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Réduit et réaménagé, que va devenir l'héliport de Paris-Issy-les-Moulineaux ?

L'héliport parisien va être réduit quasiment de moitié. L'héliport parisien va être réduit quasiment de moitié. [© ERIC PIERMONT / AFP]

Alors que la concession qui lie l'Etat et la municipalité parisienne au sujet de l'héliport de Paris-Issy-les-Moulineaux arrive à son terme en 2024, l'avenir de site est aujourd'hui en réflexion. Et si rien d'officiel ne sera signé pendant cette période électorale, tous les acteurs semblent s'accorder pour qu'il soit réduit et réaménagé.

Installé de l'autre côté du périphérique, sur une enclave du 15e arrondissement qui déborde côté Issy-les-Moulineaux (92), l'héliport parisien – unique en son genre dans Paris intramuros – fonctionne depuis le milieu du XXe siècle. Là, sur 7,5 hectares de terrain, des hélicoptères de la sécurité civile mais aussi privés atterrissent et décollent toute la journée, 365 jours par an.

Alors que beaucoup jugent l'héliport bruyant, trop grand ou encore mal aménagé, la municipalité parisienne – propriétaire du site – avait fait part en 2020 de son souhait de le fermer définitivement, afin notamment d'agrandir le parc Suzanne Lenglen (15e). Un projet tué dans l'œuf puisque «l'Etat a dit "non"», comme nous le confirme l'entourage du premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire.

«Si la convention conclue entre la ville de Paris et le groupe ADP relative à l'exploitation de l'héliport expire fin 2024, son renouvellement semble cohérent avec les ambitions de l’Etat pour la mobilité urbaine future», confirme la DGAC (Direction générale de l'aviation civile), qui rappelle que «l'Etat a toujours exprimé son souhait de maintenir l’héliport». 

Sans compter que le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari vient à peine de renommer l'héliport, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars dernier, en l'honneur de Valérie André. Une héroïne et résistante qui s'est notamment illustrée comme pilote d’hélicoptère en Indochine et en Algérie.

Un héliport bientôt réduit de moitié ?

Loin de voir ses jours comptés, un autre projet se profile désormais pour l'héliport, qui doit être réduit et réaménagé. L'ambition de la municipalité parisienne ? Diviser sa taille de moitié et réaliser «une réduction drastique des vols privés et commerciaux», pour n'y garder que les vols liés «aux fonctions régaliennes». Tels que les vols assurés par les hélicoptères de la Sécurité civile, de la gendarmerie et de l'Armée.

Concrètement, d'importants travaux de réaménagement sont prévus pour réduire l'héliport à 4 hectares (contre 7,5 aujourd'hui) et rendre 3,5 hectares de terrain (divisés en deux parties distinctes) à la Ville, qui va ainsi pouvoir agrandir – comme prévu – le parc Suzanne Lenglen (15e). Et ce, sans doute, avant même la fin de la concession fixée à 2024.

Pour ce faire, «une phase de diagnostic» a été réalisée et vient de s'achever, alors que des réunions sont toujours en cours pour déterminer ce à quoi ressemblera le projet définitif. Une «concertation publique» sera également menée «à l'été 2022», communique-t-on à l'Hôtel de Ville. Projet qui sera in fine présenté au Conseil de Paris, afin d'être validé par les élus parisiens.

Une décision qui ne plaît pas à tout le monde, notamment à l'un des principaux concernés : le maire du 15e arrondissement, Philippe Goujon, favorable à la fermeture définitive de l'héliport. L'élu Les Républicains regrette en effet que la municipalité n'ait pas tenu tête à l'Etat et laisse passer cette «opportunité rarissime» de sanctuariser un parc public de plusieurs hectares, dans Paris intramuros.

«On ne peut pas en même temps avoir des ambitions écologistes, travailler sur un projet de PLU bioclimatique [Plan local d'urbanisme, ndlr] et perdre plusieurs hectares d'espace vert», tempête celui qui est à la tête du 15e depuis plus de 14 ans. «C'est totalement contradictoire avec le discours environnemental de la mairie et de l'Etat», alors que «les hélicoptères pourraient partir d’ailleurs».

Lui milite en effet depuis des années pour l'ouverture de 4 à 6 hélistations, disséminées aux quatre coins de la capitale, sur l'échangeur de Bercy (12e), au Bourget (93), à Villacoublay (78) ou encore à La Défense (92) par exemple. Unique moyen selon lui de mettre fin aux nuisances – «pollutions sonore et atmosphérique» – causées par l'héliport, «utilisé en grande majorité pour des vols privés», avec «jusqu'à 100 vols réalisés certains jours» et «jusqu'à 60 le dimanche». 

Un réaménagement nécessaire ?

Interrogé à ce sujet, Gilles Leblanc, le président de l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA), tient un discours quelque peu différent. Pour lui, l'héliport serait «utilisé à 90 % pour des vols liés à des missions de sécurité», au premier rang desquels le trafic de la Sécurité civile et du Samu. Pour lui, les «8.700 à 9.200 vols annuels» ne font d'ailleurs pas de l'héliport une structure très fréquentée.

Quant aux nuisances sonores, celles-ci auraient été d'après ses dires «divisées par deux en 10 ans», notamment grâce au renouvellement de la flotte des hélicoptères. «Il faut que tout soit fait pour minimiser les nuisances», explique-t-il néanmoins, soulignant que l'ACNUSA poussait «le Samu à renouveler les hélicoptères pour avoir des machines de meilleure performance environnementale».

Pour autant, lui qui siège à la tête de cette autorité de contrôle administrative indépendante présente «3 grosses voies de progrès» pour faire de l'héliport un exemple en la matière, avec d'une part «l'amélioration du plan d’aménagement du site», d'autre part «la mise à jour du plan des trajectoires» qui devront être «mieux contenues», et enfin «l'accompagnement des institutions pour favoriser les hélicoptères de meilleure performance acoustique», afin d'«écarter les plus anciens et les plus bruyants».

Car pour lui, tout l'intérêt de réaménager le site serait d'en profiter pour l'améliorer, autant qu'il puisse l'être. C'est-à-dire en «réaxant très légèrement la piste», en «restructurant les tours de contrôle» et en «alignant la rue Henry Farman (15e)». «Aujourd’hui, les bâtiments sont dispersés un peu n’importe où», assure Gilles Leblanc, qui explique que cette dispersion est un facteur de la dispersion du bruit.

A ce sujet, il préconise d'ailleurs de mettre à jour l'arrêté ministériel portant limitation des conditions d'utilisation de l'aérodrome de Paris-Issy-les-Moulineaux les samedis, dimanches et jours fériés, qui date de... 1994. Même chose au sujet du Plan d'exposition au bruit (PEB) de l'héliport de Paris-Issy-les-Moulineaux, qui date quant à lui de 2007, alors que «la loi impose pourtant de le réévaluer tous les 5 ans».

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