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Paris : le Sacré-Cœur, bientôt classé au titre des monuments historiques ?

Le Sacré-Cœur de Montmartre pourrait bientôt être classé au titre des Monuments Historiques. Le Sacré-Cœur de Montmartre est l'un des monuments les plus visités de Paris.[© Thomas COEX / AFP]

Si la décision n'est pas encore actée, le classement du Sacré-Coeur au titre des «monuments historiques» n'a jamais été aussi proche. Réunis au Conseil de Paris, les élus ont en effet majoritairement voté en faveur de ce vœu, qui permettrait d'assurer la plus haute protection à ce qui est l'un des monuments les plus visités de la capitale.

Il reste encore du chemin à faire. Si les élus parisiens – sans le soutien des élus écologistes – ont donné leur aval ce mardi pour demander à l'Etat d'octroyer au Sacré-Cœur son classement au titre des «monuments historiques», cette reconnaissance ne lui a pas encore été accordée. Pour cela, il faut encore que le ministère de la Culture s'empare du dossier.

Une histoire douloureuse

Mais c'est un pas dans la bonne direction, compte tenu des divisions qui existent depuis des années à ce sujet entre les défenseurs du projet et les anticléricaux, qui défendent l'histoire douloureuse de la Commune (1871). Car c'est toute l'histoire de la basilique du Sacré-Cœur qui doit être prise en considération. 

En 1875, quelques années après la défaite de la France face à la Prusse (1870) et après la Commune (mars à mai 1871), la pose de la première pierre de l'édifice vient rappeler à tous que l'insurrection des Parisiens a débuté à cet endroit même, lorsque le gouvernement du Second Empire est venu confisquer les canons des ouvriers entreposés à Montmartre, et est vécu comme une gifle par les Communards.

«L'édifice, dès le départ, porte l'opinion d'une frange politiquement très clivante, les ultra-catholiques», qui veulent «mater un quartier jugé insurrectionnel du nord-est parisien», mais aussi «expier la Commune de 1871 ainsi que toutes les révolutions depuis 1789», témoigne le maître de conférences à l'Université Paris-I Panthéon-Sorbonne Eric Fournier, à ce sujet.

Depuis, il est associé à l'«ordre moral» répressif de l'époque. Pour l'élu communiste Raphaëlle Primet, «l'édification de cet odieux édifice religieux» est «l'aboutissement» même de cette répression, et ce, «sur ces morts que l'on estime à près de 30.000». A son côté, l'Insoumise Danielle Simonnet a quant à elle dénoncé une «apologie du meurtre des 32.000 communards».

Une responsabilité partagée

Mais c'est la question patrimoniale qui importe aujourd'hui pour la municipalité parisienne, qui porte seule la charge de cet imposant monument. Alors qu'une fois le classement acté, cette protection impliquera «une responsabilité partagée entre les propriétaires», c'est-à-dire la Mairie de Paris, «et la collectivité nationale au regard de sa conservation et de sa transmission aux générations à venir».

Karen Taïeb, l'adjointe au patrimoine de la Ville de Paris, a fait valoir que «le classement compren[ait] le square Louise Michel, qui porte le nom d'une grande personnalité de la Commune». Cela «permet de faire dialoguer ces deux histoires sans oublier ni l'une ni l'autre».

Concrètement, le classement aux monuments historiques permettra que d'éventuels travaux soient pris en charge «jusqu'à 40 % du budget» par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), contre 20 % pour une inscription, le niveau de protection inférieur obtenu en 2020, a souligné Karen Taïeb, l'adjointe à la mairie de Paris chargée du patrimoine.

«Même si l'histoire a été mouvementée, on ne peut pas rester avec une vision passéiste des choses, il faut avancer et voir que ce lieu maintenant est emblématique», a souligné de son côté le père Stéphane Esclef, recteur du Sacré-Cœur de Montmartre.

De fait, lui souhaiterait mettre en branle certains chantiers urgents, dont la création d'«un accès facilité pour les personnes à mobilité réduite» mais aussi «la rénovation de l'orgue Cavaillé-Coll, dans un état déplorable depuis six ans». A plus long terme, il aimerait également «ouvrir la crypte aux visiteurs», pour l'instant interdite au public pour des raisons de sécurité.

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