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Un an de guerre en Ukraine : malgré le drame humanitaire, les soignants tiennent le choc

Une médecin volontaire s'occupe de soldats blessés dans un bus d'évacuation médicale, dans la région de Donetsk, le 11 février 2023. [YASUYOSHI CHIBA / AFP]

Un an de guerre a laissé les populations de l'est de l'Ukraine meurtries, aussi bien physiquement que mentalement. Soutenu par les Occidentaux, le système de santé ukrainien résiste.

La guerre en Ukraine est avant tout un drame humanitaire, sans doute le plus terrible qu'ait connu l'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Outre les milliers d'Ukrainiens et de Russes tombés sur le champ de bataille, le conflit a directement frappé les civils de l'est et du sud du pays.

Il est encore difficile d'établir un bilan fiable des dégâts humains mais selon le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, au minimum 7.000 civils ont été tués et 12.000 blessés l'an dernier. D'autres estimations, comme celles de l'armée norvégienne, font état de plus de 30.000 civils tués. Les enfants ne sont pas épargnés. 400 auraient perdu la vie, selon Kiev.

Rien qu'à Marioupol, l'une de ces villes martyres rasées par les bombardements russes, les autorités ukrainiennes régionales avaient estimé le nombre de morts à 20.000.

un système de santé résilient

L'invasion de l'Ukraine déclenchée le 24 février par Vladimir Poutine a frappé de plein fouet le système de santé ukrainien. Depuis le début de l’offensive russe, 1.218 installations médicales, dont 540 hôpitaux, ont été endommagées. De plus, 173 hôpitaux sont même complètement détruits, selon le ministre de la santé, Viktor Liashko. Certaines images ont particulièrement frappé l'opinion, comme le bombardement de la maternité de Marioupol en mars 2022.

Malgré les blessés qui arrivent par centaines et les nombreuses coupures d'électricité, les soignants tiennent bon et peuvent compter sur un système de santé ukrainien bien développé. «Avant le déclenchement du conflit, l'Ukraine disposait d'un personnel qualifié, de ressources importantes et d'un bon matériel médical», explique à CNEWS Robin Ehret, coordinateur de projet MSF dans le sud de l'Ukraine. «Aujourd'hui, le système de santé est évidemment perturbé mais il fonctionne», souligne-t-il.

Le responsable humanitaire présent à Mykolaïv se dit admiratif de la résilience des Ukrainiens, qui s'explique selon lui par «les efforts du personnel soignant et la mobilisation de la société civile». «Des réseaux de solidarité se sont rapidement mis en place, pour maintenir l'approvisionnement en médicaments par exemple», rapporte-t-il.

des populations privées de soins

La situation de certaines populations n'en est pas moins catastrophique, que ce soit près du front ou dans les régions occupées par l'armée russe. Dans les villes reprises par l'armée ukrainienne après des mois d'occupation, les humanitaires découvrent des habitants «qui n'ont pas vu de médecins pendant plusieurs mois».

Les personnes dans le besoin ne sont d'ailleurs pas toujours celles auxquelles on pense. «Il n'y pas que les victimes des combats. Il y a aussi des personnes qui ont des maladies chroniques et qui ont été privées d'accès aux soins», précise Robin Ehret.

Sur le plan de l'aide humanitaire, les soignants ukrainiens bénéficient de dons de matériel médical mais aussi de formation à la médecine de guerre. Le médecin et député français Philippe Juvin (LR) s'est rendu en Ukraine dans cet objectif.

santé mentale

«Les Ukrainiens manquent aussi de moyens pour la réhabilitation post-opératoire des blessés de guerre», ajoute l'humanitaire, qui évoque des besoins dans la rééducation (physiothérapie) et la prise en charge psychologique.

La santé mentale est en effet l'une des priorités des soignants. De nombreux Ukrainiens, vieillards comme enfants, ont vécu des situations traumatisantes : logement détruit, exil, perte de proches, crimes de guerre... Dans un village au nord-ouest de Kherson, «nous avons reçu deux enfants qui avaient passé huit mois dans une cave», témoigne encore Robin Ehret.

Plus grave encore, de nombreux civils ont été victimes d'exactions allant d'actes de torture à des violences sexuelles. Dans un rapport remis en septembre 2022, les enquêteurs de l'ONU ont confirmé l'existence de «crimes de guerre» commis en Ukraine par les forces russes.

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