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Paris : les immeubles-ponts au-dessus du périphérique de l'ouest parisiens verront-ils bien le jour ?

Le projet «Mille Arbres» devait voir le jour au-dessus du périphérique entre le Palais des congrès et Neuilly-sur-Seine. Le projet «Mille Arbres» devait voir le jour au-dessus du périphérique entre le Palais des congrès et Neuilly-sur-Seine. [© Ogic]

Plus d'un an après l'annulation des permis de construire qui devaient voir le jour au-dessus du périphérique près de la Porte Maillot (17e), la question de la construction d'immeubles-ponts au-dessus de cet axe urbain, pourtant considéré comme très pollué, est de nouveau sur la table. Le sujet sera débattu au prochain Conseil de Paris, qui s'ouvrira mardi 13 décembre.

La municipalité parisienne a décidé de se pourvoir en cassation auprès du Conseil d'Etat concernant deux projets immobiliers – «Mille Arbres» et «La ville multi-strates» – qui devaient être réalisés au-dessus du périphérique, mais qui avaient été retoqués par la justice en raison des risques liés à la pollution. Pourquoi tient-elle tant à ces constructions ?

«Histoire d'ego» disent certains élus, quand d'autres évoquent la possibilité que la Ville doive payer «des pénalités en raison de son engagement avec les constructeurs des deux projets». Du côté de la Ville, on rappelle qu'on parle d'«assez peu de projets d'aménagement» à l'échelle de tout Paris.

Et de défendre son souhait de se pourvoir en cassation en raison du manque de perspective de la justice pour ce projet «qui ne verra pas la jour avant dix ans». «Pour la justice, c'est comme si le projet était pour demain, mais il ne va pas sortir avant minimum dix ans», tonne-t-on à l'Hôtel de Ville.

La pollution au cœur du débat ? 

Début octobre, la Cour administrative d'appel avait en effet rejeté l'appel de la Ville et des deux constructeurs, estimant que «le déplacement des polluants issus de la circulation automobile à l'entrée et à la sortie des tunnels créés par les projets entraînera, en particulier, une augmentation de la concentration de dioxyde d'azote aux alentours».

Une décision qui ne prend «pas en compte les impacts positifs des politiques de réduction des pollutions mises en œuvre par la Ville» et qui verront le jour dans les prochaines années, assure-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris, également chargé de l'urbanisme, qui estime que «ces éléments méritent d'être pris en compte», 

Et d'énumérer ces mesures anti-pollution : «la végétalisation du boulevard périphérique, l'interdiction des véhicules diesel à Paris et sur le territoire de la Métropole en 2024 via la Zone à faibles émissions (ZFE) ou encore la réduction de la place de la voiture en ville». Autant de projets «déjà engagés réglementairement».

Les écologistes se positionnent contre le projet

Les élus écologistes ont immédiatement réagi en demandant à l'exécutif de renoncer à ce pourvoi. Dans un vœu qui sera débattu au prochain conseil de Paris – qui doit se tenir du 13 au 16 décembre – ces derniers demandent donc à la municipalité de «prendre acte des décisions de la Cour administrative d'appel de Paris confirmant l'annulation des permis de construire relatifs aux projets d'immeuble-pont» et par conséquent, de «renoncer par conséquent à se pourvoir en cassation».

En outre, ils demandent également à la municipalité de «mettre tout en œuvre, notamment via la révision du PLU [plan local d'urbanisme, ndlr] pour interdire les projets en cours ou à venir d'immeuble-pont». «Nous voulons que la municipalité intègre l'interdiction de construire des immeubles-ponts et revienne à la raison sur ce sujet», avance Nathalie Maquoi, élue Les écologistes dans le 20e.

Selon elle, le risque d'une exposition à des taux de pollution beaucoup trop importants, révélée par les études d'impact déjà réalisées, ne vaut pas le coup face au seul fait de «marquer la Ville d'un geste urbain très fort». Sans parler de «la quantité de béton à faire tenir» pour réaliser de tels prouesses architecturales.

«La justice a annulé les permis de construire de deux immeubles qui enjambent le périphérique pour des raisons de santé publique. Mais la Maire de Paris a décidé de se pourvoir en cassation. Les écologistes s'y opposent fermement», a réagi Emile Meunier, qui évoque «l'égo de la maire de Paris» face à ce qui pourrait être considéré «comme une victoire des Ecologistes».

«Les écologistes ont un meilleur plan pour les abords du périphérique», poursuit l'élu EELV, qui entend «faire renaître la ceinture verte», via le «classement des talus en "espace vert protégé"», via la «transformation du périphérique en boulevard urbain» à l'instar de ce qui est fait sur les Maréchaux» ou encore via «l'interdiction des constructions en bordure de voie».

Aujourd'hui, un seul autre projet d'immeuble-pont serait concrètement à l'étude, avec la construction d'un hôtel 4 étoiles au-dessus du périphérique dans le cadre du réaménagement de la porte de Montreuil (20e). Un projet «qui ne verra jamais le jour», veut croire Nathalie Maquoi.

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