En direct
A suivre

Elisabeth Borne : le bilan houleux de la Première ministre sortante

Au cours de sa carrière à Matignon, Elisabeth Borne a été confrontée à deux dossiers «chauds», le premier étant la fameuse réforme des retraites. [Sarah Meyssonnier/File Photo/Reuters]

Ce lundi 8 janvier, la Première ministre, Elisabeth Borne, a présenté sa démission au président de la République Emmanuel Macron, mettant fin à son gouvernement après un an et demi passés à Matignon.

C’était une rumeur, c’est devenu officiel. Après plusieurs journées de suspens, Elisabeth Borne a officiellement remis sa démission au président de la République, Emmanuel Macron, ce lundi 8 janvier. Une confirmation, faite par le chef de l’Etat lui-même sur le réseau social X, qui met terme au gouvernement Borne II.

«Madame la Première ministre, chère Elisabeth Borne, votre travail au service de notre Nation a été chaque jour exemplaire. Vous avez mis en œuvre notre projet avec le courage, l’engagement et la détermination des femmes d’Etat. De tout cœur, merci», a écrit Emmanuel Macron.

Durant un an et demi à Matignon, la Première ministre sortante a enchaîné les défis, à commencer par les législatives perdues en juin 2022. Une défaite ayant compliqué la tâche pour les macronistes qui se sont retrouvés avec une majorité relative à l’Assemblée nationale. Malgré ce «couac», Elisabeth Borne a poursuivi sa feuille de route dans la douleur. «Avancer, c’est la seule chose qui m’importe», avait-elle réagi, à l’époque, auprès du Journal du Dimanche.

Au cours de sa carrière à Matignon, Elisabeth Borne a été confrontée à deux dossiers «chauds», le premier étant la fameuse réforme des retraites, en janvier 2023, défendue par le président de la République Emmanuel Macron. Une bataille ayant provoqué l’affaiblissement de la Première ministre, dans l'opinion publique mais également chez les macronistes.

Car oui, alors que la plupart des députés Renaissance voulaient aller au vote, Elisabeth Borne a choisi d’engager les responsabilités de son gouvernement à travers l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, permettant le passage en force de la réforme.

Pourtant, quelques mois auparavant, la Première ministre avait multiplié les entrevues avec Eric Ciotti, patron des Républicains, et Olivier Marleix, celui du groupe LR à l’Assemblée.

En coulisses, le passage en force de la réforme a été largement critiqué. «C’est comme en sport, quand il n’y a pas de résultat, il faut changer d’entraîneur», avait martelé un collaborateur de la Première ministre. «Borne, ça va être difficile, horrible (…) Elle va se faire siffler, elle va avoir du mal à se recrédibiliser. C’est la plus exposée», avait déclaré un député de la majorité, relayé par Le Parisien.

Devant ses troupes, Elisabeth Borne s’est défendue. «Jamais mon destin personnel ne me fera prendre une décision que je juge contraire à l’intérêt de mon pays», avait-elle affirmé. Dans les rues françaises, on réclamait le départ de la Première ministre, les manifestants dénigrant le passage en forme de la réforme et jugeant le texte «inutile» et «pathétique».

Il est également important de rappeler que le gouvernement Borne II a survécu à de nombreuses motions de censure, dont une qui a été rejetée à seulement 9 voix. Il s’agit là de la motion de censure «transpartisane» initiée en mars 2023 par les centristes du groupe LIOT. Seuls 278 ont voté en sa faveur alors qu’il en aurait fallu 287.

Hormis cet épisode des retraites, Elisabeth Borne a fait face, récemment, à la controversée loi immigration, durcie par Les Républicains et soutenue par le Rassemblement National. Bien que le texte ait pu être voté, des questions se sont tout de même posées quant à sa «régularité» au point même qu’Emmanuel Macron choisisse de saisir le Conseil constitutionnel. Ce dernier rendra sa décision le 25 janvier prochain.

«Madame 49.3»

La séquence immigration a de nouveau affaibli Elisabeth Borne. Cette fois, la «fracture» a touché son propre clan. Au cours de cet épisode, la Première ministre n’avait reçu que peu de soutien au sein de la majorité. Pire encore, l’adoption de la loi immigration a provoqué la démission de son ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Résultat : durant les derniers jours de 2023, la France s’est retrouvée avec une Première ministre affaiblie et un gouvernement «sans états d’âme». Finalement, la locataire de Matignon a décidé de quitter le navire.

Après un an et demi à Matignon, Elisabeth Borne quitte désormais le gouvernement en laissant, toutefois, un tout petit héritage dans l’histoire de la politique française. En effet, la Première ministre a eu recours 23 fois à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer les textes. Du jamais vu depuis Michel Rocard et ses 28 49.3 de 1988 à 1991.

Lors des débats parlementaires de l’automne 2022, la Première ministre a eu recours à cette arme constitutionnelle dix fois afin de faire passer sans vote les budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale. En septembre puis en novembre, Elisabeth Borne a eu recours au 49.3 pour adopter la loi de programmation des finances publiques 2023-2027 puis pour la lecture définitive du texte.

Le 23e et dernier 49.3 d’Elisabeth Borne remonte au 19 décembre 2023. Ce jour-là, la locataire de Matignon avait de nouveau déclenché la responsabilité de son gouvernement en vue de l’adoption de l’ensemble du projet de loi de budget pour 2024 en lecture définitive.

Le plus marquant encore, Elisabeth Borne détient également le record du nombre de motions de censure déposées contre un gouvernement français.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités