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Robert Badinter est mort à l'âge de 95 ans

L'ancien ministre de la Justice est décédé ce vendredi 9 février, à 95 ans. [Ian LANGSDON / POOL / AFP]

Ce vendredi 9 février, Robert Badinter, ancien garde des Sceaux et président du Conseil constitutionnel, est décédé à 95 ans. Il s'est notamment fait connaître pour son combat politique ayant mené à l'abolition de la peine de mort en 1981.

Avocat, professeur de droit, et homme politique, Robert Badinter a eu plusieurs vies. Il reste dans la mémoire collective comme celui qui a porté, en tant que ministre de la Justice de François Mitterrand, la loi sur l'abolition de la peine de mort. Il est mort dans la nuit du 8 au 9 février, à son domicile de la rue Guynemer, dans le 6e arrondissement de Paris. 

Fils de déporté

Robert Badinter voit le jour le 30 mars 1928 à Paris, dans le 16e arrondissement. Avocat de formation et icône humaniste de la gauche, à l’instar d’une Simone Veil pour la droite, Robert Badinter partageait avec la ministre à l’origine de la loi IVG une histoire familiale marquée par les camps d’extermination nazis. Fils de déporté, il a grandi dans un foyer modeste, de parents juifs russes immigrés de Bessarabie (un territoire aujourd’hui partagé entre la Moldavie et l’Ukraine).

Son père, Simon, a été arrêté par la Gestapo à Lyon (Rhône) en 1943 et déporté à Sobibor (Pologne). Il n’en reviendra pas. Robert, son frère et sa mère se sont réfugiées alors près de Chambéry (Savoie), sous occupation italienne. Inscrit sous un faux nom au lycée, il a suivi une bonne scolarité sans être inquiété. 

Avocat et professeur de droit

Après la guerre, Robert Badinter a entamé des études de droit, et a été admis à 22 ans au barreau de Paris où il fait ses premières armes sous la houlette d’un ténor de l’époque, Me Henry Torrès. Le jeune avocat s'est rendu célèbre en défendant notamment, en 1960, les membres du «réseau Jeanson», un groupe de militants français qui soutenaient les indépendantistes algériens, avant de fonder son propre cabinet, quelques années plus tard. 

Robert Badinter a embrassé ensuite la voie de l'enseignement supérieur et occupé différents postes de professeur aux universités de Dijon, Besançon et Amiens entre 1966 et 1974. Il a fini par être nommé à l'université Paris I où il partageait avec ses étudiants ses talents d'orateur, avant de devenir professeur émérite en 1994.

Abolition de la peine de mort

En parallèle, c’est donc en intellectuel et professeur de droit à l’université qu’il s’est engagé en politique. D’abord auprès de Pierre Mendès France, puis au PS de François Mitterrand pour qui il a rédigé des notes. Il a fait ensuite ses premiers pas dans le gouvernement Pierre Mauroy II, en devenant ministre de la Justice le 23 juin 1981. Très vite, fort de ses convictions pourtant impopulaires à l’époque, il a obtenu l'abolition de la peine de mort le 9 octobre 1981. 

Après deux jours de débats, le texte a été adopté avec une large majorité : 363 voix contre 117. Il restera ensuite fidèle à François Mitterrand, qui a tenu sa promesse de l’abolition malgré les sondages défavorables, au point de toujours se refuser à commenter la sombre amitié du président avec René Bousquet, l’ancien chef de la police de Pétain.

En 1986, Robert Badinter a été nommé président du Conseil constitutionnel par François Mitterrand. A ce poste qu'il occupera jusqu'en 1995, il s'opposera à la nouvelle majorité de droite, annulant notamment plusieurs articles de la loi Pasqua-Debré sur l'immigration. Le 24 septembre 1995, il a fait son entrée au Sénat et en devenant l'unique sénateur PS des Hauts-de-Seine. En 2004, il a obtenu sa réélection à ce même poste qu’il a occupé pendant seize ans.

Discret sur sa vie privée, Robert Badinter a épousé l'actrice Anne Vernon en 1957 dont il a divorcé en 1965. En 1966, il a épousé la philosophe féministe Élisabeth Bleustein-Blanchet, fille de Marcel  Bleustein-Blanchet, le fondateur de Publicis. Le couple a eu trois enfants : Simon, Judith et Benjamin.

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