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Corruption, favoritisme : Bernard Laporte condamné à 2 ans de prison avec sursis

La présidente du tribunal a relevé la «méconnaissance» par Bernard Laporte des «principes de déontologie» qu'il était pourtant chargé d'appliquer. [FRANCK FIFE / AFP]

Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby, a été condamné à 2 ans de prison avec sursis et 75.000 euros d'amende pour corruption et trafic d’influence.

A un an de la Coupe du monde de rugby en France, l’image n’est pas belle. Plusieurs dirigeants de ce sport, dont Bernard Laporte, président de la fédération (FFR), Serge Simon, son vice-président, ou encore Mohed Altrad, président du club de Montpellier (champion de France) et Claude Atcher, directeur général de la Coupe du monde - récemment suspendu de ses fonctions -, ont été jugés ce mercredi par le tribunal correctionnel.

Bernard Laporte a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 75.000 euros d'amende, coupable d'avoir rendu une série d'arbitrages au bénéfice de Mohed Altrad après avoir perçu de sa part 180.000 euros en mars 2017 en vertu d'un contrat d'image secret et jamais exécuté. 

Justifiant la condamnation par la «gravité des faits», la présidente du tribunal a relevé la «méconnaissance» par Bernard Laporte des «principes de déontologie» qu'il était pourtant chargé d'appliquer et les «atteintes» à son impartialité. Le président de la FFR a été reconnu coupable de cinq des six infractions pour lesquels il était poursuivi, dont la corruption passive et le trafic d'influence.

Le tribunal a bien décidé de l'exclure de toute fonction dans le rugby pendant deux ans mais cette peine complémentaire n'est pas exécutoire et sera donc suspendue le temps d'examiner son appel du jugement, aussitôt annoncé par ses avocats. Pour autant, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a estimé que cette condamnation «fait obstacle» à la poursuite de sa mission à la tête de la FFR.

PDG du géant du BTP du même nom, Mohed Altrad a quant à lui été condamné à 18 mois de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende pour avoir «pesé de tout son poids» afin de tourner sa relation avec Bernard Laporte à son avantage. L'homme d'affaires et président du club de Montpellier (Top 14) va étudier «les motivations» du jugement avant de prendre sa décision sur un éventuel appel, a indiqué à l'AFP son avocat Antoine Vey.

Prise illégale d'intérêt et corruption passive

L’enquête menée par le Parquet national financier (PNF), qu'avait détaillée L'Equipe, comporte plusieurs axes. Elle a relevé des soupçons de «prise illégale d’intérêt», de «corruption passive» et de «trafic d’influence passif», durant l’année 2017. Mohed Altrad, dont l’entreprise de BTP est le sponsor apparaissant sur le maillot du XV de France, en aurait été le bénéficiaire, tandis que Bernard Laporte serait le coupable, selon le PNF.

Le dossier comprend une première ligne datée de février 2017, au moment où Bernard Laporte et Mohed Altrad ont passé un contrat de 180.000 euros selon lequel le premier, déjà président de la FFR depuis 2016, s’engageait à réaliser des séminaires pour le groupe Altrad, en lui cédant son image. L’accusation a pointé que si le versement avait bien été effectué, la contrepartie n’avait pas été assurée.

Un système de favoritisme pointé par le PNF

Le problème étant qu'à partir de cette date, plusieurs interventions d'un Bernard Laporte «président de la fédération» auraient été faites en faveur de Mohed Altrad. En mars, il avait ainsi signé le contrat de partenariat d’1,8 million d’euro de sponsor maillot, sans en avertir la division marketing de la FFR (un autre contrat a ensuite été passé en 2018 avec ce même sponsor, sans mise en concurrence, le PNF y voyant un signe de corruption).

Le même mois, la fédération et Bernard Laporte s’étaient aussi opposés au report de deux matchs de Top 14, décidés par la Ligue nationale de rugby (LNR), et dont l’un concernait le Montpellier HR, club possédé par Mohed Altrad, qui ne souhaitait pas ce report. Le Conseil d’Etat avait émis des réserves sur la légalité de la manœuvre de la FFR. Ensuite, en juin, un appel téléphonique du président de la FFR à la commission de discipline avait coïncidé avec la baisse d’une amende contre le club de Montpellier, de 70.000 à 20.000 euros.

Le PNF estime que chacun de ces faits est un retour des choses de Bernard Laporte à Mohed Altrad. La défense du président de la FFR a assuré de son côté que «les actes accomplis l’ont tous été dans l’intérêt de la fédération», en qualifiant les griefs faits à l’encontre de son client de «parfaitement artificiels». Elle a aussi affirmé que le contrat conclu entre les deux hommes en 2017 a été stoppé quelques mois après, à la suite de sa divulgation de la presse.

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