En direct
A suivre

Les spectacles de danse qui vont rythmer la rentrée

Marion Motin, l'étoile montante du nouveau hip-hop fait danser les stars et le public. Ici son spectacle In the Middle de la compagnie Swaggers. ©Dati Photography

Après s’être déhanché tout l’été, pas question de s’arrêter. Heureusement cinq créations dansées vont marquer le début de l’automne, et s’imposer comme sources d’inspiration.

Solstice de Blanca Li

blanca_li_02jb_mondino.jpg

Blanca Li célèbre la nature dans son nouveau spectacle à Chaillot. ©J.B. Mondino.

Blanca Li aime jouer avec les univers, s’inspirant autant du hip-hop, que du flamenco en passant par le classique et les musiques électroniques, et cette hybridité est consubstantielle à son œuvre. Elle a été gymnaste, chorégraphe de stars (Daft Punk, Beyoncé, Coldplay), avant de produire un spectacle sur les robots (ROBOT, 2013) un film sur l’électro (Elektro Mathematrix, 2016), et des soirées dans le club branché parisien SALÒ en juin dernier. En septembre elle s’attaquera à la question écolo, dans son nouveau spectacle Solstice au Théâtre National de Chaillot.

«Je cherche dans la danse la même chose que partout, la capacité de regarder le futur», explique la chorégraphe franco-espagnole. Au son d’une musique composée d’éléments naturels, quatorze danseurs incarneront les relations ambigües entretenues par l’homme avec la nature, et la fragilité du monde qui nous entoure. Ce spectacle à fleur de peau devrait faire appel aux sensations du public pour évoquer aussi bien la chute des feuilles mortes, la douceur de la pluie ou encore les mouvements du vent.

Solstice, de Bianca Li, du 21 septembre au 13 octobre 2017, au Théâtre National de Chaillot (16e).

Joyaux de George Balanchine

joyaux_-_ballet_de_lopera_national_de_paris_c_agathe_poupeney_-_onp_742.jpg

Un spectacle classique grandiose signé George Balanchine. ©Agathe Poupeney.

Brillant, somptueux, d’une technique irréprochable. C’est ainsi qu’on aime le ballet classique. Rien ne l’incarne mieux que ce bijou du chorégraphe russe George Balanchine (1904-1983), monument culte dans l’histoire de la danse depuis sa création en 1967, inscrit au répertoire de l’Opéra depuis 2000 et dont tous les costumes sont signés par Christian Lacroix. À l’origine il y a le mythe. Balanchine aime les femmes et la beauté. Se promenant à New York sur la cinquième avenue, il lorgne sur la devanture du joaillier Van Cleef & Arpels (on pense immédiatement à Diamants sur canapé, sorti quelques années plus tôt).

C’est ainsi que lui vient l’idée d’un ballet en triptyque, allusion aux trois écoles de danse ayant marqué sa carrière et sa vie. D’abord Émeraude, ode au style romantique propre à l’Opéra de Paris. Les tutus vert d’eau sont longs, les mouvements langoureux et la musique est signée Gabriel Fauré (Pélléas et Mélisande). Puis vient Rubis : mini-jupes écarlates, rythme jazzy sur du Stravinsky, et Broadway jamais si loin car on rend hommage au New York City Ballet dont le chorégraphe est co-fondateur. Enfin Diamant évoque sa ville natale et l’Académie de danse de Saint-Pétersbourg. Au son de Tchaikovski le blanc étincelant domine et la virtuosité atteint des sommets.

Joyaux, de George Balanchine, du 19 septembre au 12 octobre 2017, à l’Opéra Garnier (9e).

Mount Olympus de Jan Fabre

jan_fabre_-_mountolympus_4_sam_de_mol.jpg

Jan Fabre renoue avec les racines de la tragédie grecque lors d'une performance de vingt-quatre heures. ©Sam De Mol.

