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Education : vers une pénurie de professeurs des écoles ?

Environ 500 nouveaux enseignants contractuels doivent être recrutés à partir du mois de juin dans l'académie de Créteil. [Loic VENANCE / AFP]

D'après les premiers résultats d'admissibilité au Concours de recrutement de professeurs des écoles, la rentrée 2023 s'annonce problématique. Dans certaines académies, les candidats admissibles sont moins nombreux que les postes à pourvoir.

De l'aveu même de Pap Ndiaye, l'attractivité du métier d'enseignant est en «baisse depuis plusieurs années». Et les résultats d'admissibilité aux Concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE) semblent donner raison au ministre de l'Education : d'après les chiffres compilés par le premier syndicat du primaire, le Snuipp-FSU, 966 postes ne seront pas pourvus à la rentrée dans les académies de Créteil, Versailles et la Guyane.

Dans le détail, seuls 737 aspirants professeurs des écoles sont reçus aux épreuves orales dans l'académie de Créteil, pour 1.166 postes à pourvoir. Ils sont 833 à Versailles, la plus grande académie de France, pour 1.285 affectations, tandis que la Guyane propose 165 postes à seulement 80 admissibles.

Au niveau national, la situation n'est pas aussi critique, sans toutefois être confortable. La secrétaire générale du Snuipp-FSU, Guislaine David, signale un «ratio d'admissibles par rapport au nombre de postes à pourvoir [...] très faible», à 1,42 en moyenne. Cela signifie «qu'il n'y aura pas assez de monde sur les listes complémentaires dans plusieurs académies», déplore-t-elle.

L'an dernier, concernant à la fois le primaire et le secondaire, plus de 4.000 postes n'avaient pas été pourvus à l'issue des concours de recrutement d'enseignants, un taux historiquement bas. Le ministère avait été contraint de faire appel à un nombre accru de contractuels, ces vacataires qui ne sont pas diplômés de l'Education nationale. Nombre d'entre eux n'avaient bénéficié que de quelques jours de formation avant la rentrée.

A l'époque, ce record pouvait s'expliquer, selon Guislaine David, par la réforme qui prévoyait de conditionner l'accès à l'examen pour le CRPE à l'inscription en master 2 et non plus en master 1. Mais depuis «le vivier d'étudiants s'est reconstitué et pourtant le nombre de candidats ne remonte pas», s'alarme la secrétaire générale du Snuipp-FSU.

500 nouveaux contractuels à recruter

Cette année, puisque le problème persiste, environ 500 nouveaux enseignants contractuels doivent être recrutés à partir du mois de juin dans l'académie de Créteil. D'après le recteur de l'académie, Daniel Auverlot, ils bénéficieront d'une formation avant la rentrée, «sur le mois de juin, le début juillet et la fin août». Ils se verront en outre proposer dans le premier degré «des contrats non pas d'un an, mais de deux ans, parce que c'est plus attractif».

Un concours exceptionnel de titularisation des enseignants contractuels a aussi été mis en place cette année à Créteil, Versailles et en Guyane. Pour candidater, les vacataires doivent justifier de 18 mois d'expérience. En parallèle, un concours supplémentaire de professeurs des écoles est également organisé depuis 2015 à Créteil et à Versailles mais, selon le Parisien, les premiers chiffres montrent déjà que les besoins ne seront pas comblés.

Si Pap Ndiaye avait évoqué «des difficultés structurelles liées à l'attractivité du métier» pour expliquer cette crise, Guislaine David met surtout en avant les conditions de travail dégradées et les inégalités de conditions de vie selon les académies. L'annonce en avril d'une revalorisation de la rémunération des enseignants permettant, à partir de septembre, de «mettre tout le monde au-dessus de 2.000 euros» est peut-être arrivée trop tard.

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