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Paris : 634 personnes «mises à l'abri» lors de l'évacuation d'un campement de migrants à Barbès

Une opération de "mise à l'abri" a été organisée ce jeudi matin, boulevard de la Chapelle. Une opération de «mise à l'abri» a été organisée ce jeudi matin, boulevard de la Chapelle. [© Capture d'écran Twitter @Utopia_56]

Un mois après l'évacuation du camp de mineurs isolés installé place de la Bastille (12e) à Paris et d'un autre Canal de l'Ourcq (19e), 634 personnes ont été «mises à l'abri» ce jeudi 27 octobre par les forces de l'ordre, évacuées de leur campement de fortune installé au niveau du boulevard de la Chapelle (18e).

Pas moins de 634 hommes isolés ont été «mis à l'abri» dans le cadre de l'«opération de la Chapelle», a communiqué la préfecture de police (PP) de Paris ce jeudi, soulignant qu'un campement s'était «constitué «ces dernières semaines» sur le boulevard de la Chapelle (18e) entre les métros Barbès et La Chapelle.

«Afin de procéder à la mise à l'abri, des places ont été mobilisées en Ile-de-France et en province», poursuit la PP, qui déplore le fait que toutes les personnes présentes n'aient pas pu être prises en charge, alors que les dernier comptages faisaient état de «550 à 600 personnes» sur ce camp.

Au total, selon les chiffres de la PP, 406 personnes ont été orientées en région, hors Ile-de-France, et 228 ont été conduites vers des centres d'hébergement franciliens «où elles vont bénéficier d'une évaluation de leur situation administrative, d'un accompagnement social, sanitaire et administratif avant d'être réorientées».

«Sans proposition d'hébergement»

Une «expulsion violente», selon Utopia 56, qui dénonce cette évacuation réalisée «sous couvert d'une "mise à l'abri" et sans proposition d’hébergement». «Ces personnes en demande d'asile survivaient sous un pont du nord de Paris depuis des mois», explique cette association qui vient en aide aux migrants sur le terrain.

Impossible de savoir combien de personnes sont restées sur place, mais une fois les bus remplis, il restait encore des dizaines de personnes sur le site. Des migrants – primo-arrivants, souvent demandeurs d'asile, parfois dublinés [c'est-à-dire qu'ils ont déjà fait une demande d'asile dans un autre pays de l'Union européenne que la France] – qui n'ont eu d'autres choix que de retourner à la rue.

Sur place, le même discours, impossible de «mettre à l'abri» tout le monde. Plusieurs centaines de réfugiés, dont des Afghans, ont donc été laissés là, repartant s'installer ailleurs matelas et tente sous le bras, pour éviter de perdre au passage cette protection nécessaire pour passer la nuit à l'abri.

«Mobilisation dans les prochaines semaines»

«L'afflux soudain et important de nouvelles personnes n'a pas permis la prise en charge de l'ensemble du public présent, et ce malgré les moyens importants déployés par les services de l'Etat qui poursuivront leur mobilisation dans les prochaines semaines pour permettre une prise en charge de ceux n'ayant pu bénéficier d'une orientation», concède la PP.

Quant à Utopia 56, l'association déplore que «la politique du gouvernement consiste inlassablement à stigmatiser ces personnes en leur imposant la rue». En outre, l'association dénonce la différence de traitement qui existe selon elle entre les réfugiés ukrainiens et les autres.

«En neuf mois, la France a pu accueillir 100.000 personnes fuyant la guerre en Ukraine. Nous ne parlons pas de capacité, mais de volonté», fait-elle savoir, regrettant que les mêmes conditions ne soient pas réunies pour tout le monde.

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