En direct
A suivre

Mayotte : crise de l'eau, bidonvilles, violences... Elisabeth Borne en mission déminage

A Mayotte, «la crise de l'eau se rajoute à toutes les crises qui existent», selon Elisabeth Borne. [Miguel MEDINA / AFP]

Elisabeth Borne est en déplacement à Mayotte ce vendredi 8 décembre. Les annonces de la Première ministre sont attendues sachant que le département subit plusieurs crises.

Accueillie par des chants traditionnels et des colliers de fleurs, Elisabeth Borne a atterri à Mayotte ce vendredi 8 décembre. La Première ministre arrive dans un climat tendu, alors que le département est traversé par plusieurs crises, entre pénurie d'eau, pauvreté et insécurité.

La crise de l'eau, à laquelle les habitants n'ont accès qu'un jour sur trois, est ce qui a motivé au départ ce déplacement, le premier d'un chef de gouvernement depuis Manuel Valls en 2015. Mayotte, département le plus pauvre de France, est confronté à sa pire sécheresse depuis 1997, aggravée par un manque d'infrastructures et d'investissements.

La Première ministre a visité une usine de dessalement qui doit justement être agrandie pour répondre en partie au problème. Elle doit produire 1.200 m3 d'eau en plus par jour, soit 4.700 m3 au total. Elisabeth Borne a également confirmé la construction d'une deuxième usine de dessalement à Ironi Bé, qui produira de son côté 10.000 m3 quotidiennement à compter de début 2025.

Une distribution d'eau en bouteilles a également eu lieu sous les yeux de la cheffe du gouvernement, qui a promis que cette mesure se poursuivrait «aussi longtemps que nécessaire». Il en va de même des aides aux entreprises ainsi que de la prise en charge des factures par l'Etat.

Au cours de sa visite, Elisabeth Borne a été interpellée par une élue locale : «Vous êtes bienvenue à Mayotte mais il y a un mais, lui a-t-elle dit. Avant on vivait librement maintenant on est en prison. Liberté égale à quoi chez nous ? La prison. Egalité égale à quoi chez nous ? La tuerie malheureusement» et «la fraternité égale à quoi chez nous ? La soif.»

La cheffe du gouvernement lui a répondu qu'à Mayotte «la crise de l'eau se rajoute à toutes les crises qui existent». Cette archipel de 310.000 habitants est secoué depuis plusieurs semaines par des affrontements entre villages, qui ont conduit à l'envoi de renforts en gendarmes. «C'est sûr que ce n'est pas possible [...] la violence que vous vivez ce n'est pas normal», a reconnu Elisabeth Borne.

Ecoles, santé, logement

Les Mahorais déplorent également une pression migratoire grandissante venant des Comores voisines. D'après les données de l'Insee, la moitié de la population de Mayotte ne possède pas la nationalité française, même si un tiers des étrangers sont nés sur l'île.

Matignon a assuré que la lutte contre l'immigration irrégulière et l'insécurité au sein de l'archipel étaient des «priorités absolues». La construction d'une deuxième prison, de 400 places, a notamment été annoncée, de même qu'un plan interministériel contre l'immigration irrégulière nommé Shikandra 2. Ce dernier prévoit notamment la modernisation des radars de surveillance en mer d'ici 2027.

Plus largement, l'exécutif dit vouloir porter une «vision d'ensemble» pour le développement du département, en matière d'écoles, de santé et de logement. A Mayotte, 30% des logements sont insalubres et Elisabeth Borne doit justement visiter un bidonville de Koungou, qui doit prochainement être démantelé.

Depuis le début de l'année, environ 700 habitats informels (ou cases) ont été détruits lors d'opérations contre les bidonvilles. Un décret doit être pris en Conseil d'Etat «courant 2024» afin de créer une Opération d'intérêt national (OIN) pour accélérer le relogement de ceux dont les habitations ont été démolies.

240 millions d'euros pour l'hôpital

Ce vendredi, Elisabeth Borne doit aussi visiter l'hôpital de Mayotte, qui assure 70% des soins de l'île et manque cruellement de soignants. L'Etat a prévu d'investir 240 millions d'euros pour l'étendre et le moderniser. Les travaux doivent démarrer en 2024 et prévoient notamment une réforme du service des urgences, de la maternité et de la psychiatrie.

En 2019, Emmanuel Macron avait également promis de construire un deuxième hôpital à Combani. Il serait opéré par la Croix rouge française et sa construction pourrait démarrer début 2024.

Le plan du gouvernement vise également à développer l'offre de formation de soignants sur l'île, avec l'ouverture d'un deuxième Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) à la rentrée 2024. Afin d'attirer les soignants sur l'archipel, leur prime de majoration passera de 1.200 euros bruts par an à 1.800 euros en 2024. L'indemnité particulière d'exercice des médecins hospitaliers sera elle aussi majorée, de 22.000 euros annuels. Les bonus d'ancienneté seront améliorés.

Enfin, la Première ministre est attendue au conseil départemental de Mayotte pour signer une «convention financière» par laquelle l'Etat apportera 100 millions d'euros en 2024 à la petite enfance. En raison de la croissance démographique, à hauteur de 4% par an, le secteur voit ses dépenses explosées dans le département. Cette aide sera allouée à la Protection maternelle infantile (PMI), à l'aide sociale à l'enfance ainsi qu'aux transports scolaires.

Poussés à bout par les multiples crises qu'ils subissent, les Mahorais attendent beaucoup des annonces d'Elisabeth Borne. Selon la députée Liot de Mayotte Estelle Youssouffa, «la population est excédée face à la lenteur» et «l'apparente impuissance de la loi». Elle a mis en garde le gouvernement contre un discours «compassionnel» qui serait mal reçu compte tenu de la «volatilité de la situation».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités