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Fusillades liées au trafic de drogue : des actes de moins en moins isolés

Alors que la violence liée au trafic de drogue est en pleine expansion ces derniers mois, le nombre de règlements de compte s’est multiplié dans l’Hexagone ces dernières 48 heures. CNEWS dresse un panorama des différentes fusillades qui ont entaché la France depuis lundi, ainsi qu’une analyse des faits.

Entre 2022 et 2023, le nombre de fusillades dues à des règlements de compte a augmenté de 60% en France. Touchée par une hausse de la violence liée à l’importance du trafic de drogue sur son territoire ces dernières années, la France a été meurtrie depuis lundi par une multitude de ces faits. 

La première en date a coûté la vie à un enfant de 10 ans ce lundi à Nîmes (Gard). Le garçon a été mortellement touché par balles dans le quartier du Pissevin, fortement gangrené par les trafics de drogue.

La même journée, un jeune de 16 ans s’est fait tirer dans le dos dans le quartier Empalot à Toulouse (Haute-Garonne). Ce lundi soir, un homme à moto a également tiré à plusieurs reprises feu avec une arme de poing en direction d’un groupe sur un point de deal à Echirolles (Isère).

Toujours ce lundi, à Villeurbanne (Rhône), deux hommes à scooter ont tiré à la Kalachnikov sur un point de deal. Onze douilles ont été retrouvées et des impacts de balles ont été relevés dans un immeuble proche du lieu et sur des véhicules stationnés à proximité.

Un enjeu économique important

Ce mardi, deux mineurs ont été blessés par balles sur un point de deal à Marseille (Bouches-du-Rhône).

«La violence exacerbée répond à des enjeux financiers considérables. Un point de deal à Marseille peut monter jusqu’à 80.000-100.000 euros de recettes par jour. En traversant l’Atlantique, la cocaïne prend dix fois son prix en arrivant sur le territoire français», analyse Sandra Buisson, journaliste Police-Justice pour CNEWS.

Une violence plus marquée sur le terrain

Outre l’aspect financier, les différends liés au trafic de drogue, qu’ils soient internes ou externes, ont également évolué au fil des années.

«Cette violence, elle se pratique entre clans opposés mais aussi parfois au sein d’un même clan. Il arrive que des mineurs ne travaillent pour rien, qu’ils soient battus voire même torturés par leur chef. C’est ce que nous remontent des sources policières», précise notre journaliste. 

«Autre évolution significative : avant les règlements de comptes concernaient les gros bonnets, qui sont maintenant de plus en plus fixés à l’étranger, que ce soit à Dubaï ou en Amérique Latine, alors que maintenant ce sont plus des attaques de point de deal, peu importe qui s’y trouve. D’où de plus en plus de victimes mineures car ce sont eux qui font les guetteurs ou les petits dealers du trafic de drogue», ajoute Sandra Buisson.

«Ils ne sont pas visés car ils ont été déloyaux ou qu’ils ont piqué dans la caisse, l’agresseur veut simplement terroriser le clan qui tient le point de deal soit pour récupérer le terrain, soit pour décourager les clients de venir s’y fournir», détaille cette dernière.

Les villes moyennes ne sont plus épargnées

Dans le même temps, l’analyse géographique de ces différentes fusillades à travers l’Hexagone a permis de constater que les villes moyennes ne sont plus épargnées par la violence liée au trafic de drogue.

«Des tirs ont été relevés jusque dans des villes moyennes depuis quelques années car la demande attire l’offre et donc les convoitises. La cocaïne qui arrive de Guyane via des mules - ces gens qui peuvent avaler parfois plus d’un kilo de cocaïne - on la retrouve à Niort, à Angoulême, à La Rochelle, à Périgueux…», souligne Sandra Buisson.

Un profil différent des jeunes sur les points de deal

Enfin, le profil des personnes au bas de l’échelle de ce trafic a également changé ces dernières années.

«Il faut remarquer que le profil des jeunes sur les points de deal évolue. Les réseaux font plus souvent venir des “intérimaires“ du trafic à la journée, par exemple des guetteurs ou des dealers de Paris qui vont aller à Vannes. Le recrutement des tueurs sidère même les enquêteurs. La préfète de police des Bouches-du-Rhône a souligné la semaine dernière qu’aujourd’hui, il est aussi facile de recruter un tueur qu’un guetteur». 

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