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Energie : dans la tourmente, EDF annonce une dette record de 64,5 milliards d'euros

La mise en place du «bouclier tarifaire» a contraint EDF à vendre plus d’électricité à bas prix à ses concurrents qu’à l’accoutumée. [SEBASTIEN BOZON/AFP]

Le géant de l'électricité EDF a annoncé ce vendredi 17 février une dette record pour l'année 2022, à hauteur de 64,5 milliards d'euros due aux déboires de son parc nucléaire et des difficultés d’approvisionnement énergétique causées par la guerre en Ukraine.

Une année noire pour le premier fournisseur d’électricité en Europe. EDF a présenté ses résultats annuels lors d’une conférence de presse organisée ce vendredi 17 février. L'occasion d'annoncer une dette record de 64,5 milliards d'euros. Un chiffre qui se creuse par rapport à l’année 2021, où cette dernière avait atteint les 43 milliards d’euros.

Le grand groupe français a dû faire face à de nombreux problèmes rencontrés sur ses installations l’an dernier, comme la corrosion sur des tuyauteries affectant la sûreté de ses réacteurs nucléaires. Près de la moitié des 56 réacteurs ont parfois été coupés, produisant de graves tensions sur le réseau d’électricité, notamment en hiver, faisant planer la menace de coupures électriques.

Une production d’électricité historiquement basse

Avec la flambée générale des prix de l'électricité, EDF a vu revenir de nombreux clients français, mais n'a pas pu assez produire avec ses centrales : le groupe a dû acheter à prix d'or de l'électricité sur les marchés. Et pour cause, le pays a atteint en 2022 le plus bas niveau de sa production d’électricité depuis 1992.

La veille, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE publiait son bilan annuel, faisant état d’un net recul du nucléaire dans la production électrique en France l’an dernier. Sa part est passée de 69 % en 2021 à 62,7 % en 2022.

«Malgré une forte hausse du chiffre d'affaires soutenu par les prix de l'électricité et du gaz, l'Ebitda (marge brute d'exploitation) est fortement pénalisé par la baisse de production nucléaire ainsi que les mesures régulatoires exceptionnelles mise en place en France pour 2022, dans des conditions de marché difficiles», a commenté vendredi le PDG Luc Rémont, arrivé à l'automne dernier avec de lourds défis à relever pour l'entreprise.

Néanmoins, le dirigeant s'est voulu rassurant, confirmant «la fourchette de production nucléaire de 300 à 330 térawattheures (en 2023), soit une sortie progressive de la crise de la corrosion sous contrainte», c'est-à-dire le problème des microfissures relevées sur des portions de tuyauteries, qui a mis à l'arrêt nombre de réacteurs depuis fin 2021.

L’IMPACT DIRECT DE LA GUERRE EN UKRAINE

Parmi les autres facteurs expliquant les déboires financiers du groupe, la guerre en Ukraine a joué un rôle majeur sur les difficultés d’approvisionnement énergétique vers la France.

Pour compenser cet impact sur la vie quotidienne des Français, l’Etat a mis en place un «bouclier tarifaire» en leur faveur. Premier contributeur sur le volet énergétique, EDF a été contraint de vendre plus d’électricité à bas prix à ses concurrents qu’à l’accoutumée. Une mesure au coût exorbitant pour l'opérateur historique, puisque cela lui aura coûté la modique somme de 8,34 milliards d'euros.

Les revendications affichées par les salariés des centrales nucléaires pour l’octroi d’une meilleure rémunération en 2022 n’ont pas arrangé les affaires du géant français. Ces derniers ont usé de mouvements de grève pour se faire entendre, paralysant ponctuellement l’activité locale, et donc la production de l’entreprise.

L’Assemblée vote pour renationaliser EDF

La semaine dernière, un texte socialiste pour une «nationalisation» d'EDF sans risque de «démantèlement» a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Ce dernier a aussi intégré la mise en place d’un bouclier tarifaire étendu pour les artisans et petits commerçants.

Déjà présent à plus de 90 % dans le capital de l’entreprise, l’Etat a répété à plusieurs reprises son ambition d’investir dans le rachat total de l’entreprise. Le gouvernement a d’ailleurs chargé Luc Rémont, nouveau PDG du géant français, de mener les prochains chantiers du groupe énergétique.

Ce dernier, chargé par l'exécutif de présenter une recette de sauvetage d'ici au printemps, affirmait en octobre que ce système était à «bout de souffle».

«L’état va nous permettre de financer les investissements et de faire face aux besoins de financement du groupe», a déclaré vendredi Xavier Girre directeur financier d'EDF, qui affiche aussi comme objectif pour 2023 «un Ebitda significativement supérieur à celui de 2021». Quant à Luc Rémont, il doit rendre sa feuille de route pour redresser le groupe à la Première ministre avant l'été.

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