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Missak Manouchian : cette chanson qui rend hommage au résistant

Louis Aragon a écrit un poème en réponse à l'Affiche rouge. [AFP]

Emmanuel Macron a annoncé ce dimanche 18 juin l'entrée de Missak Manouchian au Panthéon. Dans les années 50, Louis Aragon et Léo Ferré avaient rendu hommage au héros de la Résistance avec un poème devenu une chanson.

C'est officiel. Dimanche 18 juin, en marge du 83e anniversaire de l'Appel du 18 Juin, l'Elysée a annoncé l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian l'année prochaine, à l'occasion des 80 ans de sa mort.

Le résistant d'origne arménienne avait été arrêté par l'armée allemande en novembre 1943, pendant la Seconde guerre mondiale. Une affiche de propagande nazie, l'Affiche rouge, avait ensuite été placardée dans de grandes villes françaises dans le contexte de sa condamnation à mort avec 22 autres membres des FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – main-d'œuvre immigrée) de la région parisienne. Le groupe Manouchian avait été torturé et fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine).

Chanter pour se souvenir

En 1955, Louis Aragon avait tenu à rendre hommage à ces immigrés devenus célèbres grâce à l'Affiche rouge. Le poète avait dressé un portrait mélioratif des résistants. Les membres du groupe Manouchian, composé de 20 étrangers, se sont battus pour la liberté de la France. Leur engagement a suscité l'admiration de la part de nombreux Français. 

Pour ne pas oublier ces «martyrs», une poignée d’années après la fin de la guerre, le poète avait écrit «Strophes pour se souvenir». « Onze ans déjà que cela passe vite onze ans», peut-on lire dès les premières lignes.

 

En 1959, Léo Ferré avait mis en musique ce poème, qui reprend la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme, Mélinée, réfugiée chez Knar Aznavourian, la mère de Charles Aznavour. Cette dernière n’apprendra pas immédiatement la mort de son époux, qu'elle accompagnera le 21 février prochain au Panthéon.

L'extrait de la lettre de Missak Manouchian figurant dans le poème :

« Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant »

Le chanteur, engagé, avait dévoilé une performance poignante et funeste, accentuée à la fin par un roulement de tambours synonyme de mort des résistants. Le compositeur avait insisté sur certains passages comme «Morts pour la France». La sobriété des instruments et la présence d'un choeur dramatisent la chanson, permettant de mettre en valeur la puissance des paroles. 

La chanson a également été interprétée par Monique Morelli, une des premières à avoir chanté les poètes. 

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