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Vaucluse : le maire de Lauris et 22 conseillers municipaux démissionnent après l'agression d'un adjoint

Après l’agression d’un adjoint survenue le 13 juin, le maire de Lauris (Vaucluse) et 22 conseillers municipaux ont annoncé leur démission ce lundi 19 juin. Alors que les soutiens politiques se sont multipliés, une loi visant à renforcer la protection des élus devrait être promulguée avant la fin d’année.

Un mois de juin marqué par des violences répétées à l’encontre d’élus dans diverses municipalités françaises. En réaction à l’agression d’un adjoint au maire survenue le 13 juin, le premier édile de Lauris (Vaucluse) et 22 conseillers municipaux ont annoncé leur démission ce lundi 19 juin. 

«Trop c'est trop, à un moment il faut dire 'stop'. Il faut débattre pour ne pas se battre. Quel exemple donnons-nous à nos enfants ?», a justifié André Rousset, le maire DVG de la commune de près de 4.000 habitants, auprès de l’AFP. La décision de ce dernier et de l’ensemble de son groupe au conseil municipal sera actée si la préfecture accepte leur requête.

«Je vais te trouver et te tuer»

Ces démissions groupées font suite à l'agression le 13 juin dernier de Thierry Dernis, adjoint au maire délégué à la Voirie, par l’un des administrés de la commune. Ce dernier a violemment pris à partie l’élu après un dégât des eaux consécutif aux violents orages ayant touché la ville.

«Le 13 juin, il a beaucoup plu. De l’eau de pluie est rentrée chez un habitant. Mon collègue adjoint a fait venir le SIVOM (syndicat en charge des dégâts des eaux). Le syndicat est venu et mon collègue est retourné voir ce monsieur le soir pour savoir si ça s’était bien passé. C’est là qu’il s’est fait agresser. Il lui a sauté dessus, il l’a plaqué contre le mur, sa tête a tapé le mur. Il a pu s’échapper jusqu’à sa voiture. Ce monsieur a tapé sur la voiture et l’a menacé de mort : ‘Je vais te trouver et je vais te tuer’», a raconté le maire sur Europe 1.

Poursuivi pour «violences et menaces», l’agresseur a été déféré en vue de sa convocation devant un juge. Il a été placé «sous contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec la victime», selon la procureure de la République d'Avignon, Florence Galtier, jointe par l’AFP.

«Je pense qu’il va être entendu. Je ne peux pas dire car c’est confidentiel, la gendarmerie ne m’a rien dit. Je leur ai demandé dans quel état il était après sa garde à vue mais ils ne m’ont pas répondu. Par contre, toute l’équipe municipale est derrière moi», a expliqué Thierry Dernis, adjoint à la voirie de la mairie de Lauris, sur CNEWS.

Le maire et les élus soutenus politiquement

En réaction à cette affaire, les soutiens politiques se sont multipliés ces dernières heures. «Je condamne très fermement l'agression dont a été victime un adjoint au maire. Agression perpétrée par un individu qui n'a pas été capable de respecter un élu de la République dans l'exercice de ses fonctions officielles», a déploré le sénateur socialiste du Vaucluse Lucien Stanzione, dont la réaction a été relayée par Ouest-France.

Sur Twitter, le président de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur Renaud Muselier a soutenu l'équipe municipale. «Ça suffit, maintenant ! Nos maires ont le droit à la sécurité, et au respect de nos concitoyens. Ce signal d’alarme venu du Vaucluse doit collectivement nous interpeller. Soutien à André Rousset et ses élus municipaux dans cette épreuve et ce combat», a affirmé ce dernier sur le réseau social.

La préfète du département, Violaine Demaret, a rappelé dans un communiqué sa détermination «à protéger les élus dans le cadre de leur fonction et à sanctionner les personnes qui viendraient à les agresser».

Une loi visant à mieux protéger les élus d'ici à fin 2023 

Cette vague de démissions survient dans un contexte tendu pour les élus de différentes municipalités de France. Pour rappel, le maire de Saint-Brévin Yannick Morez a démissionné de son poste il y a quelques semaines après avoir vu sa maison et ses véhicules incendiés. Cette attaque criminelle était liée au déménagement contesté d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) près d’une école maternelle.

Pour mettre fin à la recrudescence de ces agressions, le député Renaissance du Vaucluse Jean-François Lovisolo et le député des Yvelines Karl Olive ont porté une proposition de loi en ce sens devant l’Assemblée. Cette loi, qui devrait aboutir avant la fin d’année, porterait la peine maximale d’emprisonnement de trois à sept ans et l’amende de 75.000 à 100.000 euros en cas d’atteinte physique sur un élu.

«Nous souhaitons que le quantum de la peine en cas d'agression des élus locaux et municipaux soit le même que quand on agresse un gendarme ou un policier, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Je pense qu'un élu municipal qui s'engage pour sa collectivité doit être protégé plus que de raison. Il faut faire prendre conscience à nos concitoyens que les élus locaux sont là pour eux, mais qu'ils n'ont pas pour vocation d'être menacés ou insultés», a expliqué Jean-François Lovisolo sur France Bleu Vaucluse.

D’après l’Association des maires de France (AMF), les outrages, menaces et violences physiques à l'encontre des maires, adjoints et conseillers municipaux du fait de leur fonction ont progressé de 15% en 2022.

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