selon le réquisitoire définitif rendu en décembre 2020, le récit des victimes et témoins directs, l'analyse de la vidéosurveillance et deux expertises médicales rendent «la scène incompatible avec le scénario proposé» par Hamou Benlatreche.

Il n'était pas connu pour radicalisation religieuse

Ce 9 août 2017, l'accusé, de nationalité algérienne et à l'époque employé par une société de VTC, avait pris la fuite immédiatement après avoir renversé les militaires. Sa voiture, géolocalisable, avait été interceptée cinq heures plus tard, sur l'autoroute A16, près de Calais (Nord). Refusant d'obtempérer, Hamou Benlatreche avait été grièvement blessé par balles, au niveau de la colonne vertébrale, lors de son interpellation. Aujourd'hui âgé de 41 ans, l'homme se déplace en fauteuil roulant.

Il n'était pas connu pour radicalisation religieuse, mais l'examen du contenu de ses deux téléphones a mis en évidence un intérêt pour Daesh et des velléités de départ pour la Syrie. Puisque Hamou Benlatreche avait effectué des repérages sur les lieux trois jours avant l'attaque, le parquet national antiterroriste (Pnat) a souligné le «caractère intentionnel avéré» des faits qui lui sont reprochés et les associe «à la volonté de tuer, et ce dans le cadre d'un projet terroriste».

La Fédération nationale des victimes d'attentats (Fenvac) était partie civile dans ce procès. Pour Thibault de Montbrial, l'un de ses avocats, il est évident qu'en choisissant de s'en prendre à des militaires, l'accusé «s'inscrit dans la logique des attentats préconisés par Daesh». Hamou Benlatreche a en revanche bénéficié d'un non-lieu concernant sa mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste. Le Pnat a en effet estimé qu'il n'avait pas bénéficié d'aide dans sa préparation de l'attaque.

Sans casier judiciaire au moment de son arrestation, le quadragénaire a depuis fait l'objet de deux condamnations à huit et six mois d'emprisonnement pour des agressions contre des surveillants pénitentiaires. Son arrestation en 2017 avait relancé le débat sur l'opération Sentinelle. Mise en place dans un climat d'alerte maximale, alors que la France était la cible d'une vague d'attentats jihadistes depuis 2015, elle mobilise des milliers de soldats, en permanence. Pour certains experts, ces patrouilles constituent surtout des «cibles» pour les terroristes.

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