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Remaniement : Amélie Oudéa-Castéra remplacée à l'Éducation après les nombreuses polémiques

La ministre conserve son ancien portefeuille des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Elle est remplacée par Nicole Belloubet à l'Éducation. [JULIEN DE ROSA / AFP]

Engluée dans de multiples polémiques, l'ex-ministre de l’Éducation nationale a été remplacée, ce jeudi 8 février, par Nicole Belloubet, et «rétrogradée» au ministère des Sports, où elle sera notamment en charge d’assurer la bonne tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Une décision inévitable. Fragilisée par les polémiques entourant l’éducation de ses enfants, et par des prises de parole mensongères, Amélie Oudéa-Castéra a rapidement perdu du crédit auprès du Premier ministre et du président de la République. Elle a finalement été «rétrogradée» au ministère des Sports, moins d’un mois après sa nomination à l’Éducation nationale. Retour sur un mois de descente aux enfers.

Affaire Stanislas

Le 12 janvier, au lendemain de sa prise de fonction au ministère de l’Éducation nationale et des Sports, Mediapart révèle que les enfants d'Amélie Oudéa-Castéra sont scolarisés à Stanislas, un établissement privé catholique, situé au cœur de Paris. Le même jour, la ministre se justifie en expliquant que son fils aîné a commencé sa scolarité à l’école publique, dans l'établissement Littré, également situé dans le 6e arrondissement de la capitale, avant d'être transféré vers le privé en raison de sa «frustration» face aux «paquets d’heures pas remplacées» liées à des absences de professeurs.

Le 13 janvier, alors que la polémique enfle, Amélie Oudéa-Castéra s’excuse. Mais la machine est lancée : la ministre de l'Éducation nationale vient de jeter l'opprobre sur l'éducation publique, qu'elle est censée représenter. Dimanche 14 janvier, la ministre est finalement contredite par l’ancienne institutrice de son fils aîné. La professeure l'assure : «Il n'y a jamais eu de problème de remplacement à Littré qui est une petite école très cotée». L'enseignante affirme n’avoir «pas été absente» et que les professeurs étaient de toute façon «toujours remplacés».

La professeure avance même une autre hypothèse quant au départ de l'enfant de l’établissement public. D'après elle, c’est un désaccord sur un passage anticipé en moyenne section de maternelle qui aurait poussé les parents «à placer Vincent dans le privé», où les sauts de classe se négocient plus facilement. Mardi 16 janvier, l’ancienne championne de tennis se rend donc à Littré pour présenter ses excuses. La ministre, qui cherche à étouffer la polémique, est accueillie sous les sifflets et les invectives. 

Dérives «sexistes et homophobes» et favoritisme

Le même jour, un rapport de l’inspection générale de l’Éducation nationale sur Stanislas, daté de juillet 2023, est publié dans la presse. Ce dernier dévoile les «dérives» homophobes et anti-avortement qui ont été constatées dans l’établissement, à commencer par la promotion de thérapies de conversion, des pratiques interdites par la loi française. Des révélations niées par la ministre, qui affirme qu’un seul cas d’homophobie a été relevé par le rapport, avant finalement de se dessaisir du dossier. Le parquet annonce vendredi 19 janvier qu’une enquête est ouverte à l’encontre de Stanislas, pour injures sexistes et homophobes.

Enfin, une nouvelle information sort dans la presse et confirme que le fils aîné de la ministre a contourné les règles de Parcoursup. Selon l'article, l'établissement privé garantit à ses élèves des admissions en classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE). Alors que Parcoursup est censé être un outil anonyme, seuls 41 candidats n’ont fait qu’un vœu pour une CPGE en 2023. Parmi eux, «38 sont des élèves de Stanislas». Le lendemain, le directeur de l'école confirme que l'établissement a un système «maison» pour contourner les règles.

Rémunération «anormale» à la Fédération française de tennis

Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là pour Amélie Oudéa-Castéra. Déjà fragilisée, une autre polémique éclate sur la rémunération de la ministre lorsqu’elle était directrice générale de la Fédération française de tennis (FFT).

Un rapport parlementaire pointe en effet du doigt «des défaillances systématiques» dans la fédération en matière d'éthique, et juge «très élevée, voire anormale» la rémunération de plusieurs de ses dirigeants, dont celle d'Amélie Oudéa-Castéra. Elle y aurait gagné 400.000 euros par an ainsi que 100.000 euros de prime, soit nettement plus que son prédécesseur. 

De son côté, la ministre a dénoncé un rapport «militant», jugeant que les travaux du Parlement étaient «instrumentalisés à des fins politiques». Une tribune de soutien signée par une cinquantaine de cadres des fédérations sportives est publiée dans la foulée, défendant «une ministre efficace et une femme politique engagée».

Engluée dans une position devenue intenable, la ministre a donc été virée, moins d'un mois après son arrivée à l'Éducation nationale, battant le précédent record détenu par Benoît Hamon, avec seulement cinq mois en poste. Elle conserve cependant son ancien portefeuille des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Elle est remplacée par Nicole Belloubet à l'Éducation, qui aura pour mission de «ramener de la sérénité» après des semaines de crise.

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