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L'édito d'Agnès Verdier-Molinié : «Pouvoir d'achat, encore 26,6 milliards d'euros de dépenses»

Dans son édito de ce vendredi 1er juillet, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, se penche sur le projet de loi sur le pouvoir d'achat, préparé par le gouvernement.

C’est encore plus de 26 milliards de dépenses en plus qui se profilent pour cette année avec la loi pouvoir d’achat. Nous assistons à une valse d’annonces issues de pompiers pyromanes, car l’inflation est en très grande partie le résultat de la politique économique menée ces derniers temps. 5 milliards de revalorisation des retraites, 3,8 milliards de dégel du point d’indice, 14,8 milliards de bouclier tarifaire sur l’énergie… Les vannes des dépenses sont encore ouvertes. 

La cote d'alerte atteinte ? 

Cela fait bien longtemps que la France a atteint la cote d’alerte. Avant les élections, on ne voulait juste pas le voir ! On se mentait dans les grandes largeurs. Maintenant que l’inflation est là, le roi est nu. Derrière les grands débats sur le pouvoir d’achat, nous sommes en train de nous faire tondre par l’impôt, car les recettes publiques rentrent à plein régime sous l’effet de l’inflation. Bercy reconnait 50 milliards d’euros de recettes en plus en 2022 par rapport à ce qui était prévu !  On le voit sur la TVA, mais on va le voir aussi sur les taxes foncières.  Tout l’enjeu de la loi pouvoir d’achat est aujourd’hui pour le gouvernement de nous faire oublier les impôts que nous payons en plus et d’annoncer ostensiblement les augmentations de pouvoir d’achat qui vont être votées.

Une bonne partie de mesures auraient eu lieu de toute façon : retraites, rémunération des agents, augmentation des minima sociaux. Cela aurait juste eu lieu plus tard, en 2023.

Une bonne loi pouvoir d’achat reverrait d’abord le barème de l’impôt sur le revenu, car cela n’est prévu qu’en 2023. La révision du barème de l’impôt sur le revenu avec la vraie inflation (5,8% et pas 1,5…) pour 2022 permettrait de faire baisser le poids de l’impôt de 5 à 10% pour les ménages. On pourrait ajouter au lieu de faire des chèques d’augmenter l’abattement forfaitaire pour frais professionnels de 10 à 15% pour tout le monde. Cela aurait un coût d’environ 3,6 milliards d’euros par an, mais ce serait plus équitable pour tous les contribuables. Et ceux qui ne paient pas d’impôts sur le revenu pourraient avoir un crédit d’impôt pour un coût annuel inclus de 0,8 milliard.

Pour alléger les coûts pour les Français et leurs entreprises sur l’énergie, la logique serait de supprimer les taxes sur les taxes. La suppression de la TVA sur les taxes sur l’énergie (TICPE, TICGN, TICFE) baisserait la fiscalité de 11 milliards d’euros par an (3,7 sur les carburants) !

Pour la prime Macron, enfin, on pourrait la débloquer quel que soit le niveau de revenus. L’avantage de ces mesures, c'est qu’elles n’alimentent pas la spirale inflationniste dans une boucle infernale prix/ salaires. L’idée serait déjà de ne pas prendre leur pouvoir d’achat aux Français…

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