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Crack à Paris : les habitants du 16e opposés à l'ouverture d'un centre d'accueil pour toxicomanes

Alors qu'un centre de soins pour toxicomanes doit ouvrir très prochainement dans le quartier d'Auteuil (16e) plusieurs riverains se sont opposés à cette décision. Rien en effet n'a été prévu pour garantir aux riverains que ces personnes en parcours de sevrage ne consommeront pas à la rue. Ils ont prévu de manifester ce vendredi.

Des questions et des craintes. A la rentrée de septembre, des locaux au sein de l'hôpital Chardon-Lagache vont être dédiés à l'accueil et aux soins de consommateurs de crack, en parcours de sevrage. Au total, 35 lits médicalisés doivent être réservés à cet effet.

Des riverains particulièrement inquiets

Si les élus – à l'instar de l'adjointe à la mairie de Paris chargée de la santé publique, Anne Souyris – avaient affirmé en mai dernier que le centre ne «sera pas un espace de consommation» et que les toxicomanes – qui y seront accueillis – «auront déjà effectué un parcours de soins» et «seront déjà stabilisés», les riverains disent leur opposition au projet.

La raison ? Les consommateurs seront libres de leur mouvement. Sophie, résidente du quartier d'Auteuil et maman de trois enfants, avait justement quitté le 18e arrondissement à cause de l'insécurité liée aux scènes de consommation à ciel ouvert.

Elle fait aujourd'hui part de ses inquiétudes : «on apprend à avoir des réflexes de survie et analyser la personne que nous allons croiser. Il m'est déjà arriver de trouver une seringue pleine de sang lorsque j'étais avec les enfants». 

Des craintes partagées par Philippe J.-L., habitant du quartier et lui aussi père de trois enfants. Lui estime que l'arrivée des toxicomanes dans le quartier ira de pair avec une montée de l'insécurité. 

«Je ne vais pas accompagner mes filles de 13 et 16 ans à l'école pour faire le garde du corps», explique le père de famille, qui compte bien se mobiliser pour que le projet soit avorté. «Le papa que je suis est inquiet, et s'il faut aller manifester à République ou un autre endroit, j'irais», a-t-il prévenu.

De son côté, Bruno F. – boucher dont l'enseigne est située rue d'Auteuil (16e) – craint d'être ennuyé par les consommateurs de crack, dans les moments où ils seraient en manque de drogue. «Le manque va les rendre agressifs», s'est inquiété le commerçant, qui a peur d'être, importuné dès 6h, à l'ouverture de son commerce.

Une manifestation prévue vendredi

Ensemble, ils ont donc prévu de manifester leur colère et les inquiétudes, à 18h ce vendredi 17 juin, devant le 1 rue Chardon Lagache (16e). Dans un tract, ils disent «non à l'ouverture en septembre d'une expérimentation de soisn dans un espace ouvert, non aux allées et venues de crackers au milieu de nos 10.000 enfants scolarisés...».

Fortement mobilisés sur les réseaux sociaux, ils appellent la mairie de Paris à renoncer à ce centre. «La plupart des riverains opposés à ce projet sont des gens bienveillants qui estiment qu'on ne doit pas faire un projet mal ficelé, sans recul et géré par des associations non médicales dans un quartier ayant une densité d'enfants 4 fois supérieure à la moyenne parisienne», écrit l'un deux sur Twitter.

Ils sont d'ailleurs soutenus dans leur démarche par le maire du 16e, Francis Szpiner, et son cabinet, qui ont récemment écrit leur désapprobation au sujet de l'implantation de ce centre à la directrice générale de l'Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France.

Dans ce courrier, l'élu LR a fait part de sa «plus catégorique opposition au projet d'ouverture d'un centre médico-social de désintoxication pour usagers de drogue» dans les locaux de l'hôpital Chardon Lagache.

Selon lui, le projet «ne peut raisonnablement pas s'implanter dans ce quartier à proximité immédiate du collège-lycée Jean-Baptiste-Say, de l'église d'Auteuil et de l'hôpital Sainte-Périne dont les activités, tournées vers les personnes âgées, n'ont aucun lien avec le traitement de la toxicomanie».

En face, l'exécutif parisien tient bon et continue de défendre son projet, qui est d'ailleurs financé par l'Agence régionale de santé (ARS) et donc... par l'Etat. «Le soin des usagers de drogues pacifie et renforce la santé des uns et la sécurité de tous», assure de son côté Anne Souyris, qui promet «que du mieux en perspective».

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