Pourquoi créer une performance théâtrale de vingt-quatre heures ? Car c’est conforme aux contraintes temporelles de la tragédie classique depuis ses origines antiques. La règle des trois unités prévoit ainsi une seule intrigue, dans un lieu unique sur une durée d’environ une journée et une nuit. Mais la fidélité de la création de Jan Fabre à la tragédie antique ne s’arrête pas là. Mount Olympus fait référence à la montagne légendaire, abritant les dieux grecs, acteurs de la myriade de mythes célèbres ressuscités dans ce spectacle hors du commun. Pour être ensuite mieux détournés.

L’enfant terrible de l’avant-garde artistique belge était déjà connu pour ses performances subversives, comme sa lubie de brûler des liasses de billets dans les années 1970 pour ensuite peindre avec la cendre recueillie. Si Jan Fabre renoue ici avec un répertoire classique, c’est pour y puiser ce qu’on y a oublié : le pulsionnel, l’impudique, la souffrance et l’horreur, éléments nécessaires à la purification née de la tragédie. Après sa création à Berlin, son passage à Thessalonique, à Bruges, et Rome, cette mise en scène titanesque en six parties, quatorze chapitres, et quatre générations de vingt-huit artistes, se jouera pour la première fois à Paris.

Mount Olympus, To glorify the cult of tragedy, 24h de performance, le 15 septembre 2017, à la Grande halle de La Villette (19e).

In the Middle de Marion Motin

retouches_marion_motin.jpg

Marion Motin donne ses lettres de noblesse au hip-hop féminin. ©Dati Photography.

Voilà une chorégraphe de stars dont la notoriété pourrait un jour dépasser celle des étoiles qu’elle fait danser. Marion Motin, à ne pas confondre avec sa sœur l’illustratrice Margot Motin (J’aurais adoré être ethnologue, La théorie de la contorsion, éditions Marabout) est une autodidacte du hip-hop qui a appris à la dure c’est-à-dire dans la rue. Après avoir été danseuse sur une tournée de Madonna en 2012 (MDNA Tour), elle s’est illustrée comme chorégraphe de chanteurs à la gestuelle atypique comme Stromaé ou Christine and the Queens, avant de signer les compositions de la comédie musicale Résiste en 2015.

Mais le spectacle In the Middle, c’est sa création à elle, écrite lors de ses voyages et produite avec sa compagnie de filles Swaggers, fondée en 2008. C’est donc un concentré de son art, un hip-hop hors des clous, féminin, instinctif, personnel et charnel.

In the Middle de la compagnie Swaggers dirigée par Marion Motin, le 28 novembre 2017 à l’espace Carpeaux à Courbevoie (Hauts-de-Seine).

Gala de Jérôme Bel

10.jpg

Les danseurs amateurs sont au coeur du spectacle Gala de Jérôme Bel. ©Josefina Tommasi.

Avant d’être un spectacle, la danse est une pratique, banale à défaut de triviale. On s’y adonne généralement tard dans la nuit au fond d’un club avec quelques mojitos dans le sang. Loin du grand art, elle est alors exutoire des corps et sensualité collective, dont les tâtonnements physiques sont souvent plus comiques qu’agréables à regarder. C’est cette innocence maladroite du danseur amateur que Jérôme Bel cherche à faire vivre dans son spectacle Gala.

Le chorégraphe avait déjà travaillé sur l’inaptitude des mouvements avec Disabled Theater mettant en scène une troupe d’handicapés suisse en 2012 au festival d’Avignon. Sont réunis dans ce ballet créé en 2015 une quinzaine de danseurs de tous âges et conditions physiques confondues et deux professionnels cachés parmi eux. Ils expérimentent, tanguent, s’imitent et recommencent. Leurs difficultés de profanes – à chaque corps la sienne – font rire autant qu’elles émeuvent, et dessinent un bel hommage au plaisir du danseur.

Gala de Jérôme Bel, du 4 au 15 octobre 2017, au Théâtre du Rond-Point (8e).

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités