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Lambert contre Lambert : Disney+ lance sa série documentaire sur l'affaire Vincent Lambert ce mercredi 10 mai

Décédé il y a quatre ans, Vincent Lambert avait été maintenu en état végétatif pendant 11 ans, en raison d’une bataille judiciaire entre ses proches. [Disney et ses sociétés affiliées]

Quatre ans après la mort de Vincent Lambert, Disney+ explore son histoire, devenue emblématique du débat sur la fin de vie, au travers d'une série documentaire riche en témoignages inédits, qu'elle diffuse dès ce mercredi 10 mai.

Un an après la sortie de la série «Oussekine», qui revenait sur l'affaire Malik Oussekine, mort sous les coups des policiers en 1986, Disney+ se saisit à nouveau d'une histoire individuelle qui a marqué la France toute entière, celle de Vincent Lambert.

Le 11 juillet 2019, la mort après l’arrêt de ses traitements de cet infirmier devenu tétraplégique et entré dans un état végétatif à 32 ans après un accident de voiture en septembre 2008, marquait l’épilogue de plus de dix années d’une saga familiale, médicale, judiciaire, politique et médiatique faite d’invraisemblables rebondissements, et ce jusqu’à la veille de son décès. 

Près de quatre ans après, la série intitulée «Lambert contre Lambert : au nom de Vincent» propose de raconter cette histoire «pour la première fois dans son entièreté et avec l'ensemble des points de vue», comme l’a fait savoir à l'AFP Elodie Buzuel, l'autrice et co-réalisatrice.

Le fruit de deux ans de travail

Raconter cette histoire emblématique du débat sur la fin de vie était pour elle nécessaire, alors même que la question se trouve au cœur d’un débat national en France.

«J’ai voulu comprendre comment et pourquoi la vie d’un jeune homme a suscité un débat national : comment une affaire familiale est devenue une affaire d’état qui a embarrassé le droit, fait avancer la médecine et amené la société à se questionner», explique l'autrice et réalisatrice. «Au cœur de cette histoire, nous avons certes une famille qui ne partage pas les mêmes convictions. Tous agissent au nom de Vincent, qui est bien le personnage central de cette histoire. Mais lui, qui ne peut désormais plus s’exprimer, qu’aurait-il souhaité ?»

Fruit de deux ans de travail, la série revient en quatre épisodes sur le drame vécu par Vincent Lambert, mais décortique également le traumatisme et les répercussions vécues par ses proches qui, divisés entre son maintien en vie et l'arrêt de ses soins, se sont déchirés durant six années devant les tribunaux, au point de faire évoluer la loi sur la fin de vie en 2016, sous l'impulsion du président François Hollande. 

«J'ai voulu faire un film engagé mais pas militant, c'est-à-dire qui créé du débat et de l'engagement», précise Elodie Buzuel. Pour ce faire, l'autrice a recueilli une trentaine de témoignages entre membres de la famille Lambert, amis, médecins, avocats, hommes politiques, haut fonctionnaires, journalistes ou représentants religieux et associatifs. «Il était très important d'avoir cette pluralité de points de vue, on ne voulait pas faire un film à charge ou à décharge», mais «placer le spectateur dans une position où il pourrait comprendre les agissements des uns et des autres», ajoute Julie Perris, productrice chez Zadig Productions, pour qui «l’écriture sérielle offre le temps nécessaire pour la juste expression de tous les points de vue». «Cette série documentaire raconte une histoire familiale intime qui va finalement toucher au cœur toute la société française, en questionnant chacun d’entre nous sur la fin de vie.»

photos, témoignages et reconstitutions

A l'écran, témoignages, photos et scènes de reconstitution se succèdent, dressant un portrait intimiste de Vincent Lambert, de sa «place compliquée» au sein d'«une famille compliquée», selon un journaliste interrogé par l'AFP. Catholiques traditionalistes, les parents de Vincent Lambert n'avaient officialisé leur relation qu'en 1982, après la naissance de quatre enfants nés de leur relation extraconjugale, et alors que Vincent, l'aîné, avait six ans. 

«Nous nous étions engagés auprès de la famille, particulièrement de sa femme Rachel, à ne jamais montrer Vincent diminué et de ne pas montrer son visage après l'accident», d'où le recours à des reconstitutions pour le mettre «au centre» du récit, relate le coréalisateur Vincent Trisolini.

Au déroulé chronologique s'ajoutent, au fil des épisodes, des strates d'analyse telles que la conception de la médecine de réanimation en France, la prise en charge «des cas de conscience altérée», le tabou de la mort ou la manière dont les protagonistes ont été «dépossédés de leur histoire» par l'ultra-médiatisation, expose l'autrice. Les avoir interrogés «deux ans et demi» après la mort de Vincent Lambert, en juillet 2019, «nous (a permis) d'avoir une analyse et de ne pas rester uniquement sur la narration», poursuit Elodie Buzuel.

Le documentaire a été aussi l'occasion pour Rachel Lambert «de clore un chapitre pour passer enfin à autre chose, puisque ce travail n'avait jamais été fait», rapporte-t-elle. Et «de laisser un héritage à sa fille», née deux mois avant l'accident de son époux, «c'est aussi son histoire et ça lui permet d'en garder quelque chose».

«Lambert contre Lambert» est d'ors et déjà disponible sur la plate-forme Disney+.

 

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