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Racisme : des Français plus tolérants mais des préjugés persistants, selon la CNCDH

La tolérance envers les minorités est en hausse en France ces dernières années, même si certains groupes restent «stigmatisés», à l’image des populations roms. [Loic VENANCE / AFP]

Dans son 31e rapport annuel publié ce lundi 18 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) met en garde contre la stigmatisation de certaines minorités, comme les Roms, en France. Même si les chiffres font état d’une tolérance globale en hausse ces dernières années, la CNCDH donne des pistes pour accentuer la lutter contre les discriminations systémiques.

Une acceptation des minorités en hausse dans l’Hexagone depuis 1990. C’est le premier constat dressé par la Commission nationale consultative des droits de l’Homme dans son rapport annuel communiqué ce lundi.

«De 1990 à 2022 (...) l’acceptation des minorités a globalement progressé en France. Et depuis 2015, le niveau de tolérance semble poursuivre sa progression», a détaillé Jean-Marie Burgubur, le président du CNCDH, dans le texte.

Toutefois, «les discours stigmatisants aux relents racistes et xénophobes n’ont pas disparu de l’espace public et médiatique. Les mois de crise sanitaire ont réactivé les théories complotistes antisémites et la campagne présidentielle a été marquée par le retour obsessionnel de la thématique sécuritaire, susceptible de renforcer les réflexes de fermeture et de repli xénophobes», a nuancé le patron de la Commission.

Globalement, la tolérance envers les minorités est en hausse en France ces dernières années, même si certains groupes restent «stigmatisés», à l’image des populations roms, selon l’état des lieux sur le racisme fait par la CNCDH et remis ce lundi à la ministre déléguée auprès de la Première ministre chargée de la Diversité, Isabelle Lonvis-Rome.

L’«indice de tolérance» en hausse depuis dix ans

Instauré en 2008 et calculé par Vincent Tiberj, un des chercheurs de l’équipe, sur la base d’enquêtes en ligne et en face-à-face réalisées par la CNCDH, l’indice de tolérance est en constante progression depuis sa mise en place. Cette année, l’indice de tolérance dans l’Hexagone est de 68 sur une échelle de 100 (niveau maximal de tolérance), soit 2 points de plus qu’en 2019 et 14 de plus qu’en 2013.

Dans le détail, les minorités noires et juives sont les moins victimes d’intolérance, avec un seuil respectif de tolérance de 80 et de 79, alors que les minorités musulmanes et roms sont les plus ciblées par le manque de tolérance, avec des indices respectifs de 62 et de 52.

Ces deux dernières minorités sont également les plus ciblées par les préjugés racistes les plus ancrés dans la société française. 45 % des Français pensent que les «Roms vivant essentiellement de vols et de trafics» (contre 48,2 % en 2019), 38 % des sondés sont convaincus que «l’islam est une menace contre l’identité française» (contre 44,7 % en 2019) et 37 % d’entre eux estiment que «les Juifs ont un rapport particulier à l’argent» (contre 34,1 % il y a deux ans).

douze recommandations

Afin de mettre fin aux derniers préjugés et actes d’intolérance en France, la CNCDH dévoile 12 recommandations «prioritaires», comme faire de la lutte contre les discriminations liées à l’origine une des priorités de l’Etat», instaurer une trêve scolaire, mettre en place la plainte en ligne ou encore mieux former les enseignants, les forces de l’ordre et les magistrats sur cette thématique.

La CNCDH demande également «des moyens humains et financiers consacrés à la lutte contre l'antitsiganisme», accompagnés d’un «engagement du gouvernement pour faire évoluer le regard et les pratiques vis-à-vis des populations roms».

Tablant sur un chiffre de 1.330 expulsions de lieux de vie informels répertoriés en 2021, la Commission recommande enfin la mise en place d’une «trêve scolaire afin de prévenir toute rupture de scolarisation liée à une expulsion».

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