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Incendies : que se passe-t-il dans la tête d’un pyromane ?

En période estivale, les incendies sont plus fréquents comparativement au reste de l'année. Et s’ils sont parfois dus au climat, certains sont l'oeuvre de pyromanes.

Alors que plusieurs incendies ravagent la faune et la flore française depuis une dizaine de jours, les dernières enquêtes ont révélé que certains d’entre eux ont été causés par l’homme.

Cela a notamment été le cas dans l’Héraut, où un sapeur-pompier volontaire a reconnu être à l’origine de plusieurs départs de feu dans la région, tout comme le quadragénaire qui a avoué avoir provoqué des incendies en Ardèche, détruisant 1.200 hectares de végétation. Deux profils de pyromanes, dont le mécanisme psychique suscite la curiosité.

En psychiatrie, la pyromanie est considérée comme un trouble grave du comportement, marqué par un désir d’être spectaculaire aux yeux du monde et d'être au contraire discret pour soi-même, a ne surtout pas confondre avec les incendiaires.

Invité dans La Belle Equipe le 19 juillet dernier, sur CNEWS, le Docteur Jean-Pierre Bouchard, psychologue et criminologue, avait tenu avant toute chose à détailler cette différence : «les incendiaires sont des gens qui ont la volonté de mettre le feu pour différentes raisons, pour se venger de quelque chose, pour faire valoir autre chose», ceci a contrario des pyromanes qu'il considère comme «des cas beaucoup plus rares et beaucoup plus inquiétants», ayant «un potentiel de récidive important».

«Une perversion sexuelle»

Le psychologue et criminologue avait par ailleurs expliqué que pour les pyromanes, mettre le feu était semblable à «une perversion sexuelle» ou encore une «jouissance érotique». 

Une analyse partagée par le psychiatre et ancien-chef du service médico-psychologique régional (SMPR) de Lyon et expert agréé par la Cour de cassation, Pierre Lamothe, qui, lors d'une interview accordée à CNEWS l'année dernière, avait déclaré que ce dysfonctionnement faisait souvent référence à «une problématique particulière du développement psychoaffectif et sexuel» avant d'ajouter que «le pyromane met le feu pour jouir du spectacle visuel».

«TRÈS DIFFICILE À SOIGNER»

Les deux experts s'étaient également rejoints sur ce point : la pyromanie est un trouble complexe à traiter. En effet, le Docteur Bouchard affirmait que les pyromanes «sont mal connus» et donc très difficile à soigner «parce qu'ils ne sont généralement pas débusqués et arrêtés». 

De son côté Pierre Lamothe, qui est par ailleurs aussi expert en criminologie, avait indiqué qu'«ils sont difficiles à soigner car ils ne ressentent pas de culpabilité» et préfèrent «se retrancher derrière le fait que c’est le hasard qui a voulu que leur mini geste fasse des maxi dégâts».

Pour lui, si l'on veut persuader un pyromane de changer de comportement, il faut justement d’abord lui faire comprendre qu'il est un pyromane. «Il doit réaliser qu’il a un énorme problème depuis l’enfance avec l’agressivité», une tâche loin d'être aisée, car, souvent, il a grandi dans un milieu très cadré «dans lequel on n’a pas le droit de se révolter».

Plus inquiétant encore, ce trouble du comportement peut même s'avérer être contagieux. Nombreux sont les spécialistes qui s'accordent à dire que les images d'incendies peuvent exercer chez certains profils une sorte de fascination, au point de déclencher chez eux ces pulsions de pyromanie.

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