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Israël - Hamas : «On joue entre le rapport de force sur le terrain et la négociation qui a un effet psychologique», explique Gilles Kepel

«On joue entre le rapport de force sur le terrain et la négociation qui a un effet psychologique», explique Gilles Kepel, professeur des universités, au sujet des négociations entre Israël et le Hamas, face à Romain Desarbres, dans La Grande Interview ce vendredi, sur CNEWS.

Les négociations sont au point mort. Alors que les représentants du Hamas et d'Israël s’étaient réunis au Caire, pour tenter d’amorcer un ultime processus de négociations, les deux délégations ont quitté la capitale égyptienne sans parvenir à un accord. Selon Gilles Kepel, cet échec représente la volonté de chaque parti de tirer profit du rapport de force sur le terrain. 

«À ce moment précis, on joue entre le rapport de force sur le terrain et la négociation, qui a un effet psychologique. Le fait que le Hamas ait accepté de négocier après avoir refusé pendant longtemps voulait être montré par Israël comme une situation de faiblesse de la part du Hamas», a détaillé Gilles Kepel. 

Deux courants opposés

Selon le professeur, deux courants s’opposent en Israël : ceux qui veulent maintenir les négociations, le «camp de la paix», qui serait notamment composé des membres des familles des otages retenus dans la bande de Gaza par le Hamas. Ces derniers «souhaitent à tout prix leur libération». Et de l’autre le camp des pro-Netanyahou qui souhaitent «obtenir une victoire militaire», avoir «la peau du chef du Hamas» et «détruire les infrastructures militaires du groupe terroriste à Rafah». 

Par ailleurs, Gilles Kepel rappelle qu’à l’intérieur de «la coalition du pouvoir en Israël», Benjamin Netanyahou dispose de 64 voix sur 120 à la Knesset, le Parlement israélien, parmi lesquelles 14 voix sont celles des «sionistes religieux» qui sont «le parti des colons», et qui ont récemment menacé le Premier ministre en expliquant que «s’il signait un cessez-le-feu, ils quitteraient la coalition», empêchant ainsi Benjamin Netanyahou de conserver sa position au gouvernement. 

Les deux camps se rejettent la faute

Pour rappel, lundi, le Hamas avait donné son feu vert à une proposition de trêve présentée par les médiateurs. Celle-ci, selon le mouvement, impliquait trois étapes, chacune d'une durée de 42 jours, incluant un retrait israélien de Gaza ainsi qu'un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens en vue d'un «cessez-le-feu permanent».

Mais Israël a répondu que cette proposition était «loin de ses exigences» et répété son opposition à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère - avec l'UE et les Etats-Unis - comme une organisation terroriste, ne serait pas «vaincu».

A cet égard, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a jugé nécessaire une offensive terrestre à Rafah, ville où se cachent, selon lui, les derniers bataillons du mouvement islamiste mais où s'entassent aussi 1,4 million de Palestiniens, pour la majorité déplacés par les bombardements. 

Le Hamas, quant à lui, a rejeté la faute de cette situation sur Israël, dans un message envoyé aux autres factions palestiniennes où il explique son point de vue sur l'état des négociations indirectes qui se déroulaient depuis mercredi au Caire.

«La délégation a quitté Le Caire pour Doha. L'occupation (nom donné à Israël par le mouvement islamiste) a rejeté la proposition soumise par les médiateurs que nous avions acceptée. En conséquence, la balle est désormais entièrement dans le camp de l'occupation», explique ce message.

Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions qualifiées de «ciblées» dans l'est de Rafah et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire vers le territoire assiégé. 

De son côté, Joe Biden a menacé de cesser les livraisons de certains types de bombes en cas d'offensive sur Rafah. Il s'agit de l'avertissement le plus sévère de Washington, principal fournisseur d'armes à Israël, depuis le début du conflit.

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