Alors que pas moins de 300 salons de massage parisiens abriteraient des activités de prostitution selon une récente enquête, le parquet de Paris entend prendre le sujet à bras-le-corps, et a présenté sa nouvelle stratégie en ce début du mois de février pour pénaliser directement le propriétaire des murs.
Dans le viseur de la justice ? Les nombreux salons de massage, souvent tenus par des Chinoises ou des Thaïlandaises qui n'ont en fait aucune qualification professionnelles et qui proposent, entre autres, des actes sexuels tarifés entre 10 à plus de 100 euros.
S'ils en existent dans tout Paris, la plupart d'entre eux sont situés dans l'est parisien, dans les 11e, 19e et 20e arrondissements de la capitale.
Pour freiner ce phénomène, le parquet de Paris entend mettre en œuvre «une stratégie offensive contre les propriétaires de ces locaux commerciaux», comme l'a expliqué Julie Colin, la cheffe de la section chargée de la lutte contre la délinquance organisée, ce lundi 7 février au Parisien.
Le parquet veut s'attaquer aux propriétaires
Car si les fonds de commerce appartiennent «rarement au gérant» selon elle, les propriétaires déclarent souvent «qu’ils ne savaient pas que leur local abritait une activité de prostitution», et ce, y compris alors qu'il existe «des preuves pour démontrer le contraire».
Pour taper fort, le parquet envisage donc de «saisir les biens» de ces propriétaires qui jouent la carte de la naïveté, et ce, «le plus souvent possible et dans la mesure de ce que la loi permet», avance Julie Colin au quotidien. Un «moyen très efficace» selon elle «pour lutter contre la mauvaise foi de ces loueurs».
En septembre dernier, le collectif Zeromacho avait réalisé une enquête, en envoyant directement ses enquêteurs dans ces salons de massage déguisés, disséminés dans tout Paris, pour demander dans quelles conditions il était possible d'obtenir davantage qu'un simple massage.
Enquête de @Zeromacho : 300 salons de #prostitution actifs malgré la loi !
Nous avons rassemblé des preuves sur la réalité de ses salons "de massages".
STOP à l'esclavage sexuel, #EcrisAuProcureur pour lui demander d'appliquer la loi du 13 Avril 2013 !https://t.co/DANlI6KXfG pic.twitter.com/TzODvmgKXh— Zéromacho (@Zeromacho) September 9, 2021
Une enquête qui avait conduit la Brigade de répression du proxénétisme (BRP) à lancer de nouvelles investigations, alors que, pour que la police puisse engager des poursuites et confier le dossier à la justice, il faut avant tout qu'elle soit capable de prouver que les prostituées «travaillent pour un gérant qui touche une partie de ses revenus ou les héberge contre rémunération», selon Julie Colin.
Une difficulté supplémentaire, donc, pour celle qui affirme que «toutes les activités de ces commerces ne peuvent pas être qualifiées de proxénétisme au sens strict du Code pénal». Julie Colin admet donc travailler en fonction «de signalements» faits par «des riverains ou des associations», «qui révèlent l’existence de gérants proxénètes dans ces salons».