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Chlordécone aux Antilles : le dépistage des ouvriers agricoles généralisé dès février

Le non-lieu prononcé par la justice française dans le scandale du chlordécone a provoqué la colère des victimes, en Martinique et en Guadeloupe. [Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

En déplacement ce samedi 14 janvier en Martinique, le ministre délégué aux Outre-mer a annoncé le lancement dès février d'un dépistage généralisé de l'exposition au chlordécone des ouvriers agricoles.

Quelques jours seulement après le non-lieu prononcé par la justice française dans le scandale du chlordécone, le gouvernement a annoncé, samedi 14 janvier, l'accélération du déploiement du dépistage sanguin des salariés agricoles en Martinique et Guadeloupe Le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, a promis une généralisation de ces tests permettant de mesurer l'exposition à ce dangereux pesticide dès le 6 février.

Ces dépistages étaient déjà disponibles auparavant mais peu de travailleurs y avaient recours en raison de l'éloignement des laboratoires. A partir du 6 février, et grâce à cette campagne gratuite portée par l'Agence régionale de santé (ARS), les prises de sang se dérouleront au sein même des exploitations agricoles.

Annoncé le 16 décembre dernier, ce dispositif devait à l'origine être déployé «au courant du premier semestre 2023» dans 23 exploitations bananières de la coopérative Banamart, avant de s'étendre «ultérieurement» à d'autres secteurs agricoles. Mais Jean-François Carenco s'est, selon ses propres mots, «un peu énervé» pour que les dépistages soient généralisés dès le 6 février.

Les syndicats estiment que 6.000 à 7.000 ouvriers agricoles devraient être testés. Le chlordécone a été utilisé pendant des décennies dans les bananeraies de la Martinique et de la Guadeloupe, avant d'être interdit en 1993, en raison de sa toxicité. Selon un rapport publié le 6 décembre par l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses), près de 90% des populations locales sont contaminées au chlordécone.

Un «scandale sanitaire» mais pas de poursuites

Un chiffre terrifiant, sachant qu'en 2021 l'Inserm a publié une expertise «pesticides et santé» concluant à la présomption forte d’un lien entre l’exposition au chlordécone de la population générale et le risque de survenue de cancer de la prostate.

Une information judiciaire était ouverte depuis 2008 sur l'empoisonnement de la population et de l'environnement lié à ce pesticide. Elle n'a engendré aucune poursuites, se soldant par un non-lieu prononcé le 2 janvier dernier. Ce, alors même que deux juges d'instruction parisiennes ont qualifié l'affaire de «scandale sanitaire».

En Martinique, à Fort-de-France, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté devant le palais de justice vendredi, pour exprimer leur colère face à cette décision. Lors d'une conférence de presse, Jean-François Carenco a lui-même reconnu «l'humiliation» infligée aux victimes du chlordécone «en faisant traîner cette affaire pendant trente ou quarante ans».

